Avec sa maman Lisemay qui lui a été d’un soutien indéfectible.
Pour elle, son handicap n’est pas une fatalité. Sourde-muette depuis qu’elle a 3 ans, Samantha Hector revient tout juste d’Afrique du Sud avec en poche
le titre de Miss Africa Deaf 2013.
Rage de vaincre. Voilà les mots qui décrivent le mieux cette jeune femme pas comme les autres. Mais qui, au premier abord, n’a rien de différent. En la voyant descendre gracieusement les escaliers, perchée sur ses hauts talons, ses longues boucles noires rejetées en arrière, et traverser élégamment la pièce dans une robe couleur pêche, le sourire aux lèvres, arborant fièrement sa couronne de Miss, on en oublie la particularité de Samantha Hector, 18 ans. Jusqu’à ce qu’elle dise bonjour en… langage des signes.
Sa différence, elle la cultive. Non pas en s’apitoyant sur son sort, loin de là. Mais en allant au bout d’elle-même, en cherchant à aller toujours plus loin, toujours plus haut. Sa dernière prouesse en est la preuve. Samantha Hector a été élue Miss Africa Deaf 2013, un concours de beauté qui a eu lieu récemment en Afrique du Sud et qui est réservé exclusivement aux jeunes filles sourdes-muettes de la région de l’océan Indien.
C’est à l’âge de 3 ans que Samantha perd le sens de l’ouïe et de la parole suite à une méningite dont les complications ont attaqué son nerf auditif, explique sa mère Lisemay. Mais en grandissant, grâce au soutien et à l’amour de sa famille, elle fait le choix de transformer son handicap en une force incroyable. Jour après jour, la petite fille grandit et se révèle pétillante, débordante d’énergie et plus que jamais ambitieuse.
Ainsi, lorsque l’association des sourds lui propose, il y a quelque temps, de participer à un concours de beauté destiné aux jeunes filles sourdes-muettes, elle n’hésite pas une seconde à se lancer dans l’aventure, soutenue par sa famille. Aidée de son amie Charlotte Ah Yen, une habituée des catwalks, elle se lance dans les préparatifs et apprend à marcher, à se tenir, à se maquiller.
Son séjour d’une semaine en Afrique du Sud n’a été que bonheur et découverte. Il y a eu les visites touristiques, les répétitions, les rencontres avec les autres filles venues des quatre coins de l’océan Indien et cette victoire tant attendue et tant désirée : «Même si le langage des signes variait de fille en fille, nous nous sommes beaucoup amusées et nous avons passé de super moments ensemble. Ça a été une expérience extraordinaire. J’ai présenté une danse fusion et un costume mauricien. Mon plus beau souvenir c’est quand on a annoncé ma victoire car je voulais vraiment décrocher le titre de Miss Africa Deaf 2013. J’étais fière de représenter mon pays. C’était top», confie-t-elle en langage des signes, avec une joie de vivre presque contagieuse, traduite par sa mère.
En remportant le concours, Samantha a décroché une bourse d’études de quatre ans qui lui permettra de poursuivre des études supérieures dans une université spécialisée en Afrique du Sud. Pour sa plus grande joie et celle de ses parents. «Nous avons toujours cru en elle. Pour Samantha, elle est égale aux autres et cela même si elle a un handicap. Nous sommes extrêmement fiers d’elle», déclare Lisemay qui précise que Samantha reste toujours fidèle à elle-même : joyeuse, souriante, ambitieuse.
Indépendante, combative et déterminée, la jeune femme se fixe toujours des objectifs. À 18 ans, elle a déjà beaucoup voyagé pour aller participer à diverses compétitions notamment aux Seychelles pour les Jeux des îles ou encore en Corée du Sud pour une compétition réunissant des sourds-muets de différents pays. Parmi ses activités favorites, la danse, sa plus grande passion, à laquelle elle s’adonne plusieurs fois par semaine.
«Je ne me sens pas différente des autres. J’aime bouger, être active, me lancer des défis. Je veux utiliser mon expérience pour venir en aide à ceux qui se découragent à cause de leur handicap et lutter contre les discriminations. Je veux donner de l’espoir aux autres et leur dire que tout est possible. J’espère qu’à travers moi, ils pourront prendre conscience que tout le monde a un talent et qu’il faut aller au bout de ses rêves», souligne cette habitante de Tyack.
Son plus grand rêve ? Faire des études en cuisine et ouvrir son propre restaurant où elle donnera, affirme-t-elle, la chance à des personnes autrement capables comme elle de faire leurs preuves. Rebondir, se projeter dans l’avenir, c’est le dada de Samantha. Voilà une belle leçon de vie et de courage qui en inspirera plus d’un, c’est certain.