Une excuse n’abaisse pas. Bien au contraire. Elle témoigne de la reconnaissance de la faute
commise et du désir de la réparer. Les gentlemen, les femmes et les hommes d’honneur le savent. Rajesh Bhagwan, si prompt à défendre son leader, ignore manifestement cette règle. Ainsi, le député mauve avait estimé que le leader de l’opposition n’avait pas à s’excuser des propos insultants – «rode ene mari pou li» – à l’adresse de la députée Nita Deerpalsing.
Pour Rajesh Bagwan, il est donc normal qu’un leader d’un parti insulte la femme de cette manière. Heureusement que le leader de l’opposition n’a pas tenu compte de ses conseils. Hier, Paul Bérenger, revenant sur ce triste épisode, a exprimé des «regrets» pour ces propos alors que l’on se serait attendu à ce qu’il présente des excuses claires et directes à la députée Nita Deerpalsing.
Bérenger, comme pour atténuer sa faute, affirme que c’est sous l’emprise de la colère – justifiée selon lui – et sous provocation qu’il a utilisé des mots insultants à l’égard de la députée du gouvernement. Paul Bérenger a tort de tenter de justifier les insultes qu’il a proférées. En évoquant une «colère justifiée», il nous fait penser à cette catégorie d’hommes qui prennent souvent la provocation comme prétexte pour frapper ou violer leurs femmes. Combien de fois n’a-t-on pas entendu ce genre de raisonnement : «Line rodé, line gagné» ?
Le leader de l’opposition devrait savoir que quelles que soient les provocations, rien ne justifie une telle goujaterie de la part d’un ex-Premier ministre et actuel leader de l’opposition. Ses insultes qui comportent un caractère sexuel sont révoltantes. Que voulait donc insinuer Paul Bérenger en déclarant «rode ene mari pou li»? Que n’étant pas mariée, la députée serait donc frustrée sexuellement ? Qu’un mari la ferait taire ? C’est ce genre de propos que tiennent souvent les hommes attaqués, à court d’argument ou qui ne tolèrent pas la différence d’opinions.
Si le leader du MMM a laissé parler son machisme – naturel ? –, c’est parce qu’il sait pouvoir compter sur le soutien des femmes parlementaires mauves et celles du MSM qui ne se sont guère offusquées par cette insulte. Après tout, Nita Deerpalsing est leur adversaire. Ainsi va la politique, qu’elle soit irrespectueuse, inacceptable et condamnable. Que dire aussi de l’attitude des hommes de l’Alliance sociale qui n’ont pas jugé utile d’intervenir en faveur de leur consœur ? Leur silence complice, leur impassibilité, leur absence de réaction témoignent d’une mentalité qui ne fait pas honneur aux hommes honorables.
Il n’y a pas à dire. Paul Bérenger a raté une occasion de se taire, mardi dernier. Il aurait pu faire l’économie de cette énorme bévue. D’autant plus que ce jour-là, il disposait de plusieurs atouts – dont l’opinion publique – pour damner le pion au ministre Valayden et tenter de mettre à terre son rival de la circonscription No 19. Mais il a fallu que le leader des Mauves, toujours aussi impulsif, se laisse distraire par des remarques de la députée rouge Nita Deerpalsing.
Du coup, il a réussi à détourner l’attention de son match contre le leader du Mouvement républicain pour laisser deviner un côté sombre de sa personnalité : son relationnel avec les femmes à travers des propos orduriers, inélégants et méprisants qui rappellent d’autres insultes, de triste mémoire tout aussi humiliantes en d’autres temps : celles de l’ex-député Kishore Deerpalsing à l’adresse de la député Danielle Perrier. Ou, en remontant plus loin encore, le qualificatif «grosse vache» lancée naguère à l’endroit d’une parlementaire de l’opposition. L’Histoire retiendra que notre Parlement a toujours été le théâtre de joutes, de remarques humiliantes et de provocations qui font, paraît-il, partie de notre folklore parlementaire. Ce n’est pas une raison pour justifier l’humiliation faite aux femmes parlementaires, qu’elles soient du gouvernement ou de l’opposition…