“Un cauchemar quotidien”, disent les uns, “Port-Louis est au bord de l’asphyxie”, commentent les autres. Quant à nous, cela fait la deuxième fois en un mois que le sujet est l’objet de nos commentaires. Il nous semble que la solution à l’énorme problème de la congestion de la circulation - qui s’aggrave de jour en jour - ne peut être que l’introduction d’une taxe à l’entrée de Port-Louis chaque jour.
Le gaspillage est trop évident. Les coûts quotidiens à l’économie atteignent des proportions alarmantes et la productivité du pays se détériore de jour en jour. Et puis, cet épineux problème va rendre fous tous ceux qui doivent se rendre quotidiennement dans la capitale.
Voyons les faits. Selon les statistiques officielles, près de 26 000 véhicules entrent chaque jour dans la capitale par les cinq voies d’accès aux heures de pointe, à savoir entre 07h00 et 09h00. Dans cinq ans, ils seront peut-être 35 000, dans l’hypothèse d’un taux de croissance de 5% par an. Près de 50 000 véhicules entreront à Port-Louis dans dix ans si le taux se maintient. Ce sera tout bonnement explosif pour la société et son économie ! Combien de temps, alors, prendra-t-on chaque jour pour arriver à son lieu de travail? Et le nouveau mode de transport de masse? On ne peut l’envisager, compte tenu des tergiversations incessantes des autorités souvent trop vulnérables aux groupes de pression aux pouvoirs exagérés. Dans cinq ou dix ans, “la rage de l’autoroute” caractérisera le comportement de nos automobilistes. Quant à l’introduction éventuelle d’une taxe de congestion routière, on peut parier une nouvelle fois que ces mêmes groupes de pression auront de nouveau le dernier mot sur nos politiques apeurés.
pourtant, la taxe de congestion routière a été extrêmement efficace là où elle a été introduite, notamment à Singapour et à Londres. Ben Webster, journaliste au “Times” en Angleterre, a évalué, pour les lecteurs de son journal, les bienfaits de la taxe de congestion lors du premier anniversaire, il y a deux mois, de son introduction dans le centre de Londres. “Il est difficile de trouver de réels perdants, même chez ceux qui doivent payer £5 pour entrer dans le centre de Londres”, dit-il. Et d’ajouter : “Ceux qui prennent le bus sont, aujourd’hui, bien mieux servis puisqu’ils arrivent à économiser 60% du temps”. Devant le succès remporté par Ken Livingstone, le lord-maire de Londres, les maires des autres grandes villes de la grande-Bretagne, Edinbourg, Cardiff et Bristol, veulent, à leur tour, lui emboîter le pas.
Imaginez l’impact sur l’économie mauricienne et sur la psychologie des voyageurs si demain on pouvait réduire le temps de chacun de nos voyages à Port-louis chaque matin! pour nous, il ne fait aucun doute que le nombre de véhicules venant du nord ou du centre du pays et se dirigeant vers Port-Louis sera réduit d’une certaine manière, compte tenu de l’effet attendu d’une taxe sur les voitures dont, trop souvent, le nombre de passagers est réduit à un ou deux. Il suffit d’en faire l’observation chaque matin : dans ces embouteillages, nombreuses sont les voitures avec rien qu’un passager ou deux à bord. À Londres, les gens, de nos jours, prennent bien plus souvent le bus, car cela leur fait gagner du temps.
Les bienfaits d’une taxe éventuelle ne concernent pas seulement l’intérêt général. Il y va aussi de la planification, à moyen et à long termes, du système de transport public.
À Londres, l’argent récolté, dit le maire, sert à améliorer les routes et les infrastructures. Dans d’autres circonstances, il peut bien servir à financer les études de faisabilité des modes de transport alternatif et même, plus tard, à financer en partie les opérations quotidiennes du métro léger. Imaginez une taxe de Rs10 sur chaque véhicule à l’entrée de Port-Louis. Gagner 15 ou 20 minutes du temps autrement perdu n’est pas chèrement payé. Qui aurait refusé de payer? Mais imaginez le montant que cela peut représenter pour financer, pour une bonne part, l’introduction du métro léger à Maurice!
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