Le cœur qui bat la chamade. La sueur qui perle au front. Des images d’horreur qui défilent dans la tête. Une angoisse sournoise, ici poussée à l’extrême, s’insinue petit à petit dans l’esprit des Mauriciens. Ils ont peur… Peur de prendre la route, peur de faire un accident, peur de perdre des proches. Encore plus depuis quelque temps.
Car depuis le début de l’année, les accidents spectaculaires, graves, avec parfois plusieurs morts et blessés, comme celui de Sorèze le 30 avril 2013, s’enchaînent tragiquement. Comme une malédiction. D’ailleurs, certains n’hésitent pas à blâmer le 13 ou encore le 3, car ces deux chiffres sont présents dans toutes les dates des catastrophes majeures de cette année ! Ça c’est pour la partie superstition. Toujours est-il que trop, c’est trop.
Depuis le début de l’année, il y a eu pas moins de 65 accidents fatals, selon la Traffic Branch, qui ont fait 80 victimes. 80 ! Vous vous rendez compte ? Rien que cette semaine, la route en a fait huit – dont les quatre décédées d’un seul coup dans le terrible accident de Bel-Étang quand un camion a heurté une voiture en stationnement. Un autre accident, cette fois à Roches-Brunes, a fait s’échauffer les esprits, augmentant encore le sentiment d’insécurité et le ras-le-bol qui ne cessent de gagner la population. Un autobus de la CNT (encore un !) est entré en collision avec un van qui transportait des élèves de primaire parce qu’il ne s’est pas arrêté à une route principale. Bilan : plusieurs enfants blessés.
D’autres accidents spectaculaires n’ont pas fait de morts, heureusement, mais ont tout de même choqué la population. À Palma, en début de semaine, un camion s’est renversé faisant deux blessés et, hier, un autobus individuel est entré dans un parapet à Camp-Fouquereaux et un de la CNT (oui, encore !) a heurté un bâtiment au dépôt de 16e Mile, faisant un blessé. Presque chaque jour est entaché par un nouvel accident, fatal ou pas. Personne n’est à l’abri et tout le monde a peur. Tout le monde, ou presque… Car certains conducteurs ne semblent avoir peur de rien. Ils roulent comme des fous, conduisent en état d’ivresse, faisant fi des risques qu’ils font courir aux autres et à eux-mêmes.
Le Code de la route, la sécurité, très peu pour eux. Même l’entrée en vigueur du fameux permis à points n’a pas d’effet dissuasif sur eux. D’autant que cette entrée en vigueur s’accompagne de plusieurs couacs, concernant notamment les speed cameras, sur lesquels surfent allègrement nos chauffards. Ils doivent aussi se dire que de toute manière, il y a sûrement moyen de s’arranger si on se fait choper par les policiers.
Car c’est là aussi où le bât blesse. Tant que la corruption sévira, il y en aura qui continueront à ne pas respecter les lois et à nous enlever brutalement nos parents, nos enfants, nos voisins, nos collègues. Oui, il y a les chauffards, la corruption mais il y a aussi les routes inadaptées au flot de véhicules qui y déferlent chaque jour… Sans compter le gros problème CNT que les autorités continuent de nier. Tant qu’il y aura tout ça, des Mauriciens continueront à circuler sur les routes, que ce soit en voiture, en autobus, à moto ou même à pied, avec la peur au ventre. Car personne n’est à l’abri.