Si tant est que les hommes d’Église soient des guides (du moins pour ceux qui les écoutent), alors, les voies qu’ils indiquent sont opposées quand elles ne sont pas impénétrables. Heureusement d’ailleurs ! Ce prêtre se prénomme lui aussi Henri. Mais Henri Arthé. Lui, il ne prône pas la fermeture ni le cloisonnement encore moins la ghettoïsation.
À Sainte Croix où il officie, il encourage ses fidèles à s’ouvrir à une langue orientale. Lui-même, catholique de foi, chante en hindi et parle l’ourdou : une illustration de la différence qu’il convient d’expliquer encore et encore entre langue et religion.
L’ouverture culturelle qu’il indique n’est pas en contradiction avec les croyances religieuses de son Église. C’est pourquoi le ton employé, le message et la lumière qu’il propage sont une planche de salut après les discours irrationnels, sectaires et inintelligents, entendus dans d’autres paroisses et tolérés dans un premier temps par l’Église. Alors que d’autres jetaient, jusqu’à tout dernièrement, l’huile sur le feu, Henri Arthé nous sert un rafraîchissant verre d’eau claire, limpide et bienfaisante. Ses paroles témoignent de cette ouverture d’esprit qui, hélas, fait de plus en plus défaut dans cette île Maurice qui a tout pour être plurielle et qui ne se contente d’être singulière. Les paroles du père Arthé (dont l’interview a paru dans le Mauricien de jeudi dernier) réflètent l’esprit d’un homme qui, heureusement, ne s’embarrasse pas de préjugés comme d’autres. “J’encourage les enfants créoles à s’ouvrir à une des langues orientales. Il n’y a pas d’opposition entre développer et affirmer mon identité culturelle et m’engager dans une ouverture aux autres”, dit ce prêtre dont on apprécie l’ouverture salutaire.
L’autre geste salutaire, sous notre ciel orageux ces temps derniers, est venu de Véronique Topize, la veuve de Kaya. En refusant les Rs 70 000 que voulait lui remettre la fédération de la police, Véronique Topize envoie un message clair. Car cela fait cinq ans qu’elle réclame que la lumière soit faite sur les circonstances du décès de son époux, mort en février 99 en cellule policière. Malgré les flambeaux qu’elle brandit inlassablement devant les autorités, la veuve de Kaya est toujours dans l’obscurité. Et pourtant, elle n’est pas riche, Véronique Topize. De l’argent, elle en a besoin pour Azaria et Lumia, les deux seules lumières de sa vie qui grandissent sans leur père. En refusant ce geste maladroit de la police, Véronique Topize démontre son intransigeance dans sa quête de savoir ce qu’il était advenu de son mari dans une cellule policière un jour de février 99. Si cette offre de la police émanait d’une bonne intention, ces messieurs aux Casernes centrales gagneraient plutôt à aider la veuve de Kaya autrement, c’est-à-dire en contribuant à faire éclater la vérité. La vérité et non l’argent : c’est ce que réclame à cor et à cri la veuve de Kaya. C’est dire que la vie et la mort n’ont pas de prix.
Entre la lumière que réclame la veuve de Kaya et le geste maladroit de quelques policiers, il y a heureusement ces notes harmonieuses qui auraient fait plaisir à Kaya. Comme celles qui apporteront du souffle au coeur du pays quand ravane, tambour, flûte, sitar, saxophone résonneront les 2 et 3 avril au Plaza. Ce jour-là, Wiehé, Menwar, Ackbarally, Marday, Lallah, Faro, et les autres de la troupe Tandela joueront, s’accorderont et fusionneront pour faire vibrer Maurice dans une lumière salutaire.
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