Très tôt, le nourrisson est amené à prendre conscience de son corps et du plaisir qu’il peut en retirer. C’est à travers un processus d’auto-exploration corporelle qu’il en viendra graduellement à découvrir ses organes génitaux et les sensations agréables que peut susciter leur toucher. Vers l’âge de 2-3 ans, l’enfant entre dans une phase de curiosité tout à fait normale pour la différence des sexes, la région anale et les organes génitaux. Certains enfants seront plus précoces que d’autres dans le rythme de leurs découvertes sensorielles qui seront de plus en plus centrées sur les organes génitaux.
Graduellement, les manipulations, qui étaient d’abord à titre exploratoire, prennent de plus en plus l’allure de masturbations à caractère érotique. Il peut s’agir d’une manipulation directe des organes génitaux avec les mains. Cela peut également se faire par le resserrement des cuisses, par des balancements rythmiques du corps ou par le frottement des organes génitaux contre un objet quelconque comme un toutou, une doudou, un oreiller…
Certains moments sont plus propices à la manifestation de ces comportements, comme avant ou après la sieste, ou le soir avant de s’endormir. Les enfants découvrent très tôt des bénéfices à cette pratique. Tout comme chez l’adulte, celle-ci peut avoir seulement un caractère ludique (viser le plaisir) ou bien répondre à d’autres besoins. La masturbation permet aussi de procurer un état d’apaisement et de détente qui les aide à s’endormir. Cet apaisement peut aussi servir à surmonter l’ennui, une situation stressante ou bien une frustration d’ordre affective, comme par exemple l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur dans la famille, la séparation des parents, le décès d’un des grands-parents, etc. Bref, la masturbation procure à l’enfant le sentiment de sécurité qu’il a besoin dans certaines situations.
Les pratiques auto-érotiques infantiles surviennent plus significativement entre l’âge de 2 et 6 ans. Elles peuvent se manifester de manière épisodique chez certains, de façon plus régulière chez d’autres ou être tout simplement absentes. Dans la plupart des cas, ces habitudes disparaissent d’elles-mêmes lorsque l’enfant grandit et que son champ d’intérêt se porte ailleurs. Certains enfants poursuivent néanmoins leurs activités masturbatoires au-delà de cet âge, mais habituellement de manière plus discrète, car ils sont plus conscients de la notion d’intimité et des interdits sociaux. Les parents peuvent donc être les témoins des comportements auto-érotiques de leurs enfants qui se manifestent tant chez les filles que chez les garçons. Ils peuvent se sentir embarrassés devant ces comportements spontanés et sans inhibition, et ne pas savoir comment y réagir.
Une première étape est de vous questionner sur ce que vous pensez de la masturbation. Votre opinion et vos valeurs diffèrent-elles selon qu’il s’agisse d’un fille ou d’un garçon qui s’adonne à un acte masturbatoire ? Pourquoi ? D’où vient cette croyance ? Avez-vous des souvenirs de vous être masturbés durant votre enfance ? Quels sentiments montent en vous en vous remémorant ces souvenirs ? Ressentiez-vous de la honte, de la culpabilité, de la peur ? Vous a-t-on déjà surpris en train de vous caresser en solitaire et si oui, quelles réactions cela a-t-il suscité ? Vous a-t-on grondé ? Avez-vous appris que la masturbation était un péché ?
La manière dont vous avez été éduqué, les expériences que vous avez vécues et les messages que vous avez entendus au sujet de la masturbation influencent votre perception actuelle et risquent de teinter votre manière de réagir face à la masturbation de vos enfants. Voilà pourquoi il est important que vous preniez le temps de réfléchir à tout ça pour vous préparer à réagir d’une manière saine et non culpabilisante si vous surprenez votre enfant en train de se stimuler les organes génitaux. Une attitude parentale rigide et restrictive peut amener l’enfant à ressentir de la culpabilité à l’égard du plaisir sexuel, ce qui peut affecter sa capacité à avoir du plaisir sexuel à l’âge adulte, ou tout autre problème d’ordre sexuel.
En somme, la meilleure attitude à adopter en tant que parent est d’abord d’enseigner à son enfant que l’auto-érotisme est un comportement tout à fait normal, mais qui se pratique seul dans l’intimité. L’enfant ne doit pas ressentir d’interdit face à ce comportement, mais doit comprendre qu’il s’agit du respect de son propre corps. Il est important d’utiliser des mots simples et justes, et surtout, d’être bref lorsqu’il s’agit de jeunes enfants qui n’ont pas encore la capacité de comprendre de grandes explications ni la capacité de développer leur sens moral.
Il s’agit de ne pas dramatiser la situation si l’enfant ne saisit pas tout de suite le concept de l’intimité personnelle et qu’il recommence. Avec le temps, il doit arriver à comprendre que, dans notre société, on ne se montre pas nu devant les autres et qu’on ne se touche pas les organes génitaux en public. Le parent lui donne donc la consigne que s’il veut se caresser, il doit faire cela seul, dans l’intimité, dans sa chambre à coucher ou dans son bain.
À suivre…