La mère de famille souffre de plusieurs blessures.
Plusieurs cas de violence conjugale ont été rapportés à la police cette semaine. Parmi les victimes, une Irlandaise, qui affirme avoir été violemment battue par son époux mauricien, et deux jeunes femmes qui ont été tabassées par leurs compagnons respectifs (voir hors-texte). Témoignages.
Elle l’aurait supplié de toutes ses forces d’arrêter de la tabasser. Mais malgré ses supplications, les coups n’auraient pas cessé de pleuvoir. Elle aurait essayé de se défendre. Sans y parvenir. Aujourd’hui, si elle respire toujours, c’est grâce, dit-elle, à l’intervention des voisins qui ont entendu ses appels à l’aide et lui ont porté secours.
Elle, c’est Jacqueline Thirapathi-Appadu, une Irlandaise de 43 ans, habitant la région de Péreybère. Elle affirme avoir été victime d’une agression sauvage de la part de son mari mauricien, Julian Appadu. Ce dernier a été arrêté par la police de Grand-Baie et présenté en cour de Mapou sous une charge provisoire de «serious assault». Il a été libéré après avoir fourni une caution, mais devra se présenter au poste de police aujourd’hui. Il sera traduit de nouveau devant le tribunal de Mapou demain.
Dans sa déclaration à la police, l’homme a reconnu avoir tabassé son épouse. Il a, dit-il, agi dans un accès de colère car en rentrant à la maison, il aurait découvert sa femme complètement ivre, laissant leur fillette de 3 ans sans surveillance.
Jacqueline, pour sa part, argue que les agressions qu’elle aurait subies de la part de son époux étaient devenues courantes jusqu’à la dernière en date, le samedi 4 août. Ce jour-là, il est aux alentours de 18h30 lorsqu’une vive dispute éclate entre les époux Appadu qui louent une maison à Péreybère. «Nous avons eu une dispute familiale», confie cette cette ex-détective qui vit à Maurice depuis cinq mois, sans toutefois donner plus de détails. «Mon mari a commencé à m’infliger des coups de poing sur le visage et sur tout le corps. Il me tirait par les cheveux et me frappait en même temps. Puis, il m’a traînée par les cheveux jusqu’à la piscine où il m’a plongée, essayant de me noyer. À chaque fois que je sortais la tête de l’eau, il m’enfonçait encore et encore. Je n’arrivais plus à respirer», relate Jacqueline, qui porte encore sur son visage et sur son corps des marques de coups.
Visiblement choquée, le visage bouffi, les yeux cernés de noir, elle essaie de chasser les images de cette agression de son esprit. En vain. «Tout cela s’est passé sous le regard de notre fille qui n’a que 3 ans. Elle est traumatisée. À un moment, mon mari s’est emparé de l’appareil servant à nettoyer la piscine, en a enlevé le filet et m’a tabassée avec sur tout le corps. Je criais, je le suppliais d’arrêter. Mais il continuait. C’est à ce moment là que des voisins sont venus à mon secours et m’ont emmenée à l’hôpital SSRN.»
À l’hôpital, le constat est criant. Jacqueline a deux côtes cassées, deux doigts fracturés ainsi que des ecchymoses sur plusieurs parties du corps. «J’ai été admise à l’hôpital pendant deux jours. Puis j’ai signé ma décharge contre l’avis médical car je voulais récupérer ma fille qui se trouvait avec
son père», soutient-elle, les larmes aux yeux. Cette fois, Jacqueline décide de réagir, de ne pas continuer à se laisser faire. «Cela fait quelques mois seulement que je suis ici. Je ne connais pas les procédures. Mais cette fois, comme on m’a emmenée à l’hôpital et qu’il y a eu un police case, j’ai été renseignée sur la marche à suivre et j’ai contacté un avocat pour me défendre. Et j’ai pu récupérer ma fille.»
Coeur à prendre
Et elle n’a engagé nul autre que l’avocat Dick Ng Sui Wa pour assurer sa défense. Le même homme de loi qui défend les intérêts de la famille d’une autre Irlandaise, Michaela Harte, assassinée à l’ex-Hotel Legends lors de sa lune de miel chez nous en 2011. Pour lui, cette nouvelle agression vient d’ailleurs ternir davantage l’image de Maurice auprès des Irlandais mais aussi sur le plan international en général (voir hors-texte).
Maintenant, tout ce que Jacqueline souhaite c’est partir aussi loin que possible de cet homme dont elle était tombée amoureuse il y a quatre ans. À l’époque, divorcée et mère de deux enfants, elle travaillait comme détective à Londres et lui, deux fois divorcé – de ses deux précédentes épouses étrangères – était un cœur à prendre. Quelque temps après, ils décident de se passer la bague au doigt et deviennent les parents d’une petite fille.
Mais, à en croire Jacqueline, il y a toujours eu pas mal de conflits au sein de son couple, des conflits qui ont dégénéré une fois qu’elle aurait accepté de s’installer à Maurice, jusqu’à devenir des agressions.
Et aujourd’hui, elle ne peut même pas regagner son pays comme elle le souhaite car son époux aurait, dit-elle, détruit son passeport. «J’ai contacté la British High Commission ainsi que la Mauritian Irish Embassy qui se penchent sur mon cas.»
Par ailleurs, selon un proche du dossier, une stratégie aurait été mise en place par les hautes instances du pays pour que cette affaire ne soit pas ébruitée, ce pour éviter que la réputation de Maurice ne soit davantage entachée sur le plan international. «C’est pour cela qu’on traite cette affaire comme un serious assault et non comme une attempt at murder», soutient notre source.
Quoi qu’il en soit, Jacqueline, elle, espère réaliser au plus vite son vœu le plus cher : rentrer chez elle avec sa fille et se reconstruire avec le soutien de ses proches.
Me Dick Ng Sui Wa : «Cette affaire est mauvaise pour la réputation du pays»
Après avoir défendu les proches de l’Irlandaise Michaella Harte, Me Dick Ng Sui Wa s’est saisi du dossier d’une autre Irlandaise, Jacqueline Thirapathi-Appadu, qui a porté plainte contre son époux mauricien pour agression. «Cette affaire est mauvaise pour la réputation du pays. C’est l’affaire de trop alors que le meurtrier de Michaella Harte court toujours dans la nature. C’est un très mauvais signal que donne Maurice sur le plan international, surtout en Irlande où la réputation de Maurice est déjà entachée», souligne Me Dick Ng Sui Wa. Il précise : «Ma cliente a obtenu un Protection Order et j’espère que la justice fera son travail comme il se doit dans cette affaire.»
Jessica Volfrin, poignardée par son concubin
Elle l’a échappé belle. Jessica Volfrin, une habitante de Baie-du-Tombeau, âgée de 19 ans, a été agressée à l’arme blanche par son concubin Giovanni Philippe qui n’aurait pas supporté que celle qui partage sa vie depuis trois ans lui signifie son intention de rompre leur relation. «Il est de nature violente. Je n’en pouvais plus de cette situation. J’ai décidé de le quitter. Et lorsque je suis venue à la maison pour récupérer ma fille, il était là. Il m’a battue, puis m’a poignardée», raconte Jessica Volfrin que nous avons rencontrée deux jours après sa sortie de l’hôpital Jeetoo. La jeune femme raconte, qu’après l’avoir agressée, son compagnon l’a conduite à l’hôpital où il a été appréhendé par la police. Il a par la suite été présenté en cour et a obtenu la liberté conditionnelle.
Naziana, battue par son compagnon pour une histoire de Facebook
Elle aurait contracté le nikkah (mariage religieux musulman) avec l’homme dont elle était tombée amoureuse. Mais une banale dispute à propos du compte Facebook de la jeune femme aurait dégénéré en agression. Naziana, une habitante de Vallée- Pitot aurait été battue par son époux, le jeudi 8 août. Selon les dires du mari, il n’aurait pas digéré le fait que cette dernière s’y présente sur sa page Facebook comme célibataire alors qu’elle est bel et bien mariée. Alors que lui s’affiche comme étant un homme marié sur son compte à lui. «Elle m’a manqué du respect. Je l’ai giflée car je n’en pouvais plus», nous a-t-il affirmé au téléphone. La police a ouvert une enquête sur cette affaire.
Sunita, harcelée par son époux
Elle est mariée depuis environ 20 ans. Mais à l’écouter, la vie auprès de celui qu’elle a choisi pour époux n’a jamais été un long fleuve tranquille. Les disputes seraient monnaie courante chez ces habitants des hautes Plaines-Wilhems. «Mon mari a un problème avec l’alcool. Avant, il me frappait mais maintenant il a arrêté. Mais il continue à me harcèler moralement bien que j’aie obtenu un Protection Order en bonne et due forme. Il veut que je quitte la demeure familiale avec ma fille alors que nous nous sommes mariés civilement. Actuellement, nous faisons chambre à part. Mais le soir, il m’empêche de dormir, il hurle, frappe à ma porte et me demande sans arrêt de partir», confie Sunita, en larmes. Lasse de cette situation, elle a porté plainte au poste de police de Curepipe pour harcèlement.