Vous avez retrouvé la liberté ce 19 novembre après plusieurs mois de détention. Quel est votre état d’esprit ?
J’avais été arrêté pour tentative d’assassinat et séquestration. La charge de tentative d’assassinat ne tient plus la route. Je suis désormais poursuivi pour agression avec préméditation et pour séquestration. J’ai passé huit mois en détention préventive. Ce que j’ai vécu pendant ma détention n’a pas été aussi facile, surtout après que j'ai annoncé des révélations sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen. Deux jours plus tard, on m’a transféré de Beau-Bassin à La Bastille, à Phoenix. On m’a placé en ségrégation. Je ne pouvais pas jouir des mêmes facilités que les autres détenus. Je suis tombé malade à deux reprises. On a dû m’hospitaliser. Ma tension artérielle était en hausse alors que je n’avais jamais eu ce problème avant. J’ai également eu des problèmes pulmonaires. J’ai toujours des séquelles. J’ai des enflures à mes deux chevilles. J’ai d’autres soucis médicaux encore. Lors de ma détention à La Bastille, je ne pouvais pas faire de sport pour rester en bonne santé. Je n’allais pas en sortir vivant si ma détention s'était prolongée.
Qu'avez-vous à dire sur votre agression à l’arme blanche à la prison de Beau-Bassin avant votre transfert à La Bastille ?
Quatre personnes m’ont agressé. Une enquête est toujours en cours dans cette affaire. Mo espere trouv enn lizour ladan. J’aurais pu perdre la vie en prison. On m’a attaqué avec un cutter. Un vrai et non pas un de ceux fabriqués de manière artisanale en prison. Kouma sa inn kapav rant dan prizon ? Ti ousi ena portab ek ladrog ki mo ti denonse. Mo panse ena cover up. C’est pour cela que j’ai demandé à ce qu’on visionne toutes les images des caméras CCTV de la prison. J’espère que les autorités pénitentiaires ont remis ces images à la police de même que les autres preuves pour les besoins de l’enquête.
Parlons maintenant de l’assassinat de Kistnen. Vous avez juré un premier affidavit avant de le modifier ? Peut-on savoir ce qui s’est passé ?
Il y a un problème avec le téléphone qui est mis à la disposition des détenus et des visiteurs à la prison de La Bastille. Kan mo koz ek mo avoka ek avwe, mo tann zot dousman. J’avais déjà fait plusieurs plaintes à cet effet lors de mes précédentes détentions, mais le problème est resté le même. L’affidavit sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen a été bien fait. J’ai apporté des modifications le jour où j’ai pris connaissance du contenu lorsque j’ai remarqué qu’il y avait une erreur sur une date. Il y avait également d’autres fautes. J’ai alors demandé à faire des corrections.
Que savez-vous vraiment sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen ?
L’enquête est menée par le surintendant de police (SP) Heman Dass Ghoorah de la Major Crime Investigation Team (MCIT). Il est venu me voir en prison. Il ne m’a toutefois pas interrogé sur le contenu de mon affidavit, mais uniquement sur les modifications apportées à mon affidavit. Monn trouv sa drol. Il y avait un monstrueux assassinat, un meurtre odieux non résolu à ce jour, où les coupables sont toujours en liberté, enn dosie kinn dormi, me sa pa ti so priorite. Mo ti fini trouve ki dimansion ek ki direksion sa lanket-la pe pran. Dans mon affidavit, j’ai set up certaines pièces d’un puzzle qui ont, d’ailleurs, été confirmées par les Moustass Leaks quatre mois et demi plus tard.
Pourquoi n’avez-vous jamais fait de révélations sur cet assassinat avant votre détention à La Bastille ?
Je tiens à préciser que ce n’est pas en 2024 que j’ai fait des révélations pour la première fois sur l’assassinat de Soopramanien Kistnen. Dans le passé, j’ai déjà écrit trois lettres : l’une adressée à l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip ; une autre adressée à l’ancien Deputy Commissioner of Police, Hemant Kumar Jangi, et la dernière à ma famille, qui a ensuite été publié sur un site d’informations en ligne. Le contenu de ladite lettre corrobore avec les révélations contenues dans les Moustass Leaks. Cela démontre la véracité de mes révélations.
Savez-vous qui a tué Kistnen ?
Je n’ai rien vu. Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai assisté à une réunion. J’y avais été invité car je fais beaucoup de social. Sur place, j’ai fait la rencontre d’un certain Bassoo Seetaram. Après avoir écouté parler les uns et les autres, j’ai compris que la conversation était axée autour d’une grosse somme d’argent, soit Rs 25 millions. Un million avait déjà été déboursé et Rs 24 millions étaient dues. Manan Fakhoo cherchait cette somme. C’est ainsi que j’ai appris qu’il y avait d’autres personnes impliquées dans cette histoire. Je précise que je n’ai rien vu. Je raconte seulement ce que j’ai entendu en écoutant Manan Fakhoo et Bassoo Seetaram. Manan Fakhoo m’a aussi fait des révélations par la suite.
À un moment, vous étiez très proche de Manan Fakhoo. A-t-il quelque chose à avoir avec la mort de Kistnen ?
J’ai déjà dit dans mon affidavit et dans ma déposition au SP Ghoorah que Manan Fakhoo m’avait téléphoné. Linn touzour koz kare-kare ek kri-kri. Zame li pann dir mwa ki nou bizin zwenn pou koz enn koze sekre ki pa kapav koz lor telefonn. Je lui ai dit que je n’étais pas disponible. Il a insisté. Je suis donc allé le rencontrer à Blue-Bay dans un campement appartenant à Bimla Ramloll, mais il n’est pas venu. Son portable est resté éteint pendant une semaine alors qu’il avait l'habitude de m'appeler tous les jours entre 4h et 5h du matin pour me réveiller et prendre de mes nouvelles. Il a, par la suite, dit qu’il était malade. Bon, nou pa ti sa kantite pros-la. Monn konn li par bann servis ki nou finn rande bann dimounn defavorize ki dan lebezwin ek ladetres. Nou ti ousi fer servis relizie ek kominote morisien tou fet nou ede.
Parlons maintenant de la fameuse bande sonore de Missie Moustass où la voix attribuée à Kobita Jugnauth cite votre nom lors d’une conversation avec son époux Pravind…
Les bandes de Missie Moustass sont inadmissibles en cour. Je vais être franc avec vous. Kobita Jugnauth a sans doute voulu se protéger elle-même. Je suis allé à une rencontre à Vacoas, le 9 janvier 2021, à la demande de Manan Fakhoo. C’est uniquement en arrivant sur place que j’ai compris qu’il avait rendez-vous avec Bassoo Seetaram ce jour-là. Un fait m’avait intrigué. Ce dernier nous avait demandé de poser nos téléphones sur le toit de la voiture dans laquelle nous étions. Li dir nou so telefonn lor tape. Li dir NSS ek bann zournalis pe vey li. Li ti dir Manan ki li ti bizin pa vinn-la, se-ta-dir zwenn ek li kot Le Printemps. Manan inn fer li konpran ki linn fini donn bann dimounn Rs 1 milion ek ki li ti pe bizin Rs 24 milion ki ti manke. Enn parti sa larzan-la sipoze sorti depi Sun Trust. Kapav akoz sa lavwa ki sipoze pou Kobita-la inn dir pa met sarz provizwar lor mwa, a koz mo konn kitsoz lor lamor Kistnen. O fe, Manan ti fer mwa vini sa zour-la pou fer presion lor Bassoo Seetaram par mo prezans. J’ai relevé tout cela dans ma déposition à la MCIT. Comme par hasard, Manan a été agressé par balle quelques jours plus tard, le 20 janvier. Il est mort deux jours après.
Que voulez-vous dire ?
Il y a des zones d’ombres. J’ai assisté à une autre réunion à route Bassin, Quatre-Bassin, après son agression par balle. Nous étions quatre. Il y avait le frère d’un ex-ministre du gouvernement sortant ainsi qu’un special adviser de l’ancien Premier ministre et notre hôte. L’un d’eux a passé un appel et a mis la conversation en main libre. Un médecin était à l’autre bout du fil. Il parlait en anglais mais je pense que c’est un Mauricien car il n’avait pas d’accent. Il a, entre autres, déclaré que l’opération de Manan «was successful», qu’il n’y avait «nothing to worry», que le personnel soignant avait retiré «two bullets» et qu’il y avait «only one left». Selon lui toujours, ce n’était pas un problème. Il a dit qu’on allait plonger Manan dans le coma et l’admettre aux soins intensifs pendant quatre jours pour qu’il ne soit pas agité ; que c’était la procédure habituelle. Li dir ki ti fer sa dan case Talat Jagessur ki ti sove La Bastille en 1999 ek ki ti gagn enn kout bal kan lapolis ti aret li apre. Les proches de Manan Fakhoo allait ainsi pouvoir le voir à l’hôpital. Ceux présents à la rencontre à route Bassin ont ensuite remercié le médecin. Le fils de Manan savait que j’allais assister à cette rencontre. Je lui ai tout raconté juste après. Deux jours plus tard, sa sœur m'a appelé pour m’annoncer le décès de leur père. Monn trouv sa drol apre tou seki sa dokter-la ti dir. Seki bizar ousi se ki SSU ti fer bann fami Manan ale depi parking kan linn mor. SP Ghoorah okouran tousala. Li ti dekouraz mwa met sa bann informasion-la dan mo depozision kan mo ti La Bastille.
Ah bon ?
Oui. J’avais déjà dit en 2021 que si la police accorde une protection aux membres de ma famille, j’allais faire des révélations sur l’assassinat de Kistnen. Comme par hasard, deux policiers sont venus me menacer alors que j’étais en détention à La Bastille. J’ai été libéré sous caution en 2022. Comme par hasard, mon fils et moi avons été arrêtés avec une surprenante quantité de haschich à Nouvelle-France juste après l’arrestation de Bruneau Laurette. Inn rod eliminn mwa. Je le répète : nous avons été victime d’un planting de la part de la police. Mo ena boukou revelasion ankor pou fer. Ena case Kistnen ek lamor Manan Fakhoo.
Qu'avez-vous à dire sur toutes ces affaires policières où vous êtes concerné ?
Ena enn ta comment kot bann dimounn pe dir nimport ki zafer. Mo enn dimounn ki ena clean record. Mo pankor kondane par okenn lakour ziska zordi. Enn ta dimounn fer fas lazistis. Ex-Premie minis inn fer fas lazistis. Premie minis aktiel ousi pe fer fas lazistis. Sa pa ve dir nanye. Mo fer konfians lazistis morisienn. Kouma zot pe trouve, mo finn release sa semenn-la. Monn toultan gard mo kalm. Zame pann gagn mwa dan prizon ek enn portab ou ek enn lezot zafer ilisit. Pa premie fwa mo fer remand. Kan ou azout tou ansam, sa fer anviron kat ou sink-an ki monn perdi dan vid dan mo lavi alor ki mo enn dimounn ki disipline. D’ailleurs je fais toujours partie de la Disciplined Forces Service Commission même si je suis suspendu de mes fonctions de pompier.