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Poornima Ramphul, qui vénère ces statuettes, dit avoir eu un “don de Dieu”

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La blessure en forme de croix sur son front a ‘saigné’ mardi dernier alors que des journalistes de -5-plus dimanche’ étaient sur place

Un nouveau ‘miracle’ est venu s’ajouter, au début de la semaine dernière, à ceux proclamés par la famille Ramphul, à Surinam. Après la statuette de la Vierge Noire qui ‘pleure’ et les plaies de Jésus sur le crucifix qui ‘saignent’, Poornima Ramphul, la propriétaire de ces statuettes, dit qu’elle porte les stigmates (les blessures aux mains, aux pieds et au front semblables à celles du Christ sur la Croix, ndlr). Elle dit que Dieu l’a choisie pour lui donner ‘un don’. Incrédules, certains habitants de son quartier crient à l’escroquerie, accusant celle qu’ils appellent ‘traiteur’ de vouloir gagner plus d’argent.

Pour Poornima Ramphul, ce va-et-vient devant sa porte serait l’oeuvre du ‘Bon dié’ et de ‘mama la Vierge’ qui lui auraient transmis un ‘don’  : “J’ai reçu un don de Dieu. Je suis confiante qu’un miracle se produira”. Interrogée quant à la nature de ce miracle et la raison pour laquelle Dieu l’aurait choisie, elle dit “ignorer les raisons mais je ressens de la joie depuis que ces ‘miracles’ se produisent”. Quant à sa conversion à la foi catholique, Poornima Ramphul a changé d’idée après qu’elle nous eut affirmé dans notre édition de 29 février dernier qu’elle allait se faire baptiser avant la fin du carême chrétien : “Je ne sais pas encore si je vais le faire. Ce que je sais, c’est que Jésus lui-même s’est fait baptiser”.


Les ‘miracles’ s’enchaînent chez Poornima Ramphul. Ils ne se contentent plus de se ‘manifester’ à travers des statuettes, mais se produisent maintenant sur sa personne. Le réalisateur Rupert Wainwright, qui s’était inspiré de l’histoire des stigmatisés (comme St François D’Assise, voir hors-texte plus loin) pour son film ‘Stigmata’ (sorti en 1999), il aurait bien pu recruter Poornima Ramphul pour incarner le personnage principal de son oeuvre. Patricia Arquette, qui interprète le rôle-clé dans le film, porte des stigmates et est pourchassée par un groupe religieux qui veut l’éliminer.

C’est depuis le dimanche 7 mars dernier, que Poornima dit porter des stigmates - des plaies évoquant celles subies par le Christ le jour de son crucifiement. Elle a également une blessure en forme de croix sur le front qui a commencé à saigner. Mardi dernier, alors que nous étions chez elle, nous avons été témoins de ce ‘saignement’. Il était environ 15h30. Poornima Ramphul est sortie pieds nus de sa maison en pleurant, disant qu’elle ne pouvait pas ‘supporter le poids de la croix’. Un mince filet de sang suintait des trois extrémités de la blessure en forme de croix sur son front légèrement enflé. Une des visiteuses venues ‘prier’  la statuette de la Vierge Noire qui ‘pleure’ a pris son mouchoir en coton et a essuyé le sang mais il n’y avait aucune trace sur le tissu. Vishwanath Ramphul, l’époux, avance que c’est la deuxième fois que ces stigmates apparaissent : “La première fois, c’était dimanche dernier. Nous ne savions pas ce que c’était et un fidèle catholique nous a expliqué que ces ‘blessures’ ressemblaient à celles de Jésus quand il a été crucifié”.


Christ et Marie se seraient révélés à elle
Des prières dites auprès de la grotte où ont été installés la statuette de la Vierge Noire qui ‘pleure’ et le crucifix qui ‘saigne’ ont suffi à calmer les douleurs que ressentait Poornima Ramphul : “Jésus m’avait donné sa croix à porter, mais je ne pouvais pas le faire; elle était trop lourde. J’ai ressenti quelque chose qui me transperçait les mains et les pieds”. En sus de ses ‘conversations quotidiennes’ avec Jésus, Poornima Ramphul reçoit la visite journalière de la mère de celui-ci, la Vierge Marie. “On a rendez-vous tous les matins, on discute. D’ailleurs, c’est la Vierge Marie qui m’a donné la permission de faire des impositions des mains sur les personnes qui viennent me demander de prier pour elles”, soutient-elle.


Mais d’où lui vient cette inclination à prier la Vierge Marie et Jésus, elle, une hindoue qui s’est mariée dans sa religion avec Vishwanath Ramphul, aujourd’hui marchand de légumes? “Depuis mon adolescence, j’ai découvert la Vierge Marie. Je trouvais qu’elle était belle et j’ai demandé à mon père de m’acheter une de ses statuettes”, dit Poornima. Fille de Diren Dhoyal, un ex-employé des travaux publics et de Danmantee, ex-femme au foyer, (les deux décédés), Poornima a toujours vécu à Surinam. Le manque d’argent s’est toujours fait sentir dans cette famille de huit enfants (deux frères et six soeurs, dont elle est l’avant-dernière, ndlr). Elle a cessé de fréquenter le collège Nightingale – un établissement qui a fermé ses portes depuis - alors qu’elle avait 15 ans : “Mes parents n’avaient plus d’argent pour m’envoyer à l’école”. Pour gagner sa vie, elle a trouvé de l’emploi comme ouvrière. En 1989, elle épousa religieusement Vishwanath : “Sa famille avait refusé notre union mais malgré tout nous avons persisté et nous nous sommes mariés”. Trois ans après, elle donna naissance à un fils et une année plus tard à une fille.  “À cette époque, je vivais chez mes parents et j’avais beaucoup de problèmes avec mes frères. Aujourd’hui, cela fait 14 ans que je vis avec ma famille dans notre propre maison que nous avons construite à Surinam grâce à nos efforts”, confie-t-elle. Tout dernièrement, elle s’est retrouvée au chômage après que l’usine Summit Textiles, où elle était employée comme ouvrière, eut fermé ses portes. Selon Poornima Ramphul, la religion a toujours été sa force :“En tant qu’hindoue, je fais beaucoup de méditation à la mer. C’est-à-dire que je prie les dieux en m’immergeant dans la mer”.


Surinam, le ‘talk of the town’
En trois semaines, Surinam est au centre de toutes les conversations. Cette soudaine montée de ‘célébrité’, le village la doit aux ‘miracles’ des Ramphul. De 06h00 jusqu’à parfois 22h30, la ruelle où habite cette famille est le théâtre d’un défilé continu de véhicules transportant les visiteurs venus ‘admirer’ ces phénomènes de la statuette de la Vierge Noire (venue d’Italie et offerte par un proche de Poornima) qui ‘pleure’ depuis le 15 janvier dernier et le crucifix qui ‘saigne’ (depuis deux semaines).

À l’évocation de ces ‘miracles’ chez la famille Ramphul, les habitants du quartier esquissent un sourire avant de dire : “Vous ne voyez pas que tout cela est invraisemblable. Il faut faire des analyses”. D’ailleurs, le père de la paroisse de Souillac, qui avait béni la Vierge Noire qui ‘pleure’, a déclaré dans notre édition de la semaine dernière “qu’il y a trop d’événements d’un seul coup. Il faut faire des analyses”. Amana, la soixantaine, croit fermement que Poornima Ramphul place sa Vierge Noire (qui ‘suinte’) dans son réfrigérateur la nuit avant de la replacer dans sa grotte le matin : “Je ne crois pas qu’une statuette puisse ‘suinter’ autant d’eau”. Et Manon, 78 ans, d’ajouter : “Tout le monde dans l’endroit sait qu’elle est une adepte de la sorcellerie. Quand j’ai entendu ces supposés ‘miracles’ , j’ai tout de suite compris qu’elle avait mis en place ce stratagème pour avoir plus d’argent”.


Mais devant ces accusations, le couple Ramphul se défend et crie au mensonge. “Je ressens de la colère quand j’entends tous ces ragots. Je n’ai pas inventé ces miracles. Les gens qui racontent ces mensonges sont remplis de méchanceté. Je n’ai jamais eu une affinité quelconque avec la sorcellerie. Je n’utilise pas l’argent des dons à des fins personnelles, je l’utilise pour acheter des bougies que j’allume devant les divinités. De toute façon, même à l’époque de Jésus, certains ne croyaient pas en ses miracles”, explique Poornima, la ‘stigmatisée’, qui dit n’avoir jamais eu de formation biblique. Et son époux de poursuivre :“Il y a un plaisantin qui a mis un écriteau sur lequel on pouvait lire que nous demandions Rs 100 comme droit d’entrée chez nous. J’ai consigné une déposition à la police à cet effet. Je ressens de la colère quand je vois toute cette méchanceté”. La colère, c’est le même sentiment qui anime Ashish, son fils de 12 ans : “Ma mère n’a pas inventé cette histoire. Je crois en elle”. Outre le scepticisme de son voisinage, Poornima Ramphul fait aussi face aux reproches de sa famille : “Depuis que j’ai rendu publics ces ‘événements’, je ne cesse d’être accablée de reproches par mes proches. L’un d’eux m’a même demandé de ne pas mentionner le nom de la famille dans mes déclarations”. Quant à Marie-Lourdes Radegonde, une habitante de Bel Ombre, qui se dit la ‘guide spirituelle’ de Poornima, elle croit que cette dernière a été choisie par Dieu pour accomplir sa volonté : “Je prie beaucoup et jamais je n’ai vu ce genre de miracles. Jésus l’a choisie, c’est tout. La prière n’est pas une chose dangereuse, elle vous aide à découvrir beaucoup de la vie. Je crois que Poornima ne ment pas et j’ai décidé de l’aider à trouver sa voie spirituelle”.


Autre fait suprenant chez cette famille : les développements survenus depuis que ces ‘phénomènes’ ont fait leur apparition. En effet, des traces d’écoulement ont été notées après deux semaines sur le visage de la Vierge Noire qui ‘pleure’. À peine la statuette de la Vierge a-t-elle ‘suinté’ qu’une grotte a été érigée dans la cour familiale parce que, dit Poornima Ramphul, “c’est Marie qui me l’a demandé dans mon rêve”. À la fin de la semaine où ces phénomènes se sont produits, Poornima s’est mise à faire des impositions des mains sur les visiteurs, dont certains recherchent une guérison. Nicolas, de Sainte-Croix, un curieux sceptique, avoue “qu’à la limite je peux essayer de croire que cette Vierge Noire ‘suinte’ et que les plaies du Christ ‘saignent’ mais je ne crois absolument pas qu’elle a le pouvoir de faire des impositions des mains pour guérir ces personnes venues demander une grâce”. L’autre développement qui intrigue est l’installation d’une boîte à côté de la grotte destinée à recevoir des dons. “J’ai placé cette boîte parce qu’à chaque fois, des gens veulent me donner de l’argent (somme, selon elle, qui dépasse rarement Rs 15); je refuse à chaque fois mais comme ils insistent, je dois le prendre. C’est à la suite de cela, que j’ai placé cette boîte”, déclare-t-elle. D’après les dires de son époux, il y aurait, en moyenne, une centaine de visiteurs par jour.






C’est quoi des stigmates?
Les stigmates (du mot grec “stigma” qui veut dire piqûre) sont les plaies du côté gauche du thorax, des paumes et des pieds ainsi que du cuir chevelu, ces plaies évoquant celles subies par le Christ le jour de sa Passion (couronne d’épines, supplice de la croix). Elles (les lésions qui ne s’infectent pas) apparaissent souvent subitement le vendredi (jour de l’anniversaire du supplice), et disparaissent d’une manière aussi inexplicable le dimanche (jour de la résurrection). À ce jour, le Vatican a recensé environ 321 stigmatisés (les femmes sont plus nombreuses), dont 80 ont été béatifiés ou canonisés. On note parmi les stigmatisés célèbres : St François d’Assise (né en 1181), Ste Catherine de Sienne (1347-80, canonisée en 1461), Anne-Catherine Emmerich (les plaies sont apparues dès 1812), Maria von Moerl (1812 - 68), Louise Lateau (1850-83), Ste Gemma Galgani (1878-1903), de Lucques, Italie, le Padre Pio (béatifié en 1999), Thérèse de Lisieux, Marthe Robin, Maria Rosalina Veira (Tropeco, Portugal).






Le père Pierrot Friquin, chargé par l’Évêché d’enquêter sur cette histoire :

“Pour l’instant, je n’ai vu aucun de ces ‘miracles’. Je crois qu’il y a d’autres personnes derrière elle”

Trois ‘miracles’ en trois semaines ont fait réagir l’Évêché. Pour éclaircir toute cette affaire, surtout après que certains habitants ont affirmé que Poornima Ramphul fabulait, le vicaire général, Jean Maurice Labour, a chargé le père Pierrot Friquin, curé de la paroisse de St-Patrick, d’enquêter dans cette affaire. Celui-ci s’est rendu à deux reprises pour constater ces ‘miracles’ : “Je suis allé à deux reprises chez cette famille mais je n’ai vu aucun ‘miracle’. Pour l’instant, je ne suis pas encore convaincu que ces ‘phénomènes’ qui se ‘manifestent’  sont véritables; il me faut du temps pour que mon enquête aboutisse”. Concernant les stigmates que Poornima dit porter, le père Friquin avoue que “j’ai vu un signe en forme de croix mais elle peut tout aussi bien venir d’autre part. Je crois que Poornima Ramphul n’est pas seule dans cette affaire et qu’il y a des gens qui sont en train de monter cette affaire parce que tantôt  elle explique des choses cohérentes, tantôt c’est le contraire”. Pour soutenir son hypothèse, le père poursuit en disant : “Elle m’a avoué qu’elle a eu cette ‘croix sur le front’ le vendredi 5 mars dernier alors que j’étais présent chez elle ce jour-là et que je n’avais rien vu. Quand je lui ai fait la remarque, elle m’a dit que c’était dimanche dernier. Il faut attendre la fin de mon enquête pour éclaircir cette affaire”. Il déclare également qu’il a entendu plusieurs témoignages dans cette affaire et qu’il a appris que Poornima Ramphul “pratique pas mal de choses. Je la respecte mais, valeur du jour, je ne peux pas demander aux gens d’y aller”.

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