Nous avons vu la semaine dernière que la masturbation dans l’enfance s’inscrit dans un processus normal de développement psycho-sexuel chez l’être humain. Malgré tout, il peut arriver que ces comportements masturbatoires infantiles prennent une trajectoire anormale par rapport à ce qu’ils devraient être à cet âge. Certains parents s’inquiètent en effet des pratiques sexuelles de leur enfant, parfois à tort, mais parfois de façon justifiée. Essayons d’y voir un peu plus clair sur la pertinence de s’inquiéter ou non des comportements sexuels de nos enfants.
Un premier élément qui peut signaler aux parents que les comportements masturbatoires de son enfant sont malsains, c’est lorsque ces comportements prennent une allure compulsive. Vous pouvez suspecter que le comportement de votre enfant est compulsif si vous avez l’impression qu’il s’adonne à ses activités auto-érotiques de plus en plus souvent et que cette habitude persiste depuis un bon moment. Il peut également s’agir d’un problème si votre enfant semble perdre de l’intérêt pour ses jeux habituels pour plutôt adopter des comportements masturbatoires. Si l’enfant se caresse ou se stimule les organes génitaux dans un endroit public ou tout autre lieu inapproprié alors que son intérêt devrait être porté ailleurs, il y a lieu de s’interroger.
Dans ces situations, le parent doit se montrer attentif à ce que vit son enfant pour tenter de cerner ce qui ne va pas. Habituellement, le problème n’est pas d’ordre sexuel mais sous-tend plutôt une détresse émotionnelle. L’excitation sexuelle devient alors une sorte de refuge où l’enfant peut avoir le sentiment d’exorciser, du moins temporairement, une souffrance ou une anxiété intolérable, un sentiment de vide affectif ou une insécurité importante. Soit dit en passant, les comportements masturbatoires compulsifs chez l’adulte viennent répondre à ce même besoin d’évasion à travers l’excitation sexuelle et l’euphorie de l’orgasme. On peut d’ailleurs comparer la dépendance du sexe aux autres dépendances telles que la drogue, l’alcool, la nourriture, etc. Tout abus, peu importe la forme qu’il prend, devient malsain pour la personne.
Lorsqu’un parent observe de tels comportements inquiétants chez son enfant, il a la responsabilité de s’en occuper. Il peut se demander si l’enfant a vécu un événement particulier qui aurait pu déclencher des émotions difficiles à vivre pour lui. Ses comportements ont-ils commencé à apparaître suite à la séparation de ses parents ? Vit-il le deuil de son animal de compagnie ? Vit-il de l’intimidation à l’école ? A-t-il été victime d’un abus quelconque, y compris une agression à caractère sexuel ? Observez-vous d’autres changements qui vous inquiètent : tendance à s’isoler, baisse de résultats scolaires, tristesse, etc.
Un parent qui suspecte une sexualité problématique chez son enfant, peu importe son âge, peut tenter d’ouvrir le sujet avec lui pour en comprendre la source. Il est important de ne pas porter de jugement sur les comportements en tant que tels mais de démontrer un intérêt à aider votre enfant, de lui offrir votre écoute sur ce qu’il vit. Il est possible que votre enfant demeure renfermé et ne veuille pas en parler mais au moins, vous aurez essayé d’ouvrir la communication avec lui et vous lui aurez montré que vous vous souciez de lui.
Si vous ressentez de l’impuissance face aux difficultés de votre enfant, vous pouvez recourir à une aide professionnelle, surtout si vous croyez que la situation s’aggrave. Comme je l’ai mentionné plus tôt, votre enfant pourrait développer un problème de compulsivité sexuelle à l’âge adulte s’il se maintient dans cette problématique d’obsession pour le sexe.
Un autre élément à considérer et qui peut influencer la masturbation compulsive chez les jeunes est la grande accessibilité de la pornographie sur Internet. La découverte du monde de la pornographie en bas âge est de plus en plus fréquente à cause justement de la facilité avec laquelle un enfant peut tomber sur du matériel pornographique et ce, tout à fait par hasard en naviguant sur le Net. Des enquêtes ont même démontré que l’âge de la première fois où un jeune voit de la pornographie se situe entre 8 et 13 ans. Imaginez un enfant de 8 ans qui tombe par hasard sur une photo explicitement sexuelle en naviguant sur «Google image».
Il n’a que sa propre imagination pour tenter de comprendre ce qu’il voit et pour l’interpréter comme il le peut, du haut de ses 8 ans. Et imaginez que sa curiosité l’amène à pousser plus loin ses recherches… imaginez toutes les choses qu’il pourrait voir et dont il n’a pas la maturité nécessaire pour comprendre.
Ça peut être très choquant et perturbant pour un enfant de voir ces choses-là. La curiosité pourrait amener cet enfant à retourner sur ces sites pornographiques, d’autant plus que l’interdit est attirant. Des recherches ont d’ailleurs démontré que plus un jeune découvre la pornographie à un âge précoce (avant l’âge de 13 ans), plus les probabilités sont fortes qu’il maintienne cette habitude de consommer de la pornographie de manière régulière. Et bien entendu, ce visionnement de pornographie est accompagné de masturbation. L’encadrement du parent lorsque son jeune est à l’ordinateur est donc important afin que celui-ci ait un œil sur les sites consultés par son enfant.