«Certains jeunes deviennent actifs sexuellement à 12-13 ans. » C’est Sangeet Jooseery, président de la ‘Mauritius Family Planning Association’, qui l’affirme dans nos colonnes en page 9 en réponse à une question sur l’introduction de l’éducation sexuelle dès l’école primaire. Voilà un sujet sur lequel le ministère de l’Éducation devrait se pencher en urgence, sans hésitation, à l’heure où le comportement des jeunes connaît une évolution rapide.
Car il est un fait que, de nos jours, l’adolescence arrive de plus en plus tôt, et qu’une période pré-adolescence remplace - malheureusement - souvent celle de l’enfance.
Dans un monde où les enfants connaissent une précocité surprenante, dans un pays imbibé de religion comme le nôtre, dans une société ou le sexe reste tabou, attendre le moment de la puberté pour expliquer aux enfants leur sexualité est déjà sans doute trop tard.
D’autant plus qu’à ce moment-là, le jeune garçon ou la jeune fille aura déjà eu le temps d’être (mal) informés – au travers de livres, de films, ou par l’intermédiaire d’amis – sur les questions liées à sa sexualité. Imaginons la réaction d’un jeune garçon (qui n’y a jamais été préparé) devant sa première érection. Imaginons une fillette surprise par l’apparition de ses premières règles.
Comment ne pas comprendre le trouble, le gêne, le malaise face à ce changement normal du corps ? Vers qui se tournera ce jeune garçon ou cette jeune fille pour trouver les réponses à leurs multiples questions? Certainement pas vers les parents dont la majorité esquivent ce sujet ou encore ne savent pas comment trouver les mots pour en parler à leurs enfants. On voit mal un jeune, devant ses interrogations, s’en aller s’informer auprès d’un médecin, ou d’un professionnel en matière de sexologie.
Il reste donc l’école, qui pourrait être dès le primaire, une plate-forme pour l’Éducation sexuelle des enfants. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de choquer ou de traumatiser des gosses de 6 ans. D’ailleurs, c’est peut-être là que plusieurs parents font erreur en croyant que Éducation sexuelle veut seulement dire relation sexuelle alors qu’il y a tant de questions liées à la sexualité.
Il appartient donc aux pédagogues, aux psychologues, aux partenaires de l’éducation de trouver le vocabulaire qu’il faut pour éduquer comme il se doit ces enfants d’aujourd’hui, adultes de demain. Le ministère devrait aussi veiller à ce que les éducateurs ne soient pas victimes de certaines idées préconçues basées sur une certaine moralité.
Car c’est seulement en éduquant correctement la jeune génération que nous pourrons éviter des cas d’abus et d’inceste sur des enfants (ces derniers sauront que c’est interdit), et d’autres de viol et sodomie parfois commis par les adolescents eux-mêmes.
Une bonne éducation sexuelle évitera également des grossesses non-désirées chez ces adolescentes qui découvrent leur état souvent après cinq ou six mois de grossesse et qui, dès lors, abandonnent l’école, brisant par la même occasion toute possibilité de poursuivre leurs études et rendant leur avenir vulnérable.
C’est aussi parce que nos enfants seront bien informés qu’ils seront mieux armés à comprendre les risques des maladies sexuellement transmissibles à l’heure où le sida progresse malheureusement à Maurice et où plusieurs pays sont décimés par cette maladie.
Maurice a encore le temps de réagir. L’éducation sexuelle des jeunes doit être envisagée en urgence par ceux concernés. Et comme le dit Sangeet Jooseery « Ce que nous voulons, c’est que le gouvernement agisse vite et prenne des actions concrètes parce que nous sommes dans une situation critique. » La question est urgente. Car, alors qu’il y a débat, les jeunes de 12 - 13 ans continuent à avoir une vie sexuelle active, la plupart du temps sans protection et sans information.