«La vie m’a tout donné. Et maintenant, c’est à mon tour de retourner ces faveurs»
«Je suis un grand sentimental qui a toujours en mémoire le mouvement de 82»
à la mort de son jeune frère, Oomar, il y a eu un déclic. «Il a commencé un travail que je souhaite continuer.» Ainsi parle le fils de l’ancien président de la République (Cassam Uteem) qui explique ici les raisons de son entrée en politique, précisément chez les mauves…
Q : Vous avez été présenté, le 1er mai, comme l’une des nouvelles recrues du MMM. Quelles sont vos motivations ?
R : Quand vous êtes né dans une famille de politiciens, quand vous avez connu la vague de 82, quand vous avez accompagné votre père – qui est pour moi une source d’inspiration et un ami – dans les meetings, vous êtes définitivement attiré par la chose politique.
Q : Mais vous n’aviez jamais montré un quelconque intérêt pour la chose politique...
R : Je n’en ai jamais montré parce que mon frère (Oomar décédé récemment ) était déjà en politique et j’étais à ses côtés lors de la dernière campagne électorale dans la circonscription No 2. à sa mort, il y a eu un déclic car beaucoup de personnes qui l’avaient côtoyé sont venues me voir et m’ont dit qu’elles souhaitaient que quelqu’un de la famille continue le travail que Oomar avait commencé. J’ai alors réalisé qu’il était de mon devoir de mettre mes compétences au service de mes compatriotes.
Q : Vous dites qu’il y a eu un déclic à la mort de votre frère. Est-ce que vous voulez en quelque sorte le remplacer ?
R : Ce serait prétentieux de ma part de vouloir le remplacer. Disons qu’il a commencé un travail que je souhaite continuer. Il y a eu aussi l’épisode de l’azaan et cela m’a fortement motivé à prendre ma décision car j’ai pu constater comment certains politiciens ont joué avec le feu avec ce problème délicat.
Q : Qu’est-ce qui explique votre adhésion au MMM ?
R : C’est assez naturel pour moi de me retrouver au MMM. C’est le parti avec lequel je me sens le plus proche. Je suis un grand sentimental qui a toujours en mémoire le mouvement de 82 et le slogan enn sel lepep enn sel lepep. Ce sont cette
culture et ces principes qui ont forgé mon adolescence et ma conviction.
Q : Sauf que le MMM d’aujourd’hui ne ressemble pas beaucoup à celui de 1982…
R : Moi, je pense qu’en ce moment on est en train de vivre un renouveau du MMM. Je crois que ce parti, alors qu’il faisait partie du gouvernement dans les années 90 et 2000, a pu, par moments, s’égarer de certaines de ses valeurs ou, du moins, a pu être percu se déviant de certains de ses principes. Mais aujourd’hui, on retrouve cet élan de solidarité, de patriotisme, cette envie de sortir de ce gouffre économique, ce mal de vivre de la population. Et lors du meeting du 1er mai, on a pu constater que la foule présente à Rose-Hill réunissait toutes les composantes de la nation mauricienne. à la première rangée de l’assistance, il y avait les planteurs de Riche-Terre et j’ai également constaté une forte délégation musulmane des circonscriptions 2 et 3.
Q : Quelles sont les conditions de votre entrée au MMM. Est-ce que vous intégrez directement les hautes instances du parti ?
R : On n’a pas encore décidé des modalités. Je pense que, dans un premier temps, je vais adhérer à une branche régionale et je commencerai à travailler. Je souhaiterais être dans la circonscription No 2. Et ce, pour deux raisons : c’était la circonscription de mon frère et c’est aussi celle de l’actuel vice-premier ministre et du maire de Port-Louis. Soit deux personnes, deux symboles qui n’ont fait rien pour cette circonscription. Ce ne sera pas mal de les défier.
Q : Et vous vous mettrez en situation de challenger ?
R : Ce n’est pas le fait d’être challenger. Je serai en position de défendre les intérêts des habitants de cette circonscription de Port-Louis en particulier. Parce que cette circonscription compte des régions les plus pauvres, des régions où les routes sont en très mauvais état et où, à Vallée-Pitot par exemple, les gens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Q : Mais le parti que vous intégrez, le MMM, était au pouvoir avant les dernières élections. Est-ce à dire qu’il n’a rien fait pour cette circonscription ?
R : Le MMM a régularisé la situation de la plupart des squatters qui vivaient dans des conditions précaires en permettant à chaque famille qui avait besoin d’une dalle de recevoir une aide financière. Ce n’est pas exact de dire que le MMM n’a rien fait. Pour ma part, je ne suis pas là pour m’attarder sur le passé, encore moins pour faire des procès d’intention. Je constate que les gens souffrent, que les prix des denrées augmentent de jour en jour. Et je suis venu pour donner un coup de main dans le but de trouver des solutions face à ce découragement que je perçois chez les jeunes que je côtoie.
Q : En voulant travailler dans la circonscription No 2, ne risquez-vous pas de faire de l’ombre aux anciens de cette région, notamment à Abdullah Hossen qui y était candidat lors des dernières élections ?
R : Non, ce n’est pas une question de faire de l’ombre à qui que ce soit. Je crois que dans le train de la réforme, il y a de la place pour tout le monde car nous avons besoin des gens de bonne volonté.
Q : Est-ce que votre entrée au MMM vous garantit un ticket pour les prochaines élections générales ?
R : Bien sûr que non! D’ailleurs, je ne fais pas de la politique pour tirer un quelconque avantage personnel. Par la grâce de Dieu, j’ai toujours été plus privilégié par rapport à d’autres. J’ai été boursier. Aujourd’hui, je suis avocat dans l’offshore. Au niveau professionnel, je ne peux pas me plaindre. Sur le plan familial, c’est pareil. J’ai des parents, une femme et des enfants formidables. La vie m’a tout donné. Et maintenant, c’est à mon tour de retourner ces faveurs dont j’ai été gâté. Il est temps pour moi de voir comment je peux aider ces gens qui sont dans la souffrance. Si demain on me propose un ticket et qu’on me demande de poser ma candidature, c’est certain que je vais considérer l’offre.
Q : On constate que lors des meetings du 1er mai, le PTR et le MMM ont épargné le MSM. Pensez-vous que le parti de Pravind Jugnauth représente un joker ?
R : Le parti de Pravind Jugnauth a un leader vaish qui porte le nom de Jugnauth et pour une partie de la population, être vaish et s’appeler Jugnauth a un certain poids.
Q : Tout comme être musulman et s’appeler Uteem…
R : Oui, comme être chrétien et s’appeler Duval. Cela dit, il ne faut pas oublier que le MSM est le parti qui a le plus de députés dans l’opposition pour l’instant. Je ne sais pas s’il est un joker, mais il n’y avait aucune raison pour que le MMM s’attarde sur le MSM dans la mesure où l’adversaire est clairement l’alliance sociale.
Q : Est-ce donc à dire que vous voyez une nouvelle alliance MSM-MMM à l’avenir?
R : Je vois une alliance entre tous les gens de bonne volonté, pas seulement avec le MSM, mais avec tous les autres partis qui veulent vraiment des choses. Je n’exclus pas la possibilité d’avoir un parti d’unité nationale où se retrouveront des gens compétents de tout bord politique au service de la nation. Je rêve d’une grande alliance qui regrouperait tous les gens, indépendamment de leur couleur politique.