Saura-t-on la vérité sur Grand-Baie ? Saura-t-on ce qui s’est vraiment passé dans cette station balnéaire le soir du 25 juillet dernier?
Saura-t-on surtout ce qui a provoqué la mort d’Emmy et de Jean-François, couple d’amoureux, venus goûter à quelques moments de bonheur en compagnie de leurs amis ce soir-là ?
Une question qui mérite que l’on s’y attarde, à entendre le Premier ministre lui-même - hier lors de sa conférence de presse - qui parle de point d’interrogation à ce sujet.
Quand l’on prend en ligne de compte les conclusions contradictoires des enquêteurs mauriciens (FSL) et américains (FBI), les enquêtes parallèles sur cette explosion, à l’exemple du propriétaire d’un restaurant qui engage lui-même un expert, et le communiqué du Conseil des ministres de vendredi dernier, il y a de quoi s’interroger.
Ainsi, apprend-on des délibérations du Conseil des ministres, que le «Forensic Science Laboratory (FSL) a confirmé ses conclusions selon lesquelles une substance hautement explosive avait été utilisée sur le site de l’explosion.»
En clair, comme il est souligné depuis la fin de la semaine dernière, les experts du FSL ont découvert des traces de nitroglycérine dans les débris, ce qui accréditerait, dans ce cas-là, la thèse criminelle.
Des conclusions que l’on sait s’opposent à celles des agents du FBI qui privilégient, eux, la fuite de gaz. Et comme pour trancher ce conflit et «vu que les rapports du FBI et du FSL sont encore intérimaires, le Conseil des ministres a donné son aval pour qu’une contre-expertise soit recherchée auprès de l’Afrique du Sud lorsque les rapports finals seront reçus.
Ainsi, il reviendra à l’Afrique du Sud de jouer les arbitres dans ce conflit qui n’aurait pas dû exister. Aux experts du pays de Mandela maintenant de nous dire qui, du FSL ou du FBI, a raison. Souhaitons tout simplement que l’attente ne soit pas longue.
En attendant, l’explosion de Grand-Baie connaît déjà ses premiers dommages collatéraux. Les radios privées - il serait ridicule de parler de coïncidence - sont menacées eu égard à la décision du Premier ministre d’instituer un comité interministériel qui se penchera sur ce qu’il appelle « les excès et dérapages des radios. »
Quand l’on sait que ce comité est presque exclusivement constitué de membres du gouvernement (six ministres, un député), l’on imagine assez facilement vers quels genres de conclusions l’on arrivera. On ne comprend pas, non plus, la décision du gouvernement dans la mesure où l’IBA, jusqu’à preuve du contraire, s’est attelée régulièrement à sa tâche de régulateur.
Qui ne se souvient pas de la mise en garde musclée de l’IBA après les propos irresponsables tenus à l’antenne de Radio Plus par Clifford Maniacara et Suttyhudeo Tengur ?
N’était-ce pas du devoir de l’IBA - au lieu du gouvernement - de prendre des sanctions si d’aventure, il s’avère qu’effectivement, les radios ont mal fait en traitant l’affaire de l’explosion de Grand-Baie ?
Une question que l’on se pose au moment même où la rumeur enfle au sujet d’un éventuel départ du président de l’IBA, Ashok Radhakissoon, celui qui, paraît-il, a le soutien du Premier ministre mais pas celui du leader de l’Opposition.
Autre dommage collatéral dans cette affaire : le transfert de Mme Vidhu Madhub- Dassyne, directrice du SOCO (Scene of Crime Office) qui s’en va retrouver ses anciens bureaux au FSL.
Un transfert qui, malgré les explications justifiées ou pas du PM, est considéré comme punitif par l’Opposition certes, mais aussi par la population.
La question est sur toutes les lèvres . Serait-ce parce que les conclusions du FSL, qui travaille avec les échantillons fournis par le SOCO, ne répondaient pas à celles auxquelles s’attendait le gouvernement que la directrice a été transférée ?
Qui a oublié l’empressement du ministre Gayan qui, avant même la fin de l’enquête, concluait à la thèse d’une fuite de gaz ? Autant de questions qui font oublier l’essentiel. Saura-t-on ce qui s’est passé à Grand-Baie ?