D’un côté il y a, comme à chaque fois que l’occasion se présente, les grands discours, frigorifiés et rechauffés, qu’on aime bien nous réserver dans les grands moments, ceux qui, normalement, font rêver mais qui non seulement ne provoquent aucun frisson ici mais sont ô combien lassants étant trop loin de notre réalité. Car comment écouter ces grandes leçons qu’on nous donne, ces belles histoires du vivre-ensemble qu’on essaye de nous vendre ! Serait-ce en serinant quelques bons mots patriotiques, en évoquant “l’unité et l’harmonie entre les différentes composantes de la nation arc-en-ciel”, une condition sine qua non (dixit le Premier ministre) au progrès du pays ?
Qui nous empêchera de croire que ces belles paroles ne représentent que le côté ‘vitrine’ de Maurice, semblables à celles qu’on écrit sur les pamphlets touristiques pour vendre notre destination mais qui, en réalité, ressemblent à une fragile couche de vernis - transparente en plus - d’une version de ce que Maurice aurait pu être ? Car cette unité qu’on veut brandir n’a jamais été aussi insignifiante qu’aujourd’hui. Comment peut-on parler d’unité - dans la diversité ou pas - alors que ces jours-ci, on privilégie l’appartenance à une communauté à celle à la nation. Que n’a-t-on pas entendu ces derniers jours pour exacerber la haine communale ? Comment peut-on oser prôner “l’harmonie entre les différentes composantes de la nation” alors que les membres du gouvernement eux-mêmes donnent l’impression d’enfermer de plus en plus les Mauriciens dans un ghetto communautaire ?
Devrait-on se sentir concerné par le slogan ‘Enn sel nation, enn sel destin’? Ou devrait-on plutôt se dire que chaque composante de cette même nation a son destin décidé et tracé par le gouvernement du jour? N’est-ce pas le gouvernement lui-même qui donne cette image de la nation morcellée en différents groupes ethniques ? N’est-ce pas le PM qui a choisi (et il l’a dit) au moins un de ses conseillers en fonction de sa caste alors qu’on pensait que la compétence primerait ? Peut-on progresser quand le gouvernement se laisse influencer par les lobbys religieux ?
N’est-ce pas le Premier ministre lui-même qui reçoit régulièrement les membres des associations dites socioculturelles, ceux-là même qui s’octroient en plus le droit d’intervenir - parfois de manière musclée - quand ils s’estiment concernés ? C’est avec ce genre d’interlocuteurs que bien souvent le Premier ministre discute des affaires du pays, cédant souvent à leurs requêtes ou autres revendications. On peut donc légitimement se demander si le Premier ministre mesure bien ses mots quand il vient dire que ‘l’unité et l’harmonie entre les différentes composantes de la nation arc-en-ciel sont les conditions sine qua non, la condition indispensable au progrès du pays.” S’il croit vraiment en ce qu’il dit, on pourra dire qu’il a une bien étrange idée de l’unité nationale...
• Ainsi donc, Suttyhudeo Tengur et Clifford Maniacara ne se contentent plus d’exprimer leurs opinions respectives sur les langues orientales à travers conférences de presse et réunions privées. À partir de ce dimanche, c’est à Lallmatie - une région choisie pour les raisons que l’on sait - que Suttyhudeo Tengur fera un pèlerinage pour, dit-il, “conscientiser les parents et les citoyens” (voir texte en page 14). De son côté, Clifford Maniacara descend, lui aussi, sur le terrain; il le fait depuis plusieurs semaines et était, la semaine dernière, à Camp Rouillard - autre lieu choisi pour les raisons évidentes, même si Clifford Maniacara dira qu’il a été invité par une famille de la localité - pour expliquer que “la comptabilisation des langues orientales favorise certains élèves aux dépens d’autres.” À voir la tournure que ça prend, on a des raisons de s’inquiéter...
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