Leur sincérité ne peut être remise en cause. Idem pour leur ténacité au combat. Mais qu’est-ce qui pousse les Verts Fraternels à demeurer encore au gouvernement, tout en étant très critiques à son égard ?
Les Verts Fraternels mènent une bataille en faveur d’une compensation aux descendants d’esclaves. Élie Michel, président de ce parti, explique le pourquoi de leur démarche dans l’interview que nous publions en page 8 de cette édition.
On veut croire que les méchants colons ont raflé tous les biens des esclaves et que cette escroquerie à grande échelle a pu avoir des conséquences sur les générations des descendants d’esclaves. On veut bien que des institutions, qui se seraient enrichies avec l’argent des esclaves, doivent aujourd’hui compenser le mal causé il y a plus de deux siècles.
Il est aussi juste que les pays qui nous ont colonisés doivent réparer les torts causés, puisque l’esclavagisme a été décrété crime contre l’humanité par les Nations unies. Toutes ces raisons tiennent la route. Il y a toutefois un gros hic.
C’est connu : les frères Michel, Sylvio et Élie, ne vivent pas dans l’opulence. Même si l’un est ministre et l’autre pâtissier. Ce sont des gens d’une simplicité et d’une modestie déconcertantes. Ils se battent pour leurs idéaux, quitte à s’échiner. C’est une rare qualité et c’est tout à leur honneur.
Avec autant de grandeur d’âme, pourquoi Sylvio Michel mène-t-il la fronde dans la rue, tout en étant docile au sein du Cabinet ? Pourquoi l’intransigeance - pour ne pas dire le mépris - de Paul Bérenger face aux revendications des Verts Fraternels ne semble pas avoir d’effet sur Sylvio Michel et les siens ? Pourquoi renouveler à chaque fois l’ultimatum lancé à l’État ?
Il y a une explication à cela : Sylvio Michel et ses camarades ne peuvent plus battre en retraite, au risque de se décrédibiliser aux yeux des descendants d’esclaves. La motion privée, inscrite au nom du député Jean-Claude Armance, a été expurgée pour n’être que l’ombre d’elle-même. L’engagement est désormais assimilé à l’esclavagisme. Ce sont des signes d’une banalisation de leur combat par le gouvernement.
Ce matin encore, les Verts vont lancer leur énième ultimatum, auquel plus personne ne croit. Même pas Paul Bérenger. Hier, il a clairement fait comprendre, lors d’une conférence de presse, que son gouvernement sera impassible face aux menaces des Verts. « J’ai lu que Sylvio Michel nous donne un délai. Cela ne changera rien dans l’attitude du gouvernement », a dit le PM.
Il restera alors aux Verts Fraternels un seul choix : rester coûte que coûte. Ou partir, sur une question d’honneur.