Tous bernés, tous menés en bateau par un Dev Hurnam à sa sortie de prison, mardi dernier ?
L’avocat a fait accroire, quand il a retrouvé la liberté sous caution, que les Law Lords ont renversé le jugement de la Cour suprême qui avait donné gain de cause au Directeur des Poursuites Publiques (DPP). Ce dernier avait, lui-même, contesté le jugement du magistrat Aujayeb permettant à Dev Hurnam de retrouver la libeté conditionnelle. Or, le Privy Council a tout simplement émis un ordre ordonnant à la Cour suprême de libérer Dev Hurnam, le temps que son appel soit pris en Grande- Bretagne.
L’avocat-parlementaire savait très bien que le Privy Council n’a, à aucun moment, renversé définitivement le jugement de la Cour suprême. Encore moins entendu son appel, puisqu’il n’a pas encore été déposé. Après un séjour de trois mois en cellule policière, l’occasion était trop belle pour lui de ne pas prendre de haut le judiciaire qu’il dit tant honnir, ayant du mépris pour certains juges en particulier.
Dev Hurnam a fait croire ce qui n’est pas. Il se devait d’avoir le beau rôle à sa sortie de la prison. Celui que beaucoup considèrent comme ‘the villain’ a réussi à ‘steal the show’. Il s’est défoulé avec une joie à peine voilée.
Au-delà de l’amertume que chacun peut éprouver en réalisant l’énormité du subterfuge de Hurnam, il faut saluer son joli coup médiatique de mardi dernier.
Ce qui est inadmissible, par contre, c’est la légèreté avec laquelle la police a traité la déposition de Me Ashley Hurranghee et du policier qui assure sa sécurité. Selon ces derniers à la police, Dev Hurnam a injurié un témoin – Ashley Hurranghee - qui a corroboré une des deux accusations qui pèsent encore sur lui. Cela s’apparente à de l’intimidation d’un témoin. Dans ces conditions, la caution de Hurnam devait sauter.
Or, quand les policiers sont allés s’enquérir auprès de Dev Hurnam sur cette affaire, il les a tout simplement renvoyés à la semaine prochaine. Il ne souffrait qu’on vînt gâcher son jour de gloire pour, éventuellement, le reconduire en cellule.
Toutefois, selon les procédures établies, les policiers doivent, à partir de la déposition de Me Hurranghee, immédiatement informer le magistrat que Hurnam n’aurait pas respecté une des conditions de sa remise en liberté. La caution fraîchement obtenue du Privy Council par Hurnam ne serait alors plus valable.
Hurnam est tout, sauf bête. Conscient que ponctuellement il est intouchable, il joue à fond cette carte. Il sait aussi que lui enlever sa caution donnerait à penser qu’effectivement le judiciaire « pé fer dominère are piti la », pour reprendre l’expression désormais célèbre d’Ivan Collendavelloo.
L’avocat sait qu’il n’est pas un simple quidam. Il est député. Il est encore membre du MMM. Il a un profil sociologique particulier. Sa ‘famille’ n’a pas manqué de lui montrer son soutien tout au long des trois mois durant lesquels il était privé de sa liberté. Hurnam le terrible joue sur tous les tableaux. Les politiciens le savent, mais le laissent faire. C’est un ‘hot potato’ qu’il faut, malheureusement, ‘handle with care’.