Sa fiancée Amritee l’aide pour la finition de ses sculptures.
Une des pièces qu’il vient de terminer.
Mardi, plusieurs familles mauriciennes célébreront le dieu de l’intelligence dont la statue sera portée en procession, avant d’être immergée. En attendant le jour J, un jeune sculpteur nous invite à découvrir son petit monde où il fabrique les statuettes qui seront à l’honneur…
Il aime toucher la terre. Lui donner forme. Retoucher ses courbes… La pétrir. C’est le trait d’union entre son imagination et ses sculptures. Et c’est dans son salon, à Quatre-Bornes, transformé en lieu de création lumineux, que nous rencontrons Antish Yasveea, 25 ans. L’air est empreint d’une odeur de peinture et, partout, il y a des traces du passage du jeune sculpteur qui, les mains dans la terre, donne forme aux statuettes qui seront à l’honneur en ce mardi 10 septembre.
Le sourire n’est pas forcé. Il est, au contraire, agréable, réconfortant, chaleureux. Pourtant, le jeune homme a du pain sur la planche. Car la fête Ganesh Chaturthi, dédiée au dieu de l’intelligence, approche à grands pas. Depuis une semaine, les commandes affluent car tous veulent s’assurer qu’ils auront bien leurs statuettes du dieu Ganesh pour le rituel prévu en ce jour spécial du calendrier hindou. Dans un coin de la pièce, plusieurs sculptures ont déjà pris leurs aises.
Loin de paniquer, Antish est plutôt détendu. Cela fait plusieurs années que le jeune homme vit à fond sa passion. Et dans son espace empreint de spiritualité, il s’épanouit. C’est toujours avec beaucoup de plaisir, dit-il, qu’il sculpte : «J’ai fait ma première statuette à l’âge de 8 ans en utilisant de la mie de pain. J’avais deux proches qui pratiquaient cette activité et je me suis senti comme interpellé par cette forme d’art.»
Depuis, il ne s’est plus arrêté. Autodidacte, il a fait son bonhomme de chemin et a décidé, il y a quelques années, de mettre sa passion au service des autres : «Je trouve que c’est un privilège de pouvoir aider des personnes et des familles à vivre pleinement leur foi. Je me dis que j’apporte ma petite contribution à la réussite de la fête Ganesh Chaturthi.»
Antish, tout fier, nous présente ses œuvres. Le temps qu’il met à les créer dépend de son humeur et des heures de libre dont il dispose : «Je travaille dans le textile et c’est une fois à la maison que je me mets à la sculpture.» S’ensuit alors une succession d’étapes où rigueur, minutie et professionnalisme guident chacun de ses gestes. Et de ses mains, des œuvres jaillissent à la suite d’une longue maturation, d’une inspiration enfouie qui, d’un seul coup, éclate, se met à vivre, devient presque langage, source d’un dialogue muet entre l’artiste et sa création : «Tout est dans ma tête.
Je n’ai qu’à m’installer, plonger ma main dans l’argile et me laisser aller…» Pas besoin de moule, ni de modèle ou encore d’outils et autres équipements spéciaux, car c’est avec ses doigts seulement que le jeune homme façonne ses statuettes du dieu Ganesh. Et la diversité de ses œuvres, en taille notamment, rend témoignage de sa polyvalence : «En ce moment, les commandes pèsent en moyenne 15 kg mais je travaille aussi sur une statuette qui fait 50 kg. »
Une fois la sculpture terminée, une autre étape commence, celle de l’habillage, durant laquelle la statuette se pare de couleurs : du jaune, du blanc, du rouge ou du vert, sans oublier les paillettes. Et la voilà fin prête pour la grande fête en l’honneur de Ganesh.