Et les tests ADN alors ? Est-il normal que plus d’une année après l’arrestation d’un suspect, les résultats finals de ses tests ADN se font toujours attendre ? Cela fait quinze mois maintenant que Nadine Dantier est morte, et plus d’une année que Marcelin Azie a été arrêté par la police et qu’il a subi des tests ADN.
Où sont donc ces résultats que le Premier ministre lui-même avait promis à l’Assemblée Nationale l’an dernier? Aux yeux de la population, la chose pourrait paraître simple, voire simpliste. Soit Marcel Azie a dit vrai dans sa première déposition en avouant le viol couplé du crime odieux de Nadine Dantier, soit, comme il dit dans sa deuxième version, il n’aurait pas commis le viol.
Comment le savoir ? Il n’y a que les résultats des tests ADN qui peuvent, valeur du jour, aider à distinguer le vrai du faux dans une enquête qui, au fil des semaines, prend des dimensions disproportionnées et inexplicables, le dernier rebondissement étant le ‘témoignage’ de Nadine Chaton qui, de dénonciatrice en début de semaine est devenue une fabulatrice pour la police.
Les autorités policières n’ont-elles pas les moyens pour réclamer le plus rapidement possible les résultats de ces tests attendus de l’Afrique du Sud ?
Cette préoccupation devrait être urgente dans la mesure où l’affaire Dantier commence à déboussoler plus d’un et que, comme d’habitude, les plus folles rumeurs entourent ce crime, l’une d’elles faisant accroire par exemple que les résultats des tests ADN de Marcelin Azie se seraient avérés négatifs.
C’est dire à quel point ces résultats sont capitaux pour la suite de cette affaire. Comment accepter dès lors que ces résultats prennent tout ce temps pour parvenir aux enquêteurs ?
Cette enquête illustre également à quel point certains moyens font défaut dans ce pays qui, selon son Premier ministre, serait « le mieux géré du monde.» Si Maurice avait les équipements et les professionnels qu’il faut en matière de test d’ADN, et si on n’avait pas eu besoin de faire appel à l’Afrique du Sud, au moment où ce crime avait été commis, on n’en serait certainement pas là aujourd’hui à se demander si Marcelin Azie est coupable ou non de cette violente agression sexuelle.
À quoi peut-on aujourd’hui avoir recours si ce n’est qu’à ces résultats des tests ADN dans cette affaire criminelle où il y a eu deux versions des faits du principal suspect ? Il est d’abord passé aux aveux en donnant des détails sur la manière dont se serait déroulé cet acte criminel, conduisant ensuite les policiers à l’endroit où le crime a eu lieu et participant à l’incontournable reconstitution pour revenir ensuite sur sa déposition, niant cette fois sa participation à l’agression et clamant son innocence.
Une affaire encore plus compliquée quand on prend en ligne de compte l’intrigue de cette histoire : tiraillements entre la famille Dantier et le petit ami de la victime, demande surprenante de la famille Dantier pour l’ouverture du cercueil de leur fille dans le but de vérifier le contenu d’une lettre adressée par le petit ami, évocation de l’existence d’un voyant par un hebdomadaire (L’Hebdo) et, pour finir, une femme sortie de nulle part qui affirme avoir vu le déroulement du viol et du meurtre. À dormir debout.
Première surprise passée - surtout quant au silence de ce soi-disant témoin pendant plus d’une année - c’est en s’appuyant uniquement sur le témoignage de cette femme que la police a annoncé - à la manière d’un film à suspense - que des développements majeurs auraient lieu pendant cette semaine. La population a attendu. Alors que l’on croyait trouver finalement les coupables, c’est à un tout autre scénario qu’on a assisté. Développements et arrestations, certes il y en a eu. Mais pas dans la direction qu’on imaginait. Cette fois, c’est le ‘témoin’ qui aurait assisté au crime qui s’est lui-même retrouvé sous les verrous, accusé d’avoir ourdi un complot. Un imbroglio qui ramène l’enquête au point de départ. En attendant, il n’y a que les tests ADN qui aideront à y voir plus clair…