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Les grands déséquilibres budgétaires (Vii)*

Dans seulement quelques jours, Pravind Jugnauth, ministre des Finances, sera appelé à prononcer ce qui sera sans doute le plus important discours de sa carrière politique. Combien de temps ce discours durera-t-il? 90 minutes ? 2 heures ?

Quel est le politique qui peut rêver, même dans d’autres circonstances, d’un tel temps d’antenne en direct à la télé et à la radio? Ajoutez à cela les nombreuses sollicitations de la presse écrite dont il sera l’objet à partir de cette même soirée ! même le Premier ministre sera, comme tous les autres ministres, réduit au silence, quitte à s’enorgueillir dans son for intérieur, d’avoir quand même lu, voire corrigé, le texte avant sa lecture officielle.

On peut déjà prévoir que pour Pravind Jugnauth, leader d’une composante de l’alliance, rien ne sera plus comme avant, dans un sens ou dans l’autre. En effet, le passage en direct à la télé pendant un laps de temps aussi long n’a jamais su conserver indemne l’image de la personne ainsi projetée devant les yeux des téléspectateurs. Pravind Jugnauth, saura -t-il, ou plutôt, pourra-t-il séduire?

Il est loin le temps où Vishnu Lutchmeenaraidoo, alors ministre des finances, pouvait se vanter, aussi bien devant des collègues se donnant à coeur joie que des adversaires ébahis, de présenter à la fois un no-tax budget et un compte national parfaitement équilibré alors que dehors, l’inflation était pratiquement inexistante et on était en période de plein - emploi. C’était fin des années 80 quand les deux dévaluations successives de la roupie intervenues 10 ans auparavant avaient déjà fait leur oeuvre, à savoir rendre nos exportations exceptionnellement compétitives. Entre-temps, la Zone Franche du textile et le tourisme avaient déjà, à eux deux seulement, créé plus de 100 000 emplois. La richesse économique ainsi créée avait non seulement rempli les coffres de l’état et les réserves de la Banque Centrale mais encore, elle avait surtout permis, enfin, à l’économie mauricienne de décoller de manière durable. La suite, on la connaît.

Pravind Jugnauth, de toute évidence, n’aura pas la même chance de se prévaloir de la même conjoncture. S’il peut, néanmoins, tout au début de son discours, se vanter, au nom du régime du jour, de la création de 35 000 emplois et d’une conjoncture inflationniste en baisse, il ne pourra, cependant pas, faire l’impasse sur l’endettement massif du secteur public et un déficit budgétaire bien au-delà des normes acceptables. L’État, à l’image de la population mauricienne, vit manifestement au-dessus de ses moyens. Pour un ministre des finances, pourtant, l’objectif majeur n’est-il pas d’équilibrer le budget tout en mettant en oeuvre toute la panoplie de mesures de la politique économique afin de promouvoir le développement de la nation? Quelle sera donc sa marge de manoeuvre? Elle sera à peine plus large que la corde raide de l’équilibriste.

À Singapour, il y a un an, quand la crise économique, exacerbée par le Syndrome Respiratoire Aigu sévère (SRAS) frappait de plein fouet l’économie singapourienne et ses recettes budgétaires, le ministre des Finances ordonna, lors de son prochain budget, à tous ses collègues du Cabinet de réduire de 2%, sans aucune exception, leurs dotations budgétaires. Personne n’osa broncher face à l’obligation de la solidarité. Le déficit budgétaire, par conséquent, resta dans les normes. Pas plus tard que cette semaine, le nouveau ministre des Finances de la France, Nicolas Sarkozy, informa tous ses collègues de sa décision de geler toutes leurs dépenses budgétaires lors du prochain exercice. Tout ça, dit-il, afin de respecter les normes du déficit budgétaire tel qu’il est régi par les règles de la bonne gouvernance économique de la Communauté Économique Européenne.

La France et Maurice, en effet, connaissent le même problème de la consommation excessive du secteur public - toutes proportions gardées, Maurice étant loin d’être aussi développée que la France. Mais face aux manifestations de rue et la démagogie syndicale aussi bien que politique, la discipline financière et économique prend largement le dessus, jusqu’à même remettre en question la semaine des 35 heures, chose que le nouveau ministre français des Finances a qualifiée, à juste titre d’ailleurs, de “contresens économique”. À l’évidence, Nicolas Sarkozy ne s’adonne pas à la démagogie, encore moins cède-t-il aux pressions des groupes sectaires, même dans une conjoncture politique largement défavorable au gouvernement du jour battu à plate couture lors des dernières élections régionales. “L’avenir de la France passe avant l’intérêt des groupuscules,” dit-il, “même si je dois essuyer d’autres défaites électorales”.

Que fera le ministre des Finances de Maurice - dont le parcours et la destinée nous apparaissent semblables à ceux de Sarkozy depuis un certain 21 décembre 2003 - afin de nous présenter un budget digne d’un meilleur lendemain?

* Le septième d’une série de 8 articles dans le cadre du discours du budget du 11 juin.

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