Bonjour, j’aimerais beaucoup comprendre ce qui se passe et savoir comment aider mon petit ami dans sa sexualité. Je n’avais jamais rencontré d’homme qui avait ce problème-là auparavant.
Nous sommes ensemble depuis environ deux ans et depuis notre toute première relation sexuelle, il ne jouit pas. Mais à part cela, tout va bien. Je le désire et il me désire. Quand je le caresse, il a l’air excité et paraît y prendre plaisir. Le problème survient lorsque nous pratiquons la pénétration. Tout semble se dérouler normalement sauf qu’il n’a pas d’orgasme. Je ne m’en étais pas rendu compte tout de suite mais, à un moment donné, je l’ai questionné car j’avais un doute concernant sa satisfaction sexuelle. Il m’a donc expliqué qu’il avait ce problème depuis toujours mais qu’il réussit parfois à atteindre l’orgasme par masturbation. Il ressent un certain plaisir mais il sent que ses sensations d’excitation sexuelle sont un peu comme anesthésiées malgré que son érection soit tout à fait normale. Ce qui m’a confondue, c’est qu’il éjacule quand même. Il dit qu’il ressent la sensation de relâchement associée à l’orgasme mais sans les sensations d’orgasme.
Mon petit côté sauveur m’a amenée à vouloir l’aider pour qu’il parvienne à vivre l’orgasme un jour. J’ai donc ouvert la discussion avec lui pour mieux comprendre ce qu’il vivait. Il s’est confié à moi sur son enfance et j’ai l’impression qu’il y a des explications qui viennent de là. Il m’a révélé quelque chose qu’il n’avait jamais raconté à personne. Lorsqu’il avait 9 ans, il a été témoin du viol de sa mère par son père. Ses parents le croyaient endormi mais puisqu’il les avait entendus se disputer, il avait été voir ce qui se passait et c’est là qu’il a vu son père prendre sa mère de force. Je l’ai écouté et je l’ai encouragé à exprimer comment il se sentait et il est d’accord de dire que cette scène a été traumatisante pour lui et que ça se pourrait bien qu’elle soit la cause de son blocage. Son père était très sévère et les enfants devaient vraiment se montrer disciplinés. Mon petit ami, appelons-le Alex, a toujours été centré que sur le travail et les responsabilités, et il fait beaucoup d’heures supplémentaires au boulot. Pensez-vous que tout ça peut avoir un rapport avec son problème sexuel ? J’ai lu plusieurs de vos chroniques et vous faites souvent le lien entre la difficulté à ressentir du plaisir et le fait qu’une femme soit centrée sur ses tâches et responsabilités. Pensez-vous que ça peut être la même chose pour un homme ?
Réponse : Vous avez beaucoup de flair. Ce que vit votre partenaire se nomme «éjaculation anhédonique» et c’est en effet quelque chose de très rare. On définit ce trouble sexuel comme une absence de sensation érotique ou de plaisir orgastique malgré la présence des composantes physiologiques normales de l’éjaculation. Il y a très peu d’écrits sur ce trouble sexuel et il y a des variantes par rapport à comment il se manifeste d’un homme à l’autre. Certains auront une véritable éjaculation alors que d’autres n’auront qu’un suintement au lieu d’une éjaculation en jets. L’inhibition du plaisir ressenti avant ou pendant l’éjaculation peut également varier d’un homme à l’autre. Quant aux causes de ce problème, elles sont principalement psychologiques.
D’autres troubles reliés à l’éjaculation et à l’orgasme chez l’homme peuvent être de cause organique. Par exemple, les troubles d’éjaculation retardée peuvent être causés par les effets secondaires d’un médicament ou être occasionnés par une maladie, comme le diabète. Un autre trouble sexuel masculin, «orgasme sans éjaculation» est, quant à lui, causé par un problème organique, par exemple suite à une chirurgie. Quant à l’éjaculation rétrograde, qui est une sorte d’éjaculation à sec dans le langage populaire, elle est également de cause organique car, au lieu de sortir à l’extérieur, le sperme se rend à la vessie. Ce problème peut survenir entre autres, suite à une chirurgie. L’éjaculation rapide ou précoce, qui est le trouble sexuel relié à l’orgasme le plus répandu chez l’homme, est rarement de cause organique. Elle s’explique souvent par des causes sexologiques, notamment un manque d’apprentissage du contrôle éjaculatoire. Des causes psychologiques et relationnelles (avec la partenaire) peuvent également entrer en ligne de cause.
À suivre…