On appelle ça le ministère de la Sécurité sociale. Normalement, ce ministère a pour but de s’occuper des plus démunis, des veuves, des orphelins, des handicapés et de ceux ayant droit à certaines prestations sociales.
C’est ce ministère qui gère aussi la pension de nos vieux, ceux-là même qui - les employés de la Sécurité sociale devraient le savoir - sont inquiets quand on bouscule leurs habitudes et réticents quand on dérange leur quotidien.
La récente pagaille autour de la pension de nos aînés, soudainement affectés dans leur paisible retraite, témoigne de la façon dont ce ministère traite ceux qu’il a le devoir de sécuriser.
Que l’on sache, cela fait plus de deux mois depuis que des mesures ont été annoncées pour réformer le système d’allocation de pension. Cela fait plus de deux mois donc que le ministre, ses conseillers et ses fonctionnaires savent que des changements auront lieu, à partir du mois d’octobre, au niveau de la gestion de la pension.
Fallait-il attendre tout ce temps pour envoyer un «declaration form», questionnaire incompréhensible - de par le jargon utilisé - pour bon nombre de vieux, surtout ceux vivant seuls ?
C’est le Premier ministre lui-même, Paul Bérenger, qui a déclaré, pendant sa conférence de presse, hier, que le questionnaire rédigé en anglais est un problème « pour banne grand dimounes » à qui le Premier ministre a présenté ses excuses, tout en déclarant que «bizin rattrape le coup la prochaine fois.»
Cette situation n’aurait pas prévalu si dès le départ le traitement accordé à ce dossier n’était pas entouré de tant d’amateurisme.
On se souvient encore, juste après l’annonce de cette mesure et suite à une interpellation de l’Opposition au ministre de tutelle à l’Assemblée nationale, à quel point les réponses du ministre de la Sécurité sociale furent imprécises, sinon contradictoires, au sujet de la gestion de l’allocation de la pension comme l’a si bien rappelé le leader de l’Opposition, Navin Ramgoolam, dans sa conférence de presse d’hier.
À partir de ce jour, eu égard à cet exemple trahissant le manque de professionnalisme de ce ministère, n’était-il pas du devoir des cadres de la Sécurité sociale de s’assurer que le travail suivait son cours pour éviter ce grand désordre dans lequel on se retrouve aujourd’hui avec des queues interminables aux différents bureaux de la Sécurité sociale et d’un manque de formulaires, comme l’a concédé lui-même le ministre au cours de sa conférence de presse de jeudi dernier ?
Une campagne de communication aurait permis de répondre à nombre de questions, d’expliquer la démarche du gouvernement, de dissiper plusieurs malentendus, d’enlever des doutes de la tête de ces aînés, tracassés à la moindre requête administrative.
Nos vieux n’auraient pas eu aujourd’hui ce goût amer d’avoir été traités de façon cavalière par un organisme qui a pour but de s’assurer de leur bien-être.
Une bonne explication aurait évité au ministre Sam Lauthan de convoquer la conférence de presse de vendredi dernier au cours de laquelle il a dû repousser à plus tard ( le 15 septembre prochain) la date du retour des formulaires.
Une attitude qui témoigne d’un manque de préparation, d’une mauvaise planification du traitement de ce dossier, d’une précipitation; bref, d’un travail fait à la dernière minute.
Serait-ce ainsi que le ministère de la Sécurité sociale gère d’habitude ses dossiers ?