L’homme a été sauvagement poignardé dans un parking souterrain.
Le magasin de la victime est resté fermé durant toute la journée d’hier.
Cet habitant d’Olivia a été poignardé dans le parking souterrain d’un bâtiment commercial à Flacq où il était gérant d’un magasin. Alors que la police met les bouchées doubles pour retrouver les coupables, le propriétaire d’une bijouterie du même immeuble qui, selon certaines sources, n’était pas en bons termes avec la victime, balaie d’un revers de main ces allégations.
Des marches d’escalier recouvertes de sang. Des policiers postés à l’intérieur et à l’extérieur de l’immeuble. Des scellés jaunes apposés à l’entrée du parking souterrain… On se croirait presque dans un film policier. Hélas, tout cela est bien réel et témoigne de la scène d’horreur qui s’est jouée au C&M Courts, à Flacq, dans l’après-midi du vendredi 27 septembre. Gyanlall Munary, propriétaire d’un magasin de cet immeuble situé à la rue François Mitterrand, vis-à-vis de Manjoo Interdecor, a été victime d’un crime crapuleux.
L’homme de 53 ans, habitant Olivia, a été poignardé dans le parking souterrain du bâtiment aux alentours de 16h30. Selon la police, Gyanlall Munary aurait été attaqué par surprise par son ou ses meurtriers qui ont arraché le sac qu’il portait en bandoulière et qui contenait une grosse somme d’argent, avant de prendre la fuite. «Nous avons récupéré uniquement la lanière du sac en question sur les lieux. C’est sans doute lorsque le ou les malfrats ont tenté de faire main basse sur le sac de la victime que celle-ci a été arrachée», explique une source proche de l’enquête.
Poignardé à l’arme blanche, Gyanlall Munary a hurlé de douleur, tout en se vidant de son sang. Cherchant de l’aide, il est parvenu à ramper sur les marches de l’escalier du sous-sol menant au complexe commercial situé juste en dessus. «Il a rampé sur plusieurs mètres tout en se vidant de son sang», soutient-on du côté de la police. D’ailleurs, les traces étaient toujours visibles à hier après-midi. Complètement affaibli, Gyanlall Munary a tout de même réussi à se faire entendre d’un dénommé Veer Preetam Sharma Jatoo, propriétaire d’un magasin du même bâtiment ainsi que par sa sœur Gungamathi Ramdewar qui était dans le magasin qu’il gérait au moment des faits.
Douleur et incompréhension
Terriblement choqués par la scène d’horreur qui s’offre à eux, ils ont embarqué la victime à bord d’une voiture et ont mis le cap sur l’hôpital de Flacq. Mais une fois sur place, le personnel soignant n’a pu que constater le décès du commerçant. Depuis le drame, la famille de Gyanlall Munary est partagée entre douleur et incompréhension. «Nous ne savons pas ce qui a pu se passer. Mon frère n’avait pas d’ennemi. Il était très populaire et apprécié de tous dans la localité. Qui l’a tué ?» s’interroge Nato Munary, le frère de la victime, complètement abattu.
Dans le sillage de cette affaire, la police a jusqu’ici procédé à l’interpellation de huit personnes qui ont toutes été interrogées avant d’être autorisées à rentrer chez elles. Mais qui a tué ce commerçant considéré dans son entourage comme étant un homme sans histoire ? C’est la question que se posent aussi les commerçants de C&M Courts qui sont toutefois réticents à faire des commentaires sur cette affaire. Est-ce par peur des représailles qu’ils ont décidé de se taire ou est-ce la présence intimidante des policiers sur les lieux qui les décourage à parler ? Nous ne le saurons pas.
Quoi qu’il en soit, seulement deux des sept gérants de magasins ont accepté de nous faire une brève déclaration sous le couvert de l’anonymat. «On le voyait presque tous les jours. On se saluait et on se disait quelques mots juste pour prendre des nouvelles, mais cela s’arrêtait là», confie un commerçant. Un autre affirme, pour sa part, que Gyanlall Munary «n’était pas en bons termes avec un bijoutier de l’immeuble», sans toutefois donner les raisons de cette mésentente. Contacté à cet effet, le bijoutier en question, Rajen Luchun, balaie d’un revers de main ces allégations. «Nous n’avons jamais eu le moindre problème. Ce ne sont que des rumeurs», déclare-t-il.
Suite à ces rumeurs circulant sur cette supposée mésentente, le bijoutier a fait l’objet d’une interpellation par les responsables de enquête criminelle. «J’ai expliqué, dans les moindres détails, mon itinéraire de la journée de vendredi. Mon téléphone portable a été passé au peigne fin. Aucune charge n’a été retenue contre moi. J’ai été autorisé à rentrer chez moi par la suite», précise l’homme de 53 ans.
Son fils Ludish Luchun, 21 ans, s’est, quant à lui, rendu au poste de police de Flacq de son plein gré dans la soirée du vendredi 27 septembre. «Certaines rumeurs couraient à l’effet que mon père et moi avions commis ce meurtre avec préméditation. Mais c’est totalement faux. Ce jour-là, j’étais presque toute la journée au bureau de la National Transport Authority, à Port-Louis, pour des formalités. Ce n’est qu’en début de soirée que je suis retourné à Flacq et que j’ai appris ce qui s’était passé. J’ai alors décidé de me rendre au poste de police pour m’expliquer. Mon cellulaire a été saisi pour les besoins de l’enquête et on me l’a rendu aujourd’hui (NdlR : hier)», explique le jeune homme, visiblement affecté par les récents événements.
Passion pour la terre
Quoi qu’il en soit, Gyanlall Munary laisse un grand vide dans le cœur de ses proches. Aîné d’une fratrie de sept enfants, il était resté célibataire pour s’occuper de sa famille. «Après la mort de mon père, c’est lui qui était l’homme de la maison. C’est l’une des raisons pour lesquelles il ne s’était pas marié. Il se consacrait entièrement à la famille, plus précisément à notre mère», murmure Nato Munary, les yeux remplis de larmes.
Il explique que son frère a gravi les échelons petit à petit. «Il avait une passion pour la terre qu’il cultivait avec l’aide de quelques personnes. Par la suite, il en a engagé d’autres pour travailler à son compte sur des terrains agricoles. Ce n’est que bien plus tard qu’il s’est lancé dans la vente des vêtements. Il a ouvert un magasin à Bel-Air, puis un autre à Flacq après quelques années.» Si son frère s’était fait un nom dans les affaires, il ne menait pas pour autant, dit-il, la belle vie. «Il avait gardé sa simplicité. C’était l’une de ses plus grandes qualités. Il était avant tout un hard worker.»
Gyanlall Munary, décrit comme un homme au grand cœur, aura connu une bien triste fin. Ses funérailles ont eu lieu hier, samedi 28 septembre à 15 heures, en présence de proches inconsolables.
À l’heure où nous mettions sous presse, la police recherchait toujours son ou ses présumés meurtriers. D’ailleurs, les limiers n’écartent pas la possibilité que ce crime crapuleux ait pu être commis par un récidiviste notoire ou par une bande organisée vu les nombreux cas de vol rapportés ces derniers temps dans cette partie de l’île. En attendant que le/les coupable/s soient écroués, les Munary, eux, pleurent amèrement l’un des leurs.