Fallait-il diffuser sur écran géant le film de la libération provisoire de Marcelin Azie ? C’est ce qu’ont jugé utile de faire les membres du Hizbullah vendredi dernier.
Lors d’un meeting public de ce parti à Plaine Verte, Marcelin Azie, entouré de ses proches, a été présenté comme un «frère» par un des orateurs et applaudi par les membres de l’assistance alors qu’on projetait le film de sa libération sous caution. D’autres images ont défilé au cours de cette projection, notamment celles de la libération de Cehl Meeah et pays en guerre.
Si le Hizbullah est un parti politique libre de ses actes, il est toutefois inquiétant de présenter ainsi Marcelin Azie qui ne jouit, pour le moment, que d’une liberté conditionnelle que lui a accordée la Cour.
À ce jour- et les responsables du parti Hizbullah le savent- Marcelin Azie est toujours accusé provisoirement d’avoir tué Nadine Dantier même si la charge d’assassinat et de viol sous laquelle il était initialement poursuivi a été changée en une de meurtre.
Marcelin Azie est accusé parce qu’il avait d’abord fait des aveux sur lesquels il est revenu par la suite. Des aveux au cours desquels, selon la police, l’inculpé a donné moult détails sur l’agression de la jeune Nadine Dantier.
Alors que cette enquête donne, depuis quatorze mois, du fil à retordre aux enquêteurs, l’initiative du Hizbullah d’inviter Marcelin Azie sur une plate-forme politique contribue à épaissir encore plus le flou qui existe déjà autour de cette affaire. Et ce, même si certains croient que tout est permis en politique !
La confusion peut surgir d’autant plus qu’à ce meeting, d’autres sujets d’actualité, comme les récentes augmentations des prix ou encore la situation économique du pays, ont été abordés Des sujets à caractère politique qui n’ont, a priori, rien à voir avec une libération conditionnelle d’un suspect dont le sort relève du judiciaire.
Ce n’est pas sur une plate-forme politique que Marcelin Azie doit prouver son «innocence» ( qu’il clame depuis qu’il a retrouvé la liberté conditionnelle), mais c’est en Cour qu’il doit expliquer laquelle des deux versions qu’il a données sur l’agression de Nadine Dantier est vraie.
Avec la libération conditionnelle de Marcelin Azie, l’enquête, cette fois, semble reprendre la direction de la case départ, provoquant des questions supplémentaires. Pourquoi, donc, cette fois, la police n’a pas objecté à la libération conditionnelle du suspect ?
Que l’on sache, en Cour jeudi dernier, il n’y a eu aucun argument supplémentaire apporté par l’homme de loi de Marcelin Azie. Et pourtant, cette fois, la police a dit oui pour que le suspect retrouve la liberté. Est-ce à dire que Marcelin Azie aurait pu retrouver sa liberté provisoire plus tôt ? Voilà une autre interrogation sur cette affaire. Et maintenant,
la police devrait-elle recommencer toute l’enquête ?
C’est Azie lui-même qui réclame que les résultats des prélèvements ADN effectués sur sa personne soient publiés. Il est incompréhensible qu’une année après ces tests, ces résultats ne soient toujours pas disponibles. Cela est tout simplement révoltant.
Cette situation devrait d’ailleurs servir d’exemple pour que notre police se dote de moyens et de professionnels nécessaires afin que dans le futur, Maurice n’ait pas besoin de se fier à l’expertise étrangère, évitant ainsi une deuxième affaire Nadine Dantier.
Comme nous avons eu l’occasion de le dire dans ces mêmes colonnes, la publication des résultats de ces tests ADN pourraient certainement mieux guider les enquêteurs qui ne savent plus sur quel pied danser. Il y a urgence dans cette affaire qui prend des directions et des proportions
incontrôlables, allant jusqu’à projeter la libération d’un suspect sur écran géant…