Le mercredi 7 avril dernier, Eddy, la quarantaine, est arrêté. Le délit qui lui est reproché : il aurait violé sa fille Gelmina, aujourd’hui âgée de 15 ans, alors que celle-ci n’avait que dix ans. Une accusation que nie catégoriquement le présumé violeur qui parle d’une vengeance de sa fille pour ternir son image.
La colère, une profonde déception et l’incompréhension hantent Eddy depuis le 4 avril dernier, date à laquelle Gelmina a consigné sa déposition à la police. À l’évocation de ce qu’il a vécu et continue de vivre actuellement, ses yeux, rougis et gonflés par les huit nuits blanches passées en cellule policière, s’emplissent de larmes. Pour cet homme aux cheveux grisonnants et au ventre rebondi, Gelmina (des prénoms fictifs sont utilisés dans le texte, ndlr) aurait été motivée par un sentiment de vengeance pour porter de telles allégations contre lui et son frère Henri. Selon lui, sa fille - issue d’une famille de dix enfants dont cinq d’une première union - aurait mené une vie de débauche. Après avoir obtenu le divorce, Eddy a eu la garde de ses enfants et la mère de Gelmina a, entre-temps, refait sa vie.“Depuis six mois environ, j’ai remarqué que Gelmina avait de mauvaises fréquentations. Je lui ai à maintes reprises demandé de cesser de voir son groupe d’amis parce que ce sont des vagabonds, mais elle ne m’écoute jamais”, déclare-t-il. Toujours selon Eddy, il n’avait plus de contrôle sur Gelmina : “Je sors de chez moi à 06h00 le matin pour ne rentrer qu’à 19h30. Donc, elle en profite pour errer pendant une journée avec sa bande de copains. Des fois, elle rentre à 22h00. Personne à la maison ne peut exercer une autorité sur elle”. L’adolescente a cessé de fréquenter l’école depuis quelques années déjà.
Préférant laver son linge sale en famille, Eddy a tenté, dit-il, par tous les moyens, de raisonner sa fille. “J’ai commencé par lui interdire de sortir, puis j’ai supprimé son argent de poche mais rien n’y faisait. Quand je ne suis pas là, elle sort et va rejoindre ses amis. Je ne l’ai pas placée dans un centre de redressement parce que c’est mon enfant, j’ai tenté de la remettre dans le droit chemin”, nous a-t-il déclaré. Toutefois, une découverte dans le sac de sa fille le jour où elle a fait sa déposition lui fit sortir de ses gonds : “Ce soir-là, elle est rentrée très tard. En fouillant dans son sac, j’ai découvert une carte attestant qu’elle était suivie par le ‘Family Planning’. Je me suis demandé comment étant toujours mineure elle pouvait suivre ce genre de traitement sans que nous en sachions un traître mot? J’étais hors de moi, je l’ai frappée. C’est à la suite de cela qu’elle a consigné une déposition contre moi en m’accusant d’inceste”. Et d’ajouter : “Elle a certainement été conseillée dans sa démarche par son groupe de copains. Cette affaire ne s’arrêtera pas là; ma fille s’est laissée prendre au piège et je vais le prouver”.
Jugeant inacceptable le fait qu’une mineure puisse bénéficier d’un traitement de la ‘Mauritius Family Planning Association’ (MFPA) sans l’accord de ses parents, Eddy entamera prochainement des poursuites légales contre cette institution (voir réaction plus loin).
Entre-temps, Gelmina a été prise en charge par le ministère de la Femme; elle a été placée dans un de ses centres. Toujours concernant cette allégation d’inceste et de viol, un troisième suspect était toujours recherché, à jeudi après-midi, par la police. Il s’agit d’un dénommé Nicolas. Selon Eddy, il serait parmi la bande d’amis que voyait Gelmina.
Pour sa part, Sangeet Joyseery, le directeur de la ‘Mauritius Family Planning Association’ (MFPA), nous a affirmé que Gelmina n’est pas enregistrée comme patiente dans une des cliniques gérées par son association: “Nous avons vérifié dans tous nos centres mais elle n’est pas enregistrée”. De plus, il a confirmé que le centre de la MFPA offre également un traitement contraceptif aux mineures : “Les contraceptifs ne sont pas donnés aux patientes sur prescription. Donc, si une mineure sexuellement active veut se protéger, elle vient chez nous et nous ouvrons un dossier pour elle”.