Peut-on être plus girouettes que certains de nos syndicalistes ? Après avoir encensé le ministre des Finances il y a trois semaines, les voilà qui le vouent aux gémonies.
Certains syndicalistes étaient tout miel pour le numéro deux du gouvernement. Ils l’avaient qualifié d’homme de grande écoute, de grand argentier hors pair qui se prête au jeu des tripartites boudées par son prédécesseur.
On entend encore leurs éloges sur les ondes des radios, l’unanimité qu’ils affichaient sur la façon dont Pravind Jugnauth a accueilli leur chapelet de propositions. On se souvient surtout de leur intransigeance sur le minimum de Rs 600 dont les salariés devaient bénéficier ‘across the board’. À l’arrivée, ils applaudissaient quand même aux Rs 115 que leur tendait le VPM.
Croyant que Pravind Jugnauth, fraîchement parachuté aux Finances, allait être plus attentif à leurs attentes, ces syndicalistes sont rentrés bredouilles après la lecture du discours du Budget, le 11 juin dernier. Leur mine déconfite faisait peine à voir. Déçus, ils l’étaient. Trompés, ils l’ont été aussi, puisque la plupart partaient tête baissée. D’autres, prompts à courir derrière les journalistes à chaque présentation du Budget, ont timidement fait état de leur scepticisme.
Cette déception s’est ensuite muée en un début de révolte après que ces syndicalistes eurent décortiqué les mesures budgétaires. Ils ont alors réalisé qu’entre l’actuel et le précédent titulaire aux Finances, c’est du pareil au même. Sauf dans la forme peut-être, l’emballage faisant cette fois-ci la différence.
Mis devant de tels faits, ces syndicalistes encenseurs ont tempêté cette semaine pour dénoncer la tromperie sur la marchandise. Ils se drapent de nouveau dans leurs habits de défenseurs du petit peuple et promettent de descendre dans la rue. Pour rappeler, au cas où on l’aurait oublié, qu’ils existent encore.
À qui la faute si aujourd’hui certains syndicalistes sont autant décrédibilisés aux yeux des salariés qu’ils sont censés défendre ? La réponse : à leur posture souvent trop complaisante. La leçon : il faut choisir entre le noir et le blanc. Mais jamais le gris.