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Shakoor Patel, père de Shabana : “J’abandonnerai les poursuites si ...”

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Shabana Patel et son père shakoor

Alors que les Patel ont logé, l’année dernière, une plainte formelle en Cour suprême pour réclamer des dommages de Rs 31 millions aux Beenessreesingh et à la compagnie d’assurances de ces derniers après le terrible accident survenu au carrefour menant à Flic en Flac en août 2002, à la suite duquel leur fille Shabana avait sombré dans le coma et est toujours dans un état comateux, Shakoor Patel, père de Shabana, dit qu’il abandonnera les poursuites si sa fille recouvre la santé.

L’affaire devait être prise sur le fond mardi dernier mais elle a été renvoyée au 27 mai prochain, date à laquelle toutes les parties concernées devront se présenter en Cour. Shakoor Patel explique qu’il ne sera pas là éternellement pour s’occuper de sa fille, surtout si cette dernière devenait handicapée; mais il ajoute qu’il abandonnera les poursuites si Shabana recouvre la santé. “Mon épouse est fatiguée moralement. Ma famille est éclatée depuis cet accident”, dit-il. Et de poursuivre : “Depuis le terrible accident, je ne dors plus chez moi car la joie  n’y est plus”.


Cet accident de la route, survenu le 13 août 2002, avait fait deux morts : Shivanee Mannick et Jehan Abdullatif, et trois blessées : Ashvini Chady, Shabana Patel et Kalina Beenessreesingh. Cette dernière était la conductrice de la Suzuki Marutti à bord de laquelle voyageaient les deux défuntes et les deux blessées. Un an après le terrible accident, soit le 29 août 2003, les Patel logèrent une plainte en Cour suprême contre les Beenessreesingh et à la compagnie d’assurances de ces derniers pour réclamer des dommages car leur fille Shabana, toujours dans le coma, était soignée  dans un établissement hospitalier payant, le ‘Christian Medical College’ à Vellore, en Inde, un grand centre de réhabilitation. Elle y est en traitement depuis le mois de février 2003 et elle l’est toujours. Sa mère, Bilkiss se trouve à ses côtés. Les frais d’hospitalisation de Shabana Patel sont toutefois très élevés. Un compte bancaire spécial a été ouvert pour Shabana à la State Bank of Mauritius et porte le numéro suivant : le 01 82 01 00 00 32 14.


Shabana Patel souffre d’un traumatisme crânien. Cependant, même si elle est dans le coma, elle donne aujourd’hui “des signes encourageants”, selon Shakoor Patel qui rend visite à sa fille et à son épouse chaque deux mois, “depuis qu’elle a ouvert les yeux, il y a davantage eu de coordination entre le côté neurologique et le côté physiologique”. Et d’ajouter : “Il y a davantage de mouvements et de réactions entre le cerveau et les membres. Elle sourit et réagit aux ordres et bouge même ses membres lorsqu’on lui demande de le faire”. Sa dernière visite à sa fille remonte à janvier dernier. “Il y a eu un progrès énorme mais ma fille est toujours dans un coma vigile; elle entend le moindre bruit, sa vision est parfaite mais c’est au niveau du cerveau qu’il y a des problèmes car il y a des choses auxquelles elle ne réagit pas. De plus, elle ne parle pas”, explique Shakoor Patel.

Shakoor Patel déclare que sa fille, aidée des infirmières, se déplace en fauteuil roulant pour faire des promenades dans le jardin de l’établissement hospitalier où elle est en traitement. Il explique aussi que le personnel hospitalier a mis un dispositif spécial qui permet à sa fille de faire usage de l’informatique à l’aide d’une souris spéciale : “Ce dispositif lui permet de stimuler ses sens et le côté neurologique car elle entend et voit”. Interrogé sur la durée du traitement de sa fille, Shakoor Patel reste quelque peu perplexe : “Les médecins eux-mêmes ne peuvent se prononcer sur le temps que cela prendra avant son rétablissement total car son cerveau a manqué d’oxygène après l’accident”. Mais l’espoir y est toujours chez les Patel : “Nous espérons un miracle car il y a des signes encourageants”, dit le père avant d’ajouter : “J’abandonnerai les poursuites si ma fille recouvre la santé”. Shakoor Patel ne finit pas de faire des éloges d’elle : “Elle était une fille vivace, instruite et très affectueuse envers tout le monde”.


Flash-back
Le jour fatidique, raconte Shakoor Patel, qui dirige une entreprise de décoration intérieure, c’est à travers un appel téléphonique qu’il a été informé que sa fille, âgée de 19 ans, avait fait un accident : “C’est ma femme qui m’a appris la triste nouvelle alors que j’étais à mon bureau à Terre Rouge”. Grièvement blessée, Shabana avait été transportée à l’hôpital Victoria, Candos. Lorsqu’il est arrivé à Candos, il a appris que l’état de santé de sa fille était beaucoup plus grave qu’il ne l’imaginait : “J’ai vu ma fille allongée sur un ‘trolley’ devant le CT Scan. Elle était sous une varangue et une infirmière l’éventait. J’étais effondré car au départ je ne voulais pas accepter que c’était ma fille qui était allongée sur le trolley”. Les minutes qui ont suivi furent atroces, terribles à vivre, dit-il. Un vrai calvaire  : “Une heure après, ma fille était toujours allongée sur le ‘trolley’ et se trouvait toujours sous la varangue. Aujourd’hui, je me demande pourquoi on avait laissé ma fille sous cette varangue alors qu’il pleuvait et qu’il faisait froid ?”.

Peu de temps avant le drame, les cinq étudiantes étaient à la plage à Flic en Flac. Elles caressaient toutes le rêve de poursuivre leurs études mais le destin en avait décidé autrement. Ce jour-là, les cinq étudiantes se trouvaient à bord d’une Suzuki Marutti; Kalina Beenessreessingh était au volant. leur véhicule a été heurté par un 4x4 Isuzu de couleur grise. Selon un témoin, un employé de l’hôtel Sugar Beach qui conduisait une Ford rouge et qui roulait derrière la Suzuki Marutti dans laquelle se trouvaient les étudiantes, la Suzuki Marutti avait déjà négocié le tournant en direction de Quatre-Bornes quand le 4x4 l’a heurtée de plein fouet. Le 4x4 sortait de Bambous  : “L’impact a été si violent que la Marutti a été projetée à des mètres plus loin et l’arrière du 4x4 est venue heurter mon véhicule”. Il explique que des volontaires ont accouru pour porter secours aux blessées.

Selon d’autres témoins, après la collision fatale, Shivanee Mannick, assise sur le siège avant à côté de Kalina Beeneessreessingh, était immobilisée sur son siège; elle saignait abondamment du visage ainsi que de son bras gauche. Étaient assises sur le siège arrière Shabana Patel, Jehan Abdullatif et Ashvini Chady. Les cinq occupantes furent par la suite transportées séparément à l’hôpital Victoria. Shakoor Patel raconte que c’est dans un camion d’une compagnie de renom que sa fille avait été évacuée : “Elle était la dernière à quitter les lieux de l’accident pour Candos. Elle était étendue sur le gazon sous une petite pluie fine. Je ne finirai jamais de remercier le chauffeur de cette compagnie qui l’avait transportée et le Dr Bernard Piat qui avait tout abandonné pour accompagner ma fille à l’hôpital”.

Le CT Scan terminé, les Patel ont appris que leur fille allait devoir être transférée à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSRN à Pamplemousses vu la gravité de son état de santé. “La première semaine, ma fille était mourante”, nous dit Shakoor Patel. Jehan Abdullatif a été, elle aussi, conduite à l’hôpital SSRN où elle a subi trois interventions chirurgicales; elle fut placée sous surveillance médicale à la ‘Cardiac Unit de cet établissement hospitalier mais rendit l’âme quelques jours après.






Le dossier soumis au DPP
Selon la police, l’enquête sur ce terrible accident de la route a été bouclée. Le dossier a déjà été soumis au Directeur des Poursuites Publiques. Suite à cet accident fatal, deux personnes, selon une source policière, avaient été arrêtées. Elles sont le chauffeur du 4x4, et Kalina Beenessreesingh, la conductrice de la Suzuki Marutti à bord de laquelle voyageaient les deux victimes et les deux blessées. Les deux chauffeurs sont provisoirement accusés d’homicide involontaire. Toutefois, le père de Kalina Beenessreesingh nous avait déclaré en août dernier que sa fille n’avait jamais été arrêtée par la police. Contacté à nouveau la semaine dernière, il s’est abstenu de tout commentaire : “Comme l’affaire est en Cour, ma fille et moi n’avons rien à dire”.

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