Les adolescents sont curieux d’en savoir plus sur le sexe et cette curiosité est proportionnelle à l’accroissement de leur libido et de leur intérêt pour l’autre sexe. Pour satisfaire ce besoin, les jeunes vont en parler entre eux. Mais ces informations ne sont pas toujours fiables et peuvent être teintées de toutes sortes de fausses croyances, dont celles véhiculées à travers la pornographie. S’il n’y a pas de cours d’éducation sexuelle à l’école et si la communication est faible ou absente avec les parents au sujet de la sexualité, que leur reste-t-il comme moyen d’en apprendre plus sur ce sujet qui suscite leur intérêt ? Vous l’aurez deviné, ils iront sur Internet. Même un jeune bien intentionné qui fait des recherches sérieuses sur le sujet risque néanmoins de tomber sur un site pornographique.
Le matériel porno étant fait pour exciter son auditoire, l’adolescent qui vit de fortes pulsions sexuelles ne sera pas insensible à ce contenu et sera tenté de récidiver et d’explorer davantage ce nouveau monde intrigant et stimulant. Un jeune qui a de fortes pulsions sexuelles et qui n’a pas de partenaire peut donc être porté à introduire la pornographie dans ses pratiques masturbatoires. Et lorsqu’il entend ses copains se vanter de leurs conquêtes sexuelles, il ne veut surtout pas avoir l’air nul lorsque viendra son tour d’expérimenter le sexe avec une partenaire. Nombreux sont les adolescents qui vont visionner de la pornographie pour savoir comment faire avec une femme. La pornographie étant l’une des façons les plus accessibles d’en apprendre sur le sujet, elle deviendra son point de référence par excellence en matière de sexualité.
Qu’est-ce que le jeune risque de voir et de retenir comme information en visionnant du matériel pornographique ? Ce qu’on y présente n’est pas représentatif de ce qu’est la sexualité dans la réalité. La pornographie c’est du cinéma avec des acteurs et son but premier est d’exciter sexuellement. Elle est conçue spécifiquement pour exciter les hommes, ces derniers ayant une sexualité beaucoup plus génitale que celle de la femme. L’excitation sexuelle de la femme est beaucoup plus globale que celle de l’homme, c’est-à-dire qu’elle est alimentée par l’ensemble du contexte : jeux de séduction pour faire naître et accroître le désir, sensorialité à travers la stimulation de tous les sens, sensualité dans les mouvements et les types de toucher…
En plus, une femme qui se sent aimée et en confiance avec son partenaire, sera beaucoup plus ouverte et disponible sexuellement que s’il y a un conflit non résolu avec lui. Bref, le côté relationnel est bien important pour la femme. Cela ne veut pas dire que les femmes ne sont pas capables d’être très sexuelles et génitales sans contexte d’amour mais il s’agit quand même d’une tendance assez significative et qui distingue nettement la sexualité féminine de celle masculine. Pour l’homme, c’est tout autre chose. Encore ici, il ne faut pas généraliser car il y en a qui sont très sentimentaux. Mais en général, l’homme n’a pas besoin d’autant de préludes et préliminaires sexuels, il peut passer directement à la sexualité génitale et s’il y a un conflit conjugal, il va plutôt miser sur la relation sexuelle pour se réconcilier avec sa partenaire plutôt que de chercher à communiquer avant comme celle-ci le souhaite.
Or, un jeune qui veut savoir comment s’y prendre avec une femme et qui se base sur ce qu’il voit dans la pornographie comme modèle à suivre, aura une vision tout à fait irréaliste de ce qu’aime la femme dans la réalité. Comme je l’ai mentionné plus tôt, la pornographie vise à exciter l’homme qui, lui, est très excitable par son sens de la vue. Or, la pornographie vient répondre à ce besoin en filmant en gros plan des pratiques sexuelles en dehors de tout contexte de séduction. Seules les pratiques génitales sont présentes. Les modèles de femmes qu’on y montre sont des femmes qui aiment le sexe pour le sexe et qui sont là pour assouvir le plaisir sexuel de l’homme. Celles-ci sont prêtes à tout faire et sont au service du plaisir de l’homme. Elles acceptent même de se faire dégrader sexuellement et de s’abaisser à des pratiques humiliantes. En plus, elles envoient l’image qu’elles aiment se soumettre de la sorte et se faire manquer de respect. Ces femmes sont littéralement traitées comme des objets de consommation sexuelle.
Dans le monde du porno, il y a du matériel plus «soft» et il y en a de plus «hard» empreint de violence comme le sexe avec des filles vierges mineures, les viols collectifs, etc. Alors quand un jeune fait son éducation sexuelle avec ça, il a plein de fausses perceptions sur la sexualité féminine. Si c’est son seul modèle de référence, comment peut-il savoir que ce n’est pas approprié ? Non seulement il peut s’imaginer que c’est ainsi que ça se passe dans la réalité et que les femmes jouissent à travers toutes sortes de pratiques sexuelles sans contexte de séduction, sans amour, sans sensualité, etc., mais en plus, le modèle d’homme qu’on y présente risque d’engendrer de l’anxiété chez lui. En effet, si le jeune s’imagine qu’il doit performer sexuellement comme il le voit dans la pornographie, il risque d’avoir peur de ne pas être à la hauteur sexuellement. S’imaginant que les femmes sont de telles insatiables sexuelles, sentira-t-il qu’il a la compétence requise pour la faire jouir autant que ce qu’il voit dans les vidéos pornos ?
Sera-t-il capable de tenir aussi longtemps sans éjaculer ? Son pénis est-il suffisamment gros pour satisfaire une femme ? Il y a plein
de préoccupations de la sorte qui peuvent amener un jeune à s’inquiéter de sa performance sexuelle et à se sentir inférieur aux autres et avoir le sentiment de ne pas être capable d’assurer…
À suivre la semaine prochaine…