Dharamraj Mungroo lors de la fête de Cavadee. La victime avait alors 25 ans
Selon les aveux de Gérard Cyril Marthe, 50 ans, aux enquêteurs, il a assommé à l’aide d’une pierre Dharamraj Mungroo - 30 ans, un laboureur de son état - avant de le jeter dans la fosse d’aisances (un ‘pit latrine’) jouxtant leur baraque. Ensuite, il a pris une énorme pierre et l’a lancée dans le puits pour tuer la victime.
Le présumé meurtrier invoque la colère pour sa défense. Il était environ 22h00 le samedi 20 mars 2004. D’après les confessions de Gérard Marthe, il venait de rentrer à la maison et Dharamraj Mungroo était saoul. Une dispute éclata. Son origine : l’heure tardive à laquelle le présumé meurtrier est rentré. Pour cette raison, Dharamraj Mungroo, dit Satish par ses proches, le mit à la porte qu’il cadenassa par la suite. Cela faisait deux mois que le suspect et la victime cohabitaient. “Dharamraj lui a offert l’hospitalité après qu’il eut appris que Gérard s’était séparé de sa femme et qu’il n’avait nulle part où dormir”, confie un enquêteur. Dans les milieux de la police, on nous affirme que la victime avait fait la connaissance de son présumé meurtrier par l’intermédiaire d’un autre ami : “Dharamraj ne le connaissait pas avant de l’héberger”. Étant un bon ‘Samaritain’, il l’a hébergé.
Toujours selon les aveux de Gérard Marthe, suite à sa mise à la porte, il a été envahi par une colère incontrôlable. D’un mouvement brusque, il a poussé la porte, le cadenas a sauté et la porte s’est ouverte. “Il a pris une pierre et a frappé la victime avec à la tête”, nous dit l’enquêteur. Dharamraj Mungroo, tombe sur le lit. La violence du coup reçu sur le crâne le fit perdre connaissance. Poursuivant ses aveux, le présumé agresseur raconte qu’il a traîné la victime jusqu’à la fosse d’aisances qui se trouve à côté de la modeste maison : “Il a jeté la victime qui était inconsciente dans la fosse d’aisances”. Ensuite, toujours selon les aveux de Gérard Marthe, pour en finir avec la victime, il a pris une énorme pierre et l’a jetée sur la tête de Dharamraj. La pierre lui a fracturé le crâne et fracassé les mâchoires. D’ailleurs, lundi dernier, la fosse a été vidée et des os manquants aux mâchoires de la victime ont été retrouvés au fond ainsi que la pierre qui a porté le coup fatal à la victime. Quant aux voisins, ils disent n’avoir rien entendu.
Porté disparu
Le lendemain, les proches de Dharamraj Mungroo ont signalé sa disparition à la police. Gérard Marthe leur avait dit que Satish était parti dans une voiture blanche et qu’il lui avait laissé les clés de la maison. Près d’un mois après le meurtre, c’est un chien renifleur de la police qui a retrouvé le corps en état de décomposition avancée dans la fosse d’aisances. Les voisins avancent qu’ils avaient senti une odeur fétide mais qu’ils n’avaient nullement fait la relation avec la disparition de la victime. “J’ai cherché dans les buissons et aux alentours de la maison car je voulais savoir d’où venait cette odeur mais à aucun moment, je n’ai douté que le corps de Satish pût être dans la fosse d’aisances”, déclare Devina qui habite à côté de la maison de la victime. Et à Lalita, une autre voisine, d’ajouter : “Je n’ai remarqué rien d’anormal dans le comportement de Gérard. Tous les matins, je le voyais qui se rendait aux toilettes”.
De source policière, nous avons appris que Gérard avait déjà purgé une peine de prison pour agression dans le passé. Il avait été condamné pour coups et blessures sur une personne et celle-ci est devenue handicapée par la suite.
Émues par cette disparition tragique, Ramba et Deviantee, les deux soeurs du défunt, se disent très peinées de ce qui est arrivé. “Satish était un garçon très gentil et amical avec tout le monde. Il ne pouvait faire de mal à personne. Je ne ne comprends donc pas comment une telle chose ait pu lui arriver”, dit Ramba, le visage triste et pâle : “Ma mère et ma soeur n’ont presque pas mangé depuis la disparition de Satish”. Dharamraj était issue d’une famille de huit enfants, dont il est l’avant-dernier. Cela fait trois ans que Dharamraj avait construit une baraque d’une seule chambre à Dubreuil sur un terrain de l’État à la rue Rishi Dayanand. Satish, le squatteur, comptait bâtir une maison dans cette localité. “Après cela, nous avions prévu de lui trouver une jeune fille avec laquelle il serait marié, mais ce projet ne se réalisera jamais”, conclut Ramba.
L’enquête est menée par les enquêteurs de la CID de Quartier Militaire et ceux de la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT).
Par Nadine Bernard et Jenilaine Moonean