Cherche alliance désespérément. Le Hizbullah veut se donner une nouvelle virginité et veut abattre son hideux paravent d’extrémiste qui effraie tant. Pour cela, une opération séduction a lieu actuellement et Cehl Meeah fait toutes sortes de contorsions pour s’assurer, «coûte que coûte», un siège de député à l’Assemblée nationale en 2005.
Que faire quand on ne peut battre l’ennemi ? Il faut le joindre. C’est la nouvelle stratégie de Cehl Meeah qui, « assagi » après son séjour à La Bastille, veut assurer la pérennité du Parti d’Allah dont il est la figure de proue.
Comme il est la vitrine du parti et qu’on le diabolise volontiers, il tend la main et fait les premiers pas. Avec, toutefois, une préférence pour le MMM qu’il a jusqu’ici combattu.
Même s’il ne le dit qu’à demi-mot en page 11 de cette édition, plusieurs facteurs tendent à expliquer la nouvelle posture du leader charismatique du Parti d’Allah.
Pour Cehl Meeah, une bonne frange de la circonscription No 3 est encore acquise au MMM. Sa lecture de la situation géopolitique lui fait comprendre aussi que l’élection du Dr Siddick Chady en septembre 2000 n’aurait été qu’un accident de parcours. L’électorat du No 3 a voté le candidat Chady sans réellement être des fervents Travaillistes.
L’autocritique amène aussi Cehl Meeah à reconnaître que son Hizbullah ne progresse que marginalement au fil des élections. Son réservoir électoral stagne à vue d’œil. Comment alors oser rêver d’une percée politique, synonyme d’une présence à l’Assemblée nationale en 2005, avec une force qui n’évolue que timidement au fil des ans ?
Sans passer à l’ennemi, Cehl Meeah tente de séduire le cœur des militants. Il envoie des messages qu’il croit codés, mais qui sont, en réalité, clairs. D’abord, s’il y a une partielle, il se sacrifie pour ‘dédiaboliser’ le Hizbullah. Sans Bye Cehl, le Parti d’Allah devient une fille à marier.
Puis, il avance que s’il y a une partielle au No 3 et que si le MMM - ou toute autre formation politique - donne l’investiture à «un bon candidat», le Hizbullah soutiendra pleinement ce poulain, «sans pour autant soutenir le parti. »
Le parti de la rue Magon est même disposé à se retirer de la joute pour laisser le champ libre au « bon candidat. » Ce faisant, il brade son propre électorat obligé à suivre la ligne de parti qui est souvent celle du chef.
Au fond, le calcul de Cehl Meeah est pour le long terme. La partielle ne l’intéresse que très peu. Lui veut devenir ‘Honorable Member’ dans un premier temps. Ensuite, ‘the sky is the limit’.
Les appels de pied du célèbre détenu de La Bastille semblent ne tomber que dans des oreilles de sourds, pour le moment. On comprend ceux vers qui ces clins d’œil sont adressés : peuvent-ils dîner avec un homme qu’ils ont diabolisé, même avec une longue cuillère, sans froisser leur électorat traditionnel ?
Cehl Meeah est conscient de ce dilemme, mais il est un homme patient. Il a mis beaucoup d’eau dans son alouda. Il croit que son ‘qurbani’ (sacrifice) ne sera pas vain. Il a encore en mémoire l’empressement du Premier ministre à le recevoir à sa sortie de prison.