Alors, c’est comme ça que les policiers qui enquêtent sur le meurtre de Nadine Dantier ont réalisé cette semaine qu’ils sont coupables d’un oubli de taille : celui d’interroger d’autres personnes qui étaient, selon eux, en compagnie de Marcelin Azie, (suspect numéro 1 incarcéré) au moment du crime.
Voilà presque une année que ce crime odieux a été commis, voilà presque une année qu’une jeune fille a été violée, puis assassinée. Bientôt une année qu’une mère n’arrive pas à sécher ses larmes, qu’une famille demeure meurtrie, cassée, blessée. Et ce n’est que la semaine dernière que les enquêteurs réalisent subitement l’importance d’interroger deux hommes, qui selon eux, travaillaient en compagnie de Marcelin Azie, le suspect numéro 1, celui qui, après avoir avoué son crime, est revenu sur ses déclarations (une pratique courante ces jours-ci).
Que faut-il donc conclure ? Que la police a, dès la découverte du corps de Nadine, bâclé cette enquête ? que les hommes de Gopalsingh n’ont pas jugé utile d’interroger tous ceux qui ont été en contact avec celui qui demeure jusqu’aujourd’hui le suspect Numéro 1 ? que les policiers ont failli dans leur tâche en ne déclarant pas le lieu du crime zone interdite en attendant la fin de l’enquête ? Face à ces questions, comment ne pas se révolter devant la manière dont procèdent les policiers ? Comment ne pas être surpris du fait que jusqu’à maintenant le rapport préliminaire des tests ADN (sur Marcelin Azie) n’a toujours pas été rendu officiel ? Comment comprendre ces policiers qui n’arrivent pas à mettre la main sur un autre suspect alors que des journalistes d’une radio privée (Radio One, dimanche dernier) ont eu l’exclusivité d’une interview de ce même suspect qui, finalement, s’est rendu à la police jeudi pour ensuite rentrer chez lui trois heures plus tard. Autant de questions capitales qui restent sans réponses. Devant tant d’amateurisme, il y a de quoi se révolter, s’indigner, d’autant plus qu’un meurtre a été commis. Une jeune fille est morte après avoir été agressée sauvagement. Un suspect est incarcéré. Il a avoué et ensuite nié son crime. Deux autres suspects ont été interrogés la semaine dernière. Des prélèvements ont été faits pour d’autres tests ADN. Il faut qu’on fasse diligence pour que justice soit faite ! Y en a marre des crimes impunis.
• Il est aussi question d’injustice dans le cas de Sowparnika Agileswaran, cette jeune fille de 12 ans, née à Maurice, détenant la nationalité mauricienne, mais issue des parents sri lankais, forcée de quitter le pays le 8 mars dernier - jour symbolique, paraît-il, de l’émancipation de la femme - à cause du non-renouvellement du contrat de son père. Ce dernier, Nadarajan Agileswaran, un prêtre tamoul, s’est vu refuser le renouvellement de son contrat par le bureau du premier ministre après avoir travaillé 14 ans à Maurice, (Voir page 6). Si les raisons de la déportation des parents de Sowparnika n’ont pas encore été données jusqu’à présent, et au-delà de l’écheveau légal que représente cette affaire, il ressort qu’une jeune fille a été forcée de quitter son pays. Sowparnika a vu le jour et a grandi à Maurice. Elle qui a débuté sa scolarité dans une école primaire, s’en est sortie avec 6A aux examens du CPE et elle fréquentait jusqu’à la veille de son départ le collège de Lorette de Mahébourg. D’un seul coup, son monde s’est effondré. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée au Sri Lanka où elle ne veut pas vivre à cause de la guerre civile. Sowparnika veut retourner dans son pays, à Maurice. Aura-t-elle la voix au chapitre ? Un peu d’humanisme, Monsieur le Premier ministre.