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Un enfant, un collège

Certes, il existera longtemps encore des nostalgiques du ‘ranking’ au CPE! Ceux-là estiment que son abolition - le ‘ranking’ a cédé la place au ‘grading’ - ne permet pas l’éclosion de l’élite.

Toujours est-il qu’il faut admettre que depuis l’introduction de la régionalisation, la proclamation des résultats du CPE ressemble moins à un jour-événement que dans le passé. Et c’est tant mieux !

Fini ce malaise ressenti par nombre d’enfants se bousculant, cherchant en tremblant leurs noms sur ces fameuses listes. Des listes qui ont souvent mis fin aux rêves de certains gosses.

Combien sont ceux, qui, dans le passé y ont cherché désespérément leurs noms sans jamais les trouver. Combien sont ces parents qui ont vécu le non-classement de leurs enfants comme un véritable drame, pleurant parfois plus que leurs enfants, reprochant à ces têtes d’à peine onze ans bourrées de leçons particulières d’avoir mal travaillé.

La peine et la désolation étaient souvent visibles sur les visages de ces enfants privés parfois de leurs cadeaux de Noël (les résultats ayant toujours été proclamés deux semaines avant cette fête), n’ayant pas bien bossé selon des parents dont certains éprouvaient même, semble-t-il, une certaine honte devant la catastrophe de leurs gosses.

Ceux-là qui refusaient de comprendre que 5 points, en moins ou en plus, jouaient un rôle capital dans l’exercice de comptabilisation au CPE. Pour ces parents-là, bien travailler a signifié pendant longtemps être classé.

Et là encore ! Souvent, il ne suffisait pas d’être classé, mais encore fallait-il avoir un bon rang pour se retrouver dans une de ces ‘star schools’. Et combien d’enfants ont dû redoubler uniquement pour avoir un meilleur rang l’année suivante, quitte à perdre 12 mois de leur vie.

Une «rat race» qui a entraîné bien souvent une compétition malsaine entre les petits camarades de classe qui ont vécu leur CPE comme une période de douleur, un fardeau difficile à porter, un cap difficile à franchir, une année de sacrifices.

Mais hier, jour de la proclamation des résultats, les sentiments n’ont pas été tout à fait pareils. D’autant plus qu’avec la régionalisation, les collèges sont attribués le jour même de la réception des résultats.

S’il est vrai qu’il y a quelques parents insatisfaits (il y en aura tout le temps) du collège alloué à leurs enfants, s’il est aussi vrai que les résultats sont décevants pour certains, il faut admettre que l’exercice ne donne plus lieu à cet état de désespoir qui a régné dans le passé.

Et ne serait-ce que pour ça, il faut admettre que le ministre Obeegadoo est celui qui a eu le courage qu’il faut pour enclencher un début de réforme dans le système éducatif.

Dès le départ, le ministre n’a pas eu la partie facile, encore moins cette année où, pour la première fois, les langues orientales sont comptabilisées.

Le ‘ranking’ étant désormais derrière nous, c’est cette fois-ci l’éducation obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans que le ministre vient d’introduire. Une preuve supplémentaire d’un courage et d’un pas de plus dans la réforme de notre système d’éducation.

D’abord un collège pour chaque enfant ayant réussi ses examens du CPE. Mais ensuite, s’assurer que même ceux qui ont échoué trouvent une place dans un «Prevocational Department» des collèges d’État ou privés. Une manière d’encourager des parents, qui souvent, après l’échec de leurs enfants aux examens du CPE, voient l’avenir de ceux-ci brisés dès l’âge de 12 ans. Souvent aussi, ces parents-là ne savent pas à quelle porte frapper, leurs enfants n’ayant obtenu aucun collège.

Au moins avec cette scolarité obligatoire - qui pourrait être difficile à appliquer pour ceux qui préfèrent que leurs enfants trouvent plutôt du travail, - ces enfants qui échouent au CPE peuvent se permettre, eux aussi, d’avoir une place là où on leur ouvre une porte sur l’apprentissage. La chance d’apprendre doit être donnée à tous et non seulement à l’élite que prônent les nostalgiques du ‘ranking’….

seblin@5plus.mu

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