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Le judiciaire au banc des accusés

Le judiciaire est dans la mélasse. Un récidiviste notoire a fait de graves allégations contre la juge Rehana Mungly-Gulbul. Celle-ci dément. Il est ici question, non seulement d’un honneur à sauver, mais d’une institution à protéger : le judiciaire.

Depuis le début de cette semaine, une allégation d’avoir accepté un pot-de-vin pèse sur la juge Rehana Mungly-Gulbul.

Le récidiviste notoire qu’est Yousouf Dabidin allègue, dans une déposition à la Commission anti-corruption (ICAC), qu’il a, en début de 2002, payé Rs 5 000 à la juge, alors ‘Presiding Magistrate’ à la Cour intermédiaire. Il voulait, dit-il, par son geste, que la magistrate se montrât clémente envers lui quand elle rendrait son jugement. Il était poursuivi pour l’émission de quatre chèques sans provision d’un montant d’environ Rs 200 000.

Or, en mars 2002, quand elle rend son jugement, la magistrate Gulbul a appliqué dans toute sa rigueur la loi - sous la Section 330 B (1) et la Section 12 du ‘Criminal Code’ - pour infliger 18 ans de servitude pénale à Yousouf Dabidin. Celui-ci la dénonce après plus de deux ans et réclame la réouverture de son dossier en Cour.

La juge, en prenant connaissance du caractère sérieux des allégations du récidiviste, s’est empressée, mardi dernier, d’aller consigner une déposition aux Casernes centrales pour tout nier en bloc. Elle n’a jamais touché un quelconque mandat-poste, affirme-t-elle aux policiers, en présence de son mari et avocat, Me Raouf Gulbul.

Le récidiviste Dabidin a donné quelques explications précises aux enquêteurs de l’ICAC. Le paiement des Rs 5 000, allègue-t-il, s’est fait par le biais d’un mandat-poste.

Ce document, s’il existe, devrait être quelque part dans les archives de la Poste centrale. Il permettrait aux enquêteurs de constater si effectivement Mme Gulbul a bien touché un pot-de-vin et, si tel était le cas, l’affaire serait grave. La juge devrait être arrêtée, traduite en Cour et suspendue de ses fonctions. Si elle était trouvée coupable, elle serait radiée du barreau.

Par contre, si les enquêteurs de l’ICAC, après un interrogatoire serré du détenu, arrivent à prouver que les allégations du récidiviste Dabidin sont farfelues et qu’elles ont été montées de toutes pièces, l’affaire est tout aussi grave.

M. Dabidin devra avouer le mobile de son acte et balancer – si c’est effectivement il a été manipulé - le nom de ceux derrière cette machination. Il est trop aisé à n’importe quel quidam, à travers des allégations, de jeter l’opprobre sur un de nos juges pour ternir son image et, par ricochet, celle de tout le judiciaire. Inacceptable.

Au-delà de la juge Rehana Mungly-Gulbul, il est question ici d’une institution, souvent montrée du doigt, à tort ou à raison, qui est mise en cause. Plus vite les officiers de l’ICAC auront finalisé leur enquête, mieux ce sera pour le judiciaire. Qu’importent les conclusions de l’ICAC.

dedans@5plus.mu

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