Simon Azie lance un appel aux coupables présumés de son fils qui avait 17 ans au moment de sa disparition.
Les proches de l’adolescent sont bouleversées après la découverte des ossements.
Simon Azie peut enfin pousser un ouf de soulagement, après de longues années vécues dans l’angoisse. Les ossements de son fils ont été retrouvés. Mais lui et les siens ne parviendront pas à faire leur deuil tant que les coupables continueront à errer dans la nature.
Aucun doute. Simon Azie est certain que ce sont bel et bien les restes de son fils qui ont été retrouvés sur le flanc de la montagne Malgache à Rodrigues, le lundi 26 août. «Je suis sûr à
100 % que ce sont ceux de mon fils. D’ailleurs, les objets découverts non loin des restes, notamment le porte-monnaie, le briquet, les vêtements et la croix, lui appartiennent. Je les ai bien identifiés», affirme-t-il. Des tests ADN seront tout de même effectués pour confirmer qu’il s’agit bien des ossements de Barthélemy Azie, porté manquant depuis le 1er août 1999. «Lundi, ma femme et moi allons faire une prise de sang pour les besoins du test ADN», explique Simon Azie.
Cet habitant de Roche-Bon-Dieu, d’une voix brisée par le chagrin, avoue que pendant tout ce temps, il espérait un miracle : «L’attente a été très dure et très longue. Mais je n’ai jamais cessé de croire. J’ai beaucoup prié. Et ce jour est enfin arrivé.» «Toutefois, poursuit-il, ma famille et moi ne pourrons pas faire notre deuil tant que le/les coupables ne se rendent pas à la police.» Simon Azie espère de toutes ses forces que l’enquête policière mènera, cette fois-ci, à l’arrestation des coupables.
En attendant, il revient sur les événements du 1er août 1999. «Ce jour-là, Barthélemy s’est réveillé très tôt, comme à son habitude. Après avoir bu son thé, il s’est rendu à la messe, à la chapelle de Brûlée. Puis, il est allé à la plage de Mourouk pour assister à une régate. Depuis, nous n’avons plus eu de ses nouvelles», raconte Simon Azie. «Le lendemain, ajoute-t-il, je suis allé chez une de ses tantes pour vérifier s’il y avait passé la nuit. Mais Barthélemy n’y était pas.» Inquiet, le père de famille décide de porter plainte. D’autant qu’une habitante de sa localité lui aurait fait des révélations troublantes sur la mystérieuse disparition de son fils.
«Elle m’a dit que mon fils avait été battu et qu’on avait balancé son corps dans un réservoir à montagne Cabri. Cependant, lorsque la police a fait vider le réservoir, il n’y avait aucune trace du corps», se souvient-il. Toutefois, selon nos recoupements, une chaussette et une corde ont été retrouvées à cet endroit. Simon Azie, poursuit son récit, de l’émotion dans la voix : «Quelque temps plus tard, nous avons reçu une lettre dans laquelle une personne a fait des confessions sur les circonstances de la mort de notre fils. La lettre disait que le corps avait bel et bien été jeté dans le réservoir mais qu’il avait été déplacé et enterré ailleurs.»
Dans le sillage de cette affaire, quatre personnes sont arrêtées. Toutefois, faute de preuves les incriminant, elles recouvrent la liberté après leur interrogatoire. Chez les Azie, la crainte s’intensifie au fil des années. «On vivait dans l’angoisse. On ne savait pas ce qu’il était advenu de Barthélemy. La santé de Pakrette, mon épouse, s’est dégradée. Elle a eu plusieurs attaques. Aujourd’hui encore, elle se déplace péniblement à l’aide d’une béquille. Sa santé mentale aussi en a pris un coup. D’autant qu’avant Barthélemy, nous avons perdu deux autres enfants», soupire-t-il.
Barthélemy, alors âgé de seulement 17 ans, était, selon son père, un jeune homme bien de son temps. Il a d’abord fréquenté l’école primaire de Roche-Bon-Dieu, avant d’arrêter sa scolarité suite à deux échecs aux examens du Certificate of Primary Education. Pour meubler son temps, il fabriquait, avec sa mère, des sacs en vacoas qu’il vendait chaque samedi au marché de Port-Mathurin. «Il avait un don pour les travaux d’artisanat. À l’époque, il n’avait pas de projet mais il avait toute la vie devant lui», lâche tristement Simon.
Ce dernier lance d’ailleurs un appel au/aux meurtrier/s de son fils : «Rendez-vous à la police pour qu’on puisse faire notre deuil !» Du côté des forces de l’ordre, l’enquête sur la disparition du jeune homme a été rouverte. La police rodriguaise a fait une demande pour que ce dossier, actuellement entre les mains de la Central Criminal Investigation Division, à Port-Louis, soit restitué à la Central Investigation Division de Rodrigues.
Affaire à suivre…