Déportée en compagnie de ses parents et de son frère aîné-tous des Srilankais - le 8 mars dernier par les services de l’Immigration alors qu’elle est Mauricienne, Sowparnika Agileswaran, 12 ans, déclare qu’elle veut rentrer à Maurice car elle est très traumatisée au Sri Lanka, pays qu’elle ne connaît pas et qui est en guerre actuellement.
Sowparnika Agileswaran, a vu le jour à Maurice le 19 octobre 1992. Elle était étudiante au Couvent de Lorette de Mahébourg. Son père, un dénommé Nadarajan Iyer Sharma Agileswaran âgé de 43 ans, était employé comme prêtre tamoul au ‘Maha Siva Soopramaniar Sangam’, à Curepipe. Mais son contrat, qui est arrivé à échéance en octobre dernier, n’a pas été renouvelé par les services de l’Immigration alors que les dirigeants du ‘Shir Vinayagur Seedalamen Kovil’ de Beau-Vallon avaient déjà retenu ses services pour officier comme prêtre dans leur temple pendant qu’il était engagé dans la construction d’un nouveau kovil pour eux.
Les Agileswaran habitent la région de Jaffna dans le nord du Sri Lanka. Contactée au téléphone, Sowparnika Agileswaran, qui ne parle que le créole, nous a déclaré qu’elle est traumatisée au Sri Lanka : “Nous sommes dans une région qui est en guerre actuellement. Je n’ai pas eu de collège pour continuer mes cours car je ne parle pas le tamoul. Je veux rentrer à Maurice”. Durkabarshan, son frère aîné, a, lui aussi, les mêmes problèmes et veut rentrer à Maurice : “Il n’y a pas de collège pour moi car je ne parle pas le tamoul”. Le père, Nadarajan Iyer Agileswaran, se dit très peiné : “C’est très dur de quitter un pays comme Maurice après 14 ans pour rentrer au Sri Lanka qui est déchiré par la guerre”. Et de poursuivre : “Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école car ils ne parlent pas tamoul”. Il explique que son fils aîné, qui était au collège Impérial, allait prendre part aux examens du SC en novembre prochain. Il demande, donc, aux services de l’Immigration mauricienne de revoir son cas afin que son contrat soit renouvelé pour, dit-il, une période de trois ans, le temps pour lui de compléter les travaux du kovil de Beau-Vallon.
Nous avons envoyé une liste de questions au Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Paul Bérenger, mardi dernier par le biais de son service de presse mais, à hier après-midi, nos questions étaient restées sans réponse. Nous voulons savoir si le bureau du PM a été informé de ce cas de déportation et, si tel est le cas, quelles sont les raisons qui ont motivé les services de l’Immigration à déporter la fillette alors qu’elle a la nationalité mauricienne et qu’au moment où elle a dû quitter le pays, elle était étudiante en Form 1 au Couvent de Lorette de Mahébourg. Nous voulons aussi savoir lequel du droit du sol ou du droit du sang est reconnu à Maurice en matière de déportation lorsqu’il s’agit d’un enfant. Nous avons aussi demandé des explications sur ce que dit la loi mauricienne dans le cas de cette fillette, née à Maurice mais de parents étrangers, en ce qui concerne la déportation. Le 5 mars dernier, une demande a été formulée pour que l’enfant ne soit pas déporté. Nous avons demandé au service de presse du PM ce qu’il était advenu de cette demande et si les parents de la fillette ont demandé un droit d’asile avant d’être déportés.