• Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»
  • Le nouveau cabinet ministériel à la loupe - Kris Valaydon, observateur politique : «Le chantier est vaste pour le nouveau gouvernement...»
  • Des Junior Ministers «motivés»
  • Moi, ministre pour la première fois, je vais…
  • Au feu, les pompiers… sont enfin là !
  • Mare-Chicose en feu : le calvaire des villageois au bord de l'étouffement
  • 1ers Championnats d’Afrique d’air badminton : Maurice s’offre le bronze en équipe
  • Ruqayah B. Khayrattee met la femme en avant
  • Huawei Watch GT 5 Pro : du premium autour du poignet
  • Donald Trump, sa mission pour «sauver l’Amérique» et les «incertitudes»

Sommes-nous tous des pourris ?

Que ceux qui le sont ne puissent pas trouver un certain réconfort dans notre titre d’aujourd’hui. À cause d’eux, notre société, celle qu’ils vont léguer à leurs enfants et aux nôtres, est en train de perdre son âme et sa conscience. Est-ce cela qu’ils veulent leur laisser en héritage quand ils quitteront ce monde, matériellement plus riches grâce à l’argent mal gagné mais qui les a fait reculer en tant qu’hommes dignes ?

Nous ne sommes certainement pas tous des pourris. Mais les conclusions de l’étude de Stra Consult d’Amédée Darga ont de quoi nous faire sortir une nouvelle fois de notre léthargie par rapport à nos priorités du jour. Que l’on ne vienne plus nous dire qu’il ne s’agit que de la perception ou que l’échantillonnage était trop limité pour être significatif. Et même si, d’aventure, il ne s’agissait que de la perception, et alors ?

Les résultats de l’enquête nous interpellent à nouveau sur l’extrême gravité de la situation. Les institutions les plus importantes du pays et celles chargées de maintenir l’ordre public et faire rentrer les recettes de l’état, les hommes à qui incombe la responsabilité de bien faire fonctionner quotidiennement le pays et de lui assurer un avenir meilleur sont traités de corrompus par la majorité de la population. Que peuvent alors espérer d’eux les pauvres gouvernés ? Douaniers, policiers, politiciens de tous bords et, à un moindre degré, certes, avocats et magistrats sont perçus comme des gens dépourvus de probité par une bonne partie de la population. Comment, dans des circonstances pareilles, peut-on s’attendre à ce que les ressources du pays soient bien utilisées, que les choix des preneurs de décisions soient faits en fonction de l’intérêt du grand public ? À combien s’élèveraient les recettes de l’État si certains douaniers n’étaient pas corrrompus ? Le déficit budgétaire aurait-il été de 3% plutôt que 7% du Produit National Brut ? Combien d’emplois supplémentaires aurait-on ainsi pu créer ? Le commerce n’aurait-il pas pu être plus juste pour les commerçants les plus honnêtes ? L’ordre public n’aurait-il pas été plus facile à assurer si les policiers étaient d’une plus grande probité ?

On peut ainsi se rendre compte des dégâts que douaniers, policiers et politiciens corrompus sont en train de causer à la société.

L’ICAC a eu sans doute raison d’avoir commandité l’étude. Cependant, elle ne fait que confirmer ce que le grand public sait et perçoit déjà et que l’institution voulait sans doute mieux cerner le fléau pour mieux préparer la stratégie de sa mission. Mais quelle que soit l’efficacité de cette stratégie, elle ne peut prétendre, à elle seule, pouvoir éradiquer la corruption. Le pénal n’a jamais été totalement efficace dans l’éradication de la criminalité.

L’ICAC doit certainement le savoir à la lumière de son action de prévention. La corruption n’est pas due à un fait économique. Les salaires relativement modestes du policier et du douanier corrompus n’expliquent pas l’acte de la corruption. Car ceux qui s’y adonnent ne sont pas nécessairement les plus pauvres. Bien au contraire ! Voyez le profil de ceux sur qui pèsent les soupçons.

Dans les sociétés les moins corrompues de la planète - au Singapour, en Norvège, en Suisse et en Nouvelle-Zélande, les grandes valeurs de la vie sont inculquées aux enfants à l’école. Quand ils seront adultes, ils inculqueront à leur tour ces valeurs à leurs enfants. La famille devient ainsi partie prenante de l’amélioration de l’environnement social et moral du pays.

À Maurice, à l’école, on consume toute notre énergie du jour à envisager l’angle sous lequel ou doit déterminer la comptabilisation des langues orientales ou encore la forme sous laquelle le créole doit être introduit dans le cursus. Si tout ça doit être fait pour mieux inculquer à nos enfants le sens de l’honneur, celui du respect de soi et de l’autre et aussi celui de la probité, on n’a aucune raison d’être contre. Mais l’agenda des protagonistes est manifestement tout autre.

Pourtant, dans une société qui se perd, quand les adultes démissionnent de leurs responsabilités, c’est vers les enfants qu’il faut se tourner. Sans leur éducation la lutte contre la corruption, même avec toute l’énergie de l’ICAC, est vouée à l’échec.

5plus@intnet.mu

Archive: