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Le viol est un crime

«Il faut leur couper le sexe et les laisser ensuite dans la nature. » Une opinion qui choque entendue sur les ondes d’une radio privée vendredi après-midi. Celle qui s’exprime ainsi est une auditrice qui faisait part de ses ressentiments suite au verdict rendu le même jour en cour sur le double viol de Sandra O’Reilly.

Aussi choquante que cette opinion puisse paraître, aussi bouleversante qu’elle puisse être aux oreilles des proches des accusés, elle démontre, en fait, la profonde indignation des Mauriciens face à ce crime qu’est le viol. D’ailleurs, tous ceux qui se sont exprimés sur les ondes de cette radio privée ce vendredi après-midi partagent le même avis : les peines devraient être plus sévères pour ces violeurs.

Car il faut reconnaître que depuis le viol collectif de Sandra O’Reilly en 2002, il y a enfin eu cette prise de conscience tant attendue autour du viol, sujet tabou autrefois dont les victimes étaient aussi victimes de préjugés, mais qui n’est plus considéré – heureusement – comme un acte banal.

C’est là qu’il faut saluer le courage de Sandra O’Reilly qui, malgré l’horreur vécue, malgré l’humiliation subie et la douleur ressentie, a fait montre, dès le soir de son double agression sexuelle, d’une détermination incomparable à retrouver ses violeurs. Sans l’acharnement de cette victime, sans son combat pendant ces deux ans, ses agresseurs n’auraient peut-être pas été arrêtés jusqu’à ce jour.

Et parce que cette victime hors pair n’a pas hésité dès le début à aller de l’avant pour témoigner de son drame, parce qu’elle a fait de son viol un combat contre ce crime, parce qu’elle a pu sensibiliser les Mauriciens qui n’ont pas hésité à marcher à ses côtés pour ‘dire non au viol’, les autorités ne pouvaient rester insensibles.

Déjà en août 2003, la loi a été revue et les peines sont, depuis, plus sévères pour des violeurs. Si les agresseurs de Sandra O’Reilly ont écopé de huit ans de prison- le délit ayant été commis en 2002 et la loi n’étant pas rétroactive- ceux qui ont commis le viol après la promulgation de cette loi encourent, eux, jusqu’à 20 ans de prison alors que la peine minimale est passée à cinq ans de prison sous la ‘Sexual Offences (Miscellaneous) Act’ de 2003.

Un durcissement de la loi qui introduit aussi dans son sillage la possibilité pour la victime de suivre le procès à travers la vidéo-conférence afin de lui éviter un traumatisme supplémentaire.

Une mesure plus que nécessaire compte tenu de la fragilité des victimes qui souvent, après avoir vécu cette ignominie, abandonnent l’éprouvant parcours de la recherche de la justice. Pour preuve, c’est la ministre de la Femme elle-même qui, au moment d’adopter le ‘Sex Offences Bill’, disait, chiffres en main, que la moitié des victimes de viol « parlent bien après l’acte commis » alors que « 32% de femmes n’en parlent jamais. »

Et c’est peut-être - et heureusement d’ailleurs - parce que les autorités ne sont pas indifférentes à ce drame que les mots prononcés par le magistrat Joseph en Cour vendredi après-midi ont été rassurants. Protection des femmes de Maurice, sentence sévère, peine maximale pour montrer la gravité du délit, mise en garde pour ceux qui ont dans l’esprit de commettre des viols, crime plus qu’horrible, autant de mots qui claquent et qui démontrent une prise de conscience des autorités.

Maintenant que les accusés ont été jugés et que pendant des années leur univers se résumera à la prison, il appartient aux responsables des institutions pénitentiaires de faire un suivi psychologique de ces condamnés, comme le préconise Sandra O’Reilly elle-même (voir interview en page 5). Il est vrai qu’aucune victoire n’aura été gagnée si après leur libération, les agresseurs récidivent ou tout au moins s’ils ne réalisent pas la gravité de leurs actes. Alors que France Joson, l’accusé No 2, accablé par le poids de sa sentence confiait à notre journaliste Nadine Bernard juste après le jugement : « Mo espéré qui mo capave guette madame la après en société, » en revanche, un autre accusé, Vikram Jagai, adoptait un ton différent alors qu’il était pris en photo par les photographes de presse : « Mo ene zomme, prison ine fer pou zomme, » clamait-il fièrement haut et fort en cour vendredi dernier.

Une réaction qui a choqué, une mentalité déconcertante de ce jeune homme qui connaissait ce jour-là les derniers moments de sa liberté conditionnelle. Que dire aussi de cet autre proche du même accusé qui, lui, face aux journalistes s’est demandé « si premier dimoune qui faire viol dans sa pays-la ? »

Ce sont ces réactions primaires qui engendrent d’autres réactions, à l’exemple de celle de cette auditrice à l’antenne vendredi dernier.

mseblin@5plusltd.com

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