La petite Sowparnika Agileswaran aux côtés de ses parents et de son frère aîné
Les dirigeants du ‘Shir Vinayagur Seedalamen Kovil’ de Beau-Vallon envisagent une action légale contre l’État s’il y a matière à poursuites sur le cas de Sowparnika Agileswaran, une Mauricienne âgée de 12 ans, née de parents sri lankais, qui a été forcée de quitter le pays le 8 mars dernier en compagnie de ses parents et de son frère aîné à la suite du non-renouvellement du contrat de son père, Nadarajan Iyer Agileswaran, prêtre tamoul.
Toute la famille Agileswaran se trouve au Sri Lanka. Ce pays est en proie à une guerre civile actuellement.
Jeudi dernier, les dirigeants du kovil de Beau-Vallon ont fait une nouvelle demande pour que le prêtre Nadarajan Iyer Agileswaran obtienne un nouveau ‘work permit’. L’extrait de naissance de Sowparnika Agileswaran indique qu’elle est née le 19 octobre 1992 à la clinique Bon Pasteur à Rose-Hill. Les Agileswaran ont été forcés de quitter le pays le 8 mars dernier à la suite du non-renouvellement du contrat du chef de famille, Nadarajan Iyer Agileswaran. Ce dernier officiait comme prêtre au ‘Maha Siva Soopramaniar Sangam’ à Curepipe. Son contrat, qui est arrivé à expiration en octobre dernier, n’a pas été renouvelé par les services de l’Immigration, donc, il n’a pas obtenu de permis de séjour. Les dirigeants du ‘Shir Vinayagur Seedalamen Kovil’ de Beau-Vallon avaient déjà retenu les services de Nadarajan Iyer Agileswaran pour officier comme prêtre dans leur temple pendant que celui-ci était engagé dans la construction de leur nouveau kovil. Ils avaient même fait la demande pour le renouvellement de son contrat.
“Je veux rentrer à Maurice”
Durkabarshan, le frère aîné de Sowparnika, est né au Sri Lanka. Il a grandi à Maurice après que son père fut venu s’y installer, après avoir obtenu un permis de résidence 14 ans plus tôt, pour officier en tant que prêtre. Sowparnika veut rentrer à Maurice car elle est, selon ses dires, traumatisée au Sri Lanka, pays qu’elle ne connaît pas. Elle était étudiante au Couvent de Lorette de Mahébourg. Les Agileswaran ont dû quitter le pays le 8 mars dernier après avoir reçu une lettre du ‘Passport & Immigration Office’, signée par l’ACP Gokhool le 12 février dernier (voir 5-Plus dimanche de la semaine dernière). Les dirigeants du ‘Shir Vinayagur Seedalamen Kovil’ de Beau-Vallon n’étaient pourtant pas restés les bras croisés après avoir reçu la lettre du PIO. Ils ont écrit à Paul Bérenger le 13 février dernier. Le 3 mars dernier, les dirigeants du ‘Shir Vinayagur Seedalamen Kovil’ de Beau-Vallon ont adressé une autre lettre, sous forme de pétition, au PM. Ils énoncent les raisons de cette pétition d’autant plus que le Sri Lanka est déchiré par une guerre civile actuellement (voir 5-Plus dimanche de la semaine dernière).
Les Agileswaran habitent la région de Jaffna dans le nord du Sri Lanka. Contactée au téléphone vendredi dernier, Sowparnika Agileswaran, qui dit parler uniquement le créole, nous a déclaré qu’elle est toujours traumatisée au Sri Lanka car elle habite une région qui est en guerre actuellement à cause des élections : “Je veux rentrer à Maurice”. De plus, elle a expliqué qu’elle n’a toujours pas eu de collège pour continuer ses études, ne parlant pas le tamoul. Durkabarshan, son frère aîné, a, lui aussi, les mêmes problèmes et veut rentrer à Maurice car il n’a toujours pas obtenu de collège pour continuer ses études. Le père, Nadarajan Iyer Agileswaran, demande aux services de l’Immigration mauricienne de revoir son cas. Nous avons contacté des hommes de loi pour commenter le cas de la petite Sowparnika Agileswaran après qu’elle a été forcée de quitter le pays alors qu’elle a la nationalité mauricienne. Ces derniers nous ont expliqué que depuis 1995, le droit du sol n’existe plus à Maurice pour obtenir la nationalité mauricienne. Les hommes de loi soutiennent qu’on a la nationalité mauricienne si un des parents est mauricien mais dans le cas de Sowparnika Agileswaran, ils précisent qu’“elle est née en 92, elle est Mauricienne, la loi de 1995 ne s’applique pas dans son cas”. Selon leurs dires toujours, il y a deux aspects à prendre en considération dans cette affaire. Il y a l’aspect légal et l’aspect humanitaire : “L’enfant est née à Maurice. Le seul problème légal est que l’enfant est sous l’autorité de ses parents, étant encore mineure”. Et de poursuivre : “À l’âge de 18 ans, la fille peut revenir à Maurice et même maintenant elle peut revenir mais elle est encore mineure”.
Est-ce que la petite Sowparnika Agileswaran serait d’accord de rentrer à Maurice sans ses parents ? Interrogée sur cet aspect, la petite Sowparnika Agileswaran explique qu’elle veut rentrer à Maurice uniquement avec ses parents même si les dirigeants du kovil de Beau-Vallon ont signifié leur intention de l’adopter au cas où elle rentrerait seule. Concernant l’aspect humanitaire, les hommes de loi déclarent que trois options sont possibles : soit toute la famille rentre à Maurice, soit l’enfant revient avec l’autorisation de ses parents et celle du gouvernement parce qu’elle est mineure et qu’elle est Mauricienne. Option aléatoire : le frère et la soeur rentrent au pays sans leurs parents pour pouvoir poursuivre leurs études. Du côté des dirigeants du kovil de Beau-Vallon, toutes les démarches possibles sont entreprises pour que la famille Agileswaran revienne au pays au complet : “Nous voulons notre prêtre qui était apprécié de tous”. Ils ajoutent que ce dernier était engagé dans la construction du kovil de Tookay à Camp Diable, du kovil de Chamouny et de celui de Curepipe : “On n’a jamais eu de problèmes avec lui. Il prônait la tolérance et allait même à la messe de Noël en famille lorsqu’il était à Curepipe”.
Des questions restées sans réponses
La semaine dernière, la ministre Navarre-Marie nous a déclaré que le cas de Sowparnika Agileswaran n’avait pas été rapporté à son ministère. Elle nous a aussi déclaré que son ministère menait une enquête conjointe avec le bureau de l’Ombudsperson. Elle nous a fait aussi comprendre, la semaine dernière, que son ministère avait fait une demande auprès du ‘Passport & Immigration Office’ (PIO) et de la police pour avoir des détails concernant cette affaire dont son ministère avait pris connaissance dans les journaux. Nous avons voulu savoir où en était l’enquête qu’elle menait conjointement avec le bureau de l’Ombudsperson sur le cas de cette fillette et si son ministère avait eu des détails du ‘Passport & Immigration Office’ (PIO) et de la police. Nous voulions aussi savoir ce que comptait faire son ministère si les parents autorisaient la fillette à rentrer à Maurice seule. Ces questions avaient été envoyées au ministre Navarre-Marie à travers son service de presse mercredi dernier mais à hier, elles étaient restées sans réponses. Le PM et le ‘Secretary for Home Affairs’, M. Seebaluck, n’ont toujours pas répondu à nos questions.
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L’Ombudsperson soumet un rapport au PM
L’Ombudsperson pour les enfants, Shirin Aumeeruddy-Cziffra, avait démarré une enquête depuis le 23 mars dernier après avoir pris connaissance de cette affaire dans les journaux. Interrogée mardi dernier, à propos de cette enquête, elle nous a fait la déclaration suivante : “Je confirme que j’ai démarré une enquête sur le cas de la petite Sowparnika Agileswaran et que je suis déjà en contact avec le Bureau du Premier ministre”. Elle a précisé qu’elle est autorisée par la loi, ‘The Ombudsperson for Children Act 2003’, à enquêter que sur le cas de la petite Sowparnika Agileswaran qui est, selon elle, une Mauricienne. Shirin Aumeeruddy-Cziffra nous a aussi déclaré mardi dernier: “Je compte soulever l’affaire avec le Premier ministre à son retour de Madagascar”. Interrogée à nouveau vendredi dernier, soit le lendemain du retour du PM Paul Bérenger de Madagascar, l’Ombudsperson nous a expliqué que “j’ai soumis un rapport complet au Premier ministre et au ministre Navarre-Marie”. Et de poursuivre : “J’ai fait des propositions au Premier ministre et au ministre Navarre-Marie. Je suis à leur disposition s’ils veulent me rencontrer”.
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XLD interpelle le PM à l’Assemblée nationale ce mardi
Le leader du PMXD, Xavier-Luc Duval, veut savoir si le Premier ministre, Paul Bérenger, fera une déclaration à l’Assemblée nationale sur le cas de la petite Sowparnika Agileswaran. La question de Xavier-Luc Duval sera à l’ordre du jour lors de la séance parlementaire de ce mardi. Le leader du PMXD et député de l’Opposition, a, à cet effet, adressé une correspondance au Premier ministre, Paul Bérenger, le 31 mars dernier.
Rajen Narsinghen envisage de saisir la Cour suprême
Le président de la ‘Mauritius Tamil Temples Federation’ (MTTF), Rajen Narsinghen, compte saisir la Cour suprême si aucune solution n’est trouvée dans le cas de la petite Sowparnika Agileswaran. “Nous porterons l’affaire en Cour suprême si aucune solution n’est trouvée dans cette affaire. Cette fille doit revenir à Maurice”, nous a déclaré Rajen Narsinghen hier matin. Ce dernier, à la lumière de certains textes de loi, affirme que Sowparnika Agileswaran est Mauricienne. Ainsi, il s’adressera le Premier ministre demain par le biais d’une lettre, et souhaite que le PM ainsi que son entourage trouvent une solution dans les plus brefs délais. “Nous sommes aussi entrés en contact avec les dirigeants du kovil où officiait le père de Sowparnika et nous envisageons de prendre des actions appropriées, conjointement avec eux, si Sowparnika Agileswaran ne revient pas à Maurice”, précise Rajen Narsinghen.