Ils ont fait la ‘une’ cette semaine ! Deux visages de gamins ! L’un, Fabrice, 16 ans, l’autre Niven, 17 ans. Deux ados, encore étudiants, illustres inconnus jusqu’à mardi dernier. Depuis, toute la presse ne parle que d’eux. Les titres sont flatteurs à leur égard. Ils font l’événement!
Fabrice Bauluck et Niven Ramasubbu, deux noms supplémentaires inscrits au tableau de notre nouvelle génération d’ambassadeurs qui, grâce au sport, contribue à cette visibilité de Maurice qui nous fait défaut actuellement.
Encore une fois, le bonheur est venu à travers deux sportifs. Fabrice et Niven ont fait, eux aussi, flotter notre drapeau mauricien en terre étrangère! Ceux-là nous reviennent en héros. Ils retournent du championnat du monde de kickboxing junior où ils ont brillé. Une médaille d’or pour Fabrice, et une de bronze cette fois pour Niven.
Et du coup, soudainement, voilà une discipline, le kickboxing, projetée dans la lumière et ce grâce à deux anonymes qui chaque jour, nourissaient leur rage de vaincre, s’accrochant à leurs entraînements, et qui partagent aujourd’hui leur joie, en savourant le fruit des efforts et des sacrifices.
Car, comme l’a répété leur entraîneur Judex Jeannot dans la presse, la victoire de Fabrice e de Niven n’est pas dû au fruit du hasard. Comme Buckland, Milazar et Chimier, ces gosses-là ont appris très tôt que sans efforts, il n’est pas permis d’espérer.
Et si Niven fréquente le collège St- Marys, par contre, Fabrice, lui, fait ses classes à Hamilton là où «en général, la population estudiantine» est «composée d’élèves qui n’ont pas brillé aux examens du CPE,» comme nous le dit le recteur de cet établissement, Khaleck Esoof en page 56. Un collège loin d’être une ‘star school’ mais qui a en son sein une star mondiale, rappelait le recteur, mardi dernier, lors de l’accueil chaleureux réservé aux deux athlètes dans l’enceinte du collège.
Un exemple de plus, si besoin est, de l’illustration du proverbe populaire qui veut que ‘vouloir c’est pouvoir’.
Cette médaille d’or de Fabrice témoigne aussi du grand coeur de ce ‘ti collège’ combien modèle. Là-bas, les élèves savent encore la signification du mot générosité. Ils ont contribué «sa 5 sous qui ti manqué pour faire ene roupie» pour le voyage de leur camarade de classe Fabrice. (Voir pages 56 et 57)
La générosité, l’esprit de solidarité : l’exemple vient aussi de cette amitié qui lie Fabrice à Niven, deux étudiants qui se considèrent comme des frères, Niven accueillant parfois chez lui son ami Fabrice, lui évitant le long parcours Rose-Hill-Mahébourg, c.-à-d du lieu d’entraînement à sa résidence. Comme quoi, tout n’est pas perdu dans ce pays !
Combien y en a- t- d’autres, ces jeunes qui ont le potentiel pour réussir mais qui, malheureusement, ne rencontrent aucun entraîneur sur leur route ? C’est là que le ministère de la Jeunesse et des Sports devrait intervenir en recherchant une collaboration avec les directeurs des établissements scolaires pour ne pas laisser s’échapper des talents qui ne demandent qu’à s’épanouir.
À l’école d’abord. Mais combien de jeunes prodiges peut-on également découvrir dans les cités, les faubourgs ? Malheureusement, ceux-là n’ont aucun moyen de se faire connaître. Là encore, le ministère devrait trouver ces médiateurs qui pourraient dénicher ces jeunes champions qui s’ignorent, ces athlètes de l’avenir. Fabrice et Niven ont été accueillis triomphalement mardi dernier. De l’ombre, ils ont été projetés en pleine lumière.
Reste maintenant à nos deux jeunes de savoir gérer ce nouveau statut de vedette, de continuer sur cette route et de ne pas- comme on l’a déjà vu dans le cas d’au moins un champion du monde- se retrouver sur de sombres avenues au risque, cette fois, de figurer dans les pages des faits divers des journaux.
On préfère que Fabrice et Niven fassent la ‘une’ autrement. Comme cette semaine par exemple.