Bonjour, je vous écris parce que je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir… Il y a près d’un an, un homme m’a violée. Je n’aurais jamais pensé qu’il aurait pu me faire une chose pareille. Alors que nous faisions un travail ensemble dans le cadre de nos études, il a commencé à me faire des avances sexuelles. Je les ai repoussées de manière assez claire, mais il a continué, malgré tout, à me toucher avec de plus en plus d’insistance. Puis, il m’a prise de force même si je criais «non»… Il utilisait un ton menaçant pour me dire de me taire et j’avais très peur. Je ne savais pas jusqu’où il pouvait aller dans son agressivité.
Suite à ça, ma vie a basculé. J’ai commencé à faire de l’insomnie et à être anxieuse pour toutes sortes de choses. J’ai dû cesser mes études parce que je n’étais plus capable de me concentrer et parce que le simple fait d’avoir à sortir et voir des gens me rendait anxieuse. Depuis quelques semaines, j’ai recommencé mes activités, mais ce n’est pas facile. Je vis encore de l’anxiété, mais je prends des médicaments pour la faire diminuer. Je fais encore des cauchemars et je sursaute encore parfois lorsque j’entends un bruit… Il y a un gars qui s’intéresse à moi et il a l’air très correct, mais même s’il m’intéresse, j’ai peur. Je ne me sens pas capable de faire confiance à un homme et l’intimité me fait encore plus peur. Par contre, je ne veux pas rester prise dans cette toile d’araignée de peur qui m’immobilise. Je veux continuer à affronter mes peurs et reprendre une vie comme avant, mais je ne sais pas si c’est possible et ce que je peux faire pour y arriver.
Réponse :
Les différents symptômes que tu décris sont normaux suite à un traumatisme. Quand une personne vit une situation qui comporte des dangers pour son intégrité physique ou pour sa vie, elle est sujette à vivre un traumatisme suite à l’événement en question. Plus la victime a peur pour sa vie, plus les symptômes reliés au traumatisme risquent d’être élevés. Certaines personnes réagissent aussi plus fortement que d’autres à une situation traumatisante selon leur personnalité et leurs expériences antérieures. Puisque tu as frôlé un danger, ton corps reste en état d’alerte pour te protéger d’autres
dangers éventuels.
Par exemple, le fait d’être sur le qui-vive est un signe qui démontre ce mécanisme de protection. Il y a des moyens pour t’aider à surmonter ces difficultés qui te maintiennent dans la peur. Ta vie n’est plus en danger, mais ton corps est toujours imprégné de peurs qui t’ont empêchée de fonctionner. Tu as déjà commencé à puiser dans tes ressources personnelles pour t’en sortir. D’abord, en allant consulter un médecin pour avoir une médication te permettant de diminuer ton anxiété. De plus, tu as une volonté de t’en sortir et tu as décidé de ne pas rester isolée et d’affronter la réalité pour reprendre une vie normale. Ce sont déjà de bons pas que tu as faits pour t’en sortir et tu es capable de continuer en ce sens.
Une autre façon pour une victime de s’en sortir est de parler de l’événement qu’elle a vécu. Il ne faut pas garder tout ça à l’intérieur de soi car toutes ces émotions rongent la personne de l’intérieur et ça ressort à travers différents symptômes comme des cauchemars, des flash-back de l’agression, de l’agitation, etc. C’est comme s’il fallait faire sortir «le méchant». L’idéal est de se confier à un intervenant ou un thérapeute qui a les compétences de guider la personne pour surmonter son traumatisme. Raconter la situation dans les moindres détails est thérapeutique pour bien des victimes. Parler de ses cauchemars et des flash-back de l’agression peut également faire partie de la démarche thérapeutique pour viser à les enrayer.
En racontant au thérapeute ce qui s’est passé, des choses peuvent être travaillées. Par exemple, une femme victime d’agression sexuelle peut se sentir coupable d’avoir provoqué l’agression si elle était habillée sexy. Il s’agit d’un discours populaire qui met une responsabilité sur la victime. En réalité, une femme a toujours le droit de dire «non» peu importe sa tenue vestimentaire. Il en est de même pour une femme qui aurait flirté avec un homme ou qui aurait été jusqu’à l’embrasser.
Ça ne veut pas dire qu’elle est prête à avoir une relation sexuelle le soir même. Même si elle désirait son partenaire, elle a le droit de ne pas vouloir aller plus loin et de l’arrêter s’il lui fait des avances plus poussées. Dans une telle situation, une femme pourrait se sentir coupable d’avoir été agressée alors qu’elle n’a pas à se sentir ainsi. C’est l’agresseur, le coupable. Les enfants victimes d’inceste et d’abus sexuels sont également sujets à ressentir de la culpabilité et d’avoir toutes sortes de fausses perceptions, d’où la nécessité de consulter en psychothérapie. Que ce soit dans le cadre d’une psychothérapie ou de leur propre chef, les victimes d’agression peuvent recourir à des techniques de relaxation pour faire diminuer leur anxiété.
Si une victime ne veut pas aller consulter, elle ne doit pas rester seule avec ça. Il est important qu’elle en parle à une personne de confiance. L’écriture est un autre moyen qui s’avère thérapeutique dans bien des cas. Cela peut se faire à l’aide d’un journal personnel. Plusieurs victimes ont écrit des livres, ce qui les a beaucoup aidées dans leur cheminement.
(À suivre)