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Choc, révolte et tristesse

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Richard Ladaub est dans l’incompréhension totale concernant la mort de son fils.

Les parents du petit Tyron Ladaub sont dévastés par la douleur depuis que celui-ci est décédé au lendemain de son opération. Ils sont dans le flou total par rapport à cette mort si soudaine et inattendue. Pour eux, leur unique enfant a été victime d’une négligence médicale et ils veulent connaître la vérité sur les circonstances de ce drame. En attendant que justice soit faite, c’est le cœur serré qu’ils parlent de leur petit garçon.

Plus aucun rire ne résonne dans la maisonnée des Ladaub. Sur une petite table, recouverte d’une nappe blanche, des fleurs et des bougies entourent la photo du petit Tyron sur laquelle se posent tous les regards avec douleur. La statuette de la Vierge Marie qui trône aussi sur le meuble constitue, en quelque sorte, le seul réconfort de Corine Jolicoeur, la mère de Tyron, quelques heures après les funérailles de son fils chéri. «Mon bébé est désormais sous la protection de la Vierge Marie. Je sais qu’il n’est pas seul. Mais il me manque et me manquera éternellement», pleure-t-elle doucement. «C’était un petit garçon plein de vie qui rêvait de courir avec ses amis, de jouer avec eux après son opération. Il voulait tout simplement être un enfant normal», murmure-t-elle, dans un sanglot, soutenue par ses proches, tout aussi anéantis par la disparition du petit Tyron Ladaub, âgé de 5 ans seulement.

Pourtant, il y a quelques jours, Corine et son concubin Ricardo Ladaub, 31 ans, le père de Tyron, rêvaient à des jours meilleurs pour leur unique enfant. Après trois années de combat, ces habitants de Cité Florida, à Baie-du-Tombeau, pouvaient enfin espérer que leur petit garçon marche normalement. «Nous avons découvert que quelque chose n’allait pas chez Tyron alors qu’il avait 2 ans. Il se courbait lorsqu’il marchait. Il faisait aussi des chutes et boitait. Nous l’avons emmené à l’hôpital où il a reçu des traitements. Toutefois, bien qu’il était suivi par un médecin de l’hôpital et un autre du privé, son état de santé ne s’est pas amélioré. Puis, en décembre 2012, une proche de la famille nous a mis en relation avec la SACIM. Cette ONG a pris notre enfant en charge. Tyron a fait un bilan de santé dans une clinique ainsi qu’une imagerie par résonance magnétique (IRM). Puis, la SACIM a confié la photographie de l’IRM à un médecin de l’hôpital de Candos qui a affirmé que le cerveau de Tyron ne se positionnait pas au bon endroit, qu’il avait glissé pour se poser sur sa colonne vertébrale», raconte Corine péniblement.

Le problème du petit garçon ayant été diagnostiqué, la SACIM propose à ses parents de l’envoyer en Inde pour se faire opérer. Un voyage que l’enfant aurait dû effectuer le 28 juillet, mais qui a été finalement annulé. Pourquoi ? Richard Ladaub explique ce qui a mené à cette décision qu’il regrette aujourd’hui amèrement. «Le même médecin qui avait analysé la photographie de l’IRM de mon fils a dit qu’il pouvait l’opérer à Maurice. Il a réussi à nous en convaincre, surtout qu’il a affirmé qu’il avait déjà opéré deux enfants qui avaient les mêmes problèmes que mon fils à Maurice et que tout s’était bien passé. Nous lui avons fait confiance», lâche-t-il d’une voix brisée par le chagrin.

«Fuite d’oxygène»

C’est ainsi que le vendredi 12 juillet, Tyron a été admis à l’hôpital de Candos où il a été opéré le lundi 15 juillet. «Avant d’aller en salle d’opération, il me taquinait et ne voulait pas que j’enlève sa montre. À 13 heures, je l’ai embrassé et le personnel l’a emmené en salle d’opération. Ce n’est qu’à 17h35 qu’il en est ressorti. Il était inconscient et rattaché à une bonbonne d’oxygène qui avait visiblement une fuite. Quand on vient de subir une telle opération, surtout au cerveau, il faut être bien oxygéné. Je pense que c’est une des raisons qui expliquent le décès de mon fils. Ceux qui le conduisaient en salle de réanimation m’ont dit que le problème serait réglé une fois que Tyron y sera installé», se souvient Ricardo, indigné par un tel manquement.

Après cet incident, il soutient avoir rencontré le médecin de son fils qui l’a rassuré du bon déroulement de l’opération. Mais maintenant, après le départ tragique de Tyron, il ne peut s’empêcher d’avoir des doutes sur les affirmations de l’homme. «Si l’opération s’est bien déroulée, qu’est-ce qui a causé la mort de mon enfant ? Le mardi 16 juillet, nous avons reçu un appel de l’hôpital à 5 heures du matin, nous disant simplement “vinn sers lekor ou zenfant linn mort”», s’insurge le père de Tyron. Plus tard, il apprendra que son fils est décédé d’un arrêt cardiaque. L’incompréhension totale ! Depuis ce terrible drame qui s’est abattu sur eux, sa femme et lui sont partagés entre choc, révolte et tristesse. «On a arraché la vie de mon fils par négligence», se lamente Richard Ladaub.

Problème postopératoire

Mais qu’a-t-il bien pu se passer entre une opération «à succès» et le moment où Tyron Ladaub a été admis aux soins intensifs ? Selon le Dr Boodhoo, le neuro chirurgien qui a opéré l’enfant, il s’agit d’un problème postopératoire. «L’opération a été un succès. Mais l’enfant a fait des réactions aux traitements qu’on lui a administrés en salle. Il est décédé d’une crise cardiaque», nous a-t-il expliqué, lors d’une conversation téléphonique. Des tests avaient-ils été effectués sur Tyron Ladaub pour savoir s’il était allergique à certains traitements et s’il pouvait les supporter ou pas ?

Le médecin n’a pas voulu répondre à cette question, arguant qu’une enquête a été ouverte concernant ce décès. Dans un communiqué, le ministère de la Santé assure que tout est mis en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire : «L’enfant avait des anomalies au cerveau dès sa naissance et une opération pour pallier ce problème avait eu lieu. Toutefois, l’enfant a développé quelques complications ayant entraîné sa mort et un comité d’enquête a été constitué pour voir plus clair dans cette affaire. Les conclusions et recommandations de ce comité d’enquête seront ensuite soumises au ministère de la Santé pour des actions supplémentaires.»

En attendant que justice soit faite, Corine et Richard nagent en plein désespoir. Pour combler le vide, ils essaient tant bien que mal de se cramponner aux jolis souvenirs que leur a laissés leur fils chéri. «Il était un petit bonhomme gaillard, aimé de tous et très populaire. Il fréquentait l’école RCA de la Salle et aimait l’école. Il aurait fêté ses 6 ans le 1er octobre. Notre bébé ne méritait pas de mourir si jeune, il était notre bonne étoile. Nous voulons absolument que justice soit faite», confie Corine, les larmes aux yeux, en serrant la photo de son fils contre son cœur.

Une vie de famille brisée, des rêves envolés… Les jours à venir s’annoncent très durs pour Corine et Richard, sans leur bonne étoile.

La SACIM s’explique

Le voyage du petit Tyron en Inde où il devait se faire opérer avait été annulé, car il était, selon un médecin du gouvernement, opérable à Maurice. C’est ce que nous explique le Dr Amrit Rajcoomar, président du Society for Aid to Children Inoperable in Mauritius (SACIM) : «Il y a toute une procédure à suivre avant d’envoyer un enfant à l’étranger pour des soins. Dans le cas de Tyron Ladaub, un médecin de l’hôpital avait certifié qu’il pouvait l’opérer. Nous avons alors annulé son déplacement à l’étranger. Selon la procédure, c’est un panel de médecins qui décide si l’enfant est opérable à Maurice ou pas», précise-t-il. Il concède toutefois qu’aucun panel de médecins ne s’est réuni pour le cas de Tyron Ladaub. «Mais le médecin que nous avons contacté est lui-même membre du board en question. Ce qui veut dire que le verdict aurait été le même : que l’opération de Tyron était possible à Maurice.»

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