Son calvaire aura duré une année avant qu’elle ne fasse une fausse couche. Cette jeune fille affirme avoir été violée presque quotidiennement par deux membres de sa famille. Deux bourreaux qui ne seraient autres que son grand-père et son oncle.
Envolée sa joie de vivre. Disparu son sourire. À la place, c’est un voile de tristesse permanente qui s’est installé et qui masque ses yeux d’enfant. Depuis un an, la vie de Jessica (prénom fictif) a viré au cauchemar. Elle n’oubliera certainement jamais le jour où son grand-père s’est permis de lui voler son innocence pour la première fois. Celui-là même qui était au-delà de tout soupçon, tant la confiance placée en lui était grande, et qui veillait sur elle comme le font souvent les grands-parents.
Pour la mère de Jessica, la situation est infernale. Comment accepter que son propre père et son frère aient abusé de son enfant ? «Notre vie ne sera plus jamais la même. Je leur faisais confiance mais mon père et mon frère ont détruit la vie de ma fille. Jamais je ne pourrai leur pardonner ce qu’ils lui ont fait. Ils ont gâché son avenir», s’insurge-t-elle.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Jessica a vécu un double drame, en étant la victime de son grand-père et de son oncle pendant la même période. Vivant dans la terreur pendant un an, l’adolescente avait enfoui au fond d’elle-même ce secret sous la menace, côtoyant quotidiennement ses bourreaux qui n’ont eu de cesse de lui faire vivre un véritable cauchemar, abusant d’elle matin et soir.
La vérité a fini par éclater, il y a deux semaines, la délivrant de l’emprise de ses deux persécuteurs. Souffrant d’atroces douleurs au ventre, la jeune fille est conduite d’urgence à l’hôpital par son père. Ce dernier apprend du médecin de service que son enfant de 14 ans a fait une fausse couche. Paniqués et tombant des nues, les parents de la jeune fille, loin d’imaginer ses souffrances, la questionnent. Elle finit alors par dénoncer son grand-père et son oncle.
Cauchemar
Sous le choc de cette terrible révélation, ils accompagnent Jessica au poste de police pour déposer une plainte contre les deux hommes. Le grand-père a été arrêté jeudi et a avoué avoir abusé de sa petite-fille. L’oncle, pour sa part, a pris la fuite et s’est réfugié à Rodrigues.
Après avoir passé plus d’une semaine à l’hôpital, l’adolescente est finalement rentrée chez elle. Au pied d’une colline, dans un faubourg de Port-Louis, là où des petites bicoques en tôle s’entassent, Jessica essaie difficilement de mener une vie normale. Son calvaire aura duré une année. Se confiant à sa mère, elle a raconté que son cauchemar a commencé lorsqu’un soir, son grand-père, qui vit dans une petite bicoque à côté de la leur, a abusé d’elle. «Ma mère venait de décéder et comme mon père était seul, j’ai demandé à Jessica ainsi qu’à son petit frère d’aller dormir chez lui. Ma fille dormait sur le même lit que son grand-père et son frère, sur le sofa. J’avais une totale confiance en mon père. À aucun moment, je n’ai pensé qu’il était capable de commettre une telle atrocité», confie la maman de Jessica.
Alors que son martyre dure depuis quelques mois, la situation de l’adolescente empire lorsque son oncle revient de Rodrigues pour s’installer chez son père. Un double drame pour Jessica qui devient très vite la victime de cet oncle malveillant. «Elle m’a raconté que son oncle, mon frère, abusait d’elle quand elle revenait de l’école. Comme mon époux et moi travaillions, et que les deux frères de Jessica étaient encore à l’école, il n’y avait personne à la maison. Ce qui lui laissait le champ libre. Le soir venu, c’est mon père qui abusait d’elle», raconte la mère de la jeune fille.
Selon elle, le comportement de son père et son frère semblait normal, que ce soit envers la famille ou envers Jessica : «Mon père lui offrait des gâteaux et lui donnait de l’argent. Mais je n’ai jamais rien trouvé de louche à tout cela car c’était son grand-père.» Secouée par la révolte et l’incompréhension, elle ne souhaite aujourd’hui qu’une chose : que son père et son frère paient pour avoir fait subir un véritable calvaire à son enfant.