Marie-Claude Gopaul et sa fille Manisha
Dans la soirée du dimanche 7 mars dernier, les membres de la famille Gopaul de Hollyrood ont été agressés par un groupe de personnes armées de sabres et de gourdins. Selon les victimes, deux jeunes du groupe auraient mal digéré la réprimande dont des jeunes avaient fait l’objet pour avoir uriné devant leur maison et des jeunes ont passées à tabac.
Manisha, 21 ans, est celle qui a été la plus touchée durant l’agression. Frappée sur le crâne puis au visage avec un gourdin, elle a eu la lèvre supérieure ensanglantée, la mâchoire disloquée et quatre dents cassées. Conséquence : on lui a fait cinq points de suture et elle doit s’alimenter à l’aide d’une ‘pipette’. Les larmes aux yeux, Marie-Claude Gopaul, sa mère, nous dit qu’en sus de la souffrance de ses blessures, sa fille est traumatisée; elle a peur que ses assaillants récidivent : “Elle ne peut pas parler correctement. Elle a eu quatre dents cassées. Ce qui l’effraie le plus, c’est que ses agresseurs viennent à nouveau pour l’attaquer. Elle trouve difficilement le sommeil à cause de cela. Les médecins de l’hôpital l’ont référée à un psychiatre à ce sujet”.
Flash back de l’agression
D’après les dires de Marie-Claude Gopaul, la cinquantaine, mère de cinq enfants, il était aux alentours de 19h30 et elle était assise, en compagnie de ses proches, sur les marches menant à sa varangue quand il y eut une prise de bec avec deux jeunes d’un groupe. “Ces jeunes étaient chez mon voisin et discutaient tranquillement. À un certain moment, deux d’entre eux sont venus uriner à la lisière d’un champ de canne, à environ deux mètres de nous. Ils se tenaient sur l’asphalte pour se soulager. Mon époux leur a alors demandé s’il n’y avait pas de toilettes où ils pouvaient satisfaire leurs besoins. Ils lui ont répondu que du moment qu’ils le faisaient dans un champ, ce n’était pas son problème. La discussion s’est envenimée entre eux”. Toujours selon notre interlocutrice, son voisin, auquel les jeunes rendaient visite, a commencé à s’exciter. “Aidé de deux ou trois autres personnes, il a frappé mon époux. Voyant cela, Franco, le fiancé de Manisha, est allé à sa rescousse. Les agresseurs ont répondu que cela ne se terminerait pas ainsi avant de s’en aller”, raconte-t-elle. Nous n’avons pu avoir la déclaration du voisin parce qu’il était absent de chez lui et il n’y avait personne d’autre à la maison. De source policière, nous avons appris que les Gopaul ont balancé le nom du voisin; ils l’accusent d’être l’un des agresseurs dans leur déposition.
Croyant que l’incident était clos, Franco demanda à sa fiancée ainsi qu’aux parents de celle-ci de rentrer à l’intérieur. “Il est parti faire un tour dans sa voiture, le temps que le groupe de jeunes se calme. Cependant, à son retour, les choses devaient se gâter davantage”, poursuit Marie-Claude Gopaul. Toujours selon celle-ci, des hommes en voiture sont venus rejoindre la bande des présumés agresseurs. Ils étaient tous armés de gourdins, et d’autres, de sabres : “Ils étaient environ vingt-cinq. Ils cherchaient Franco. Celui-ci nous a demandé de nous enfermer dans la maison car il se rendait sur le champ à la police. Il a couru à travers le champ de cannes devant notre porte”. Il était alors 21h30.
N’ayant pas vu Franco sortir de la maison, les agresseurs s’en sont pris à Jean Gopaul, employé des travaux publics et père de Manisha. “Elle a voulu le défendre, elle a griffé un jeune au visage mais a reçu un coup sur la tête et un autre à la bouche. Sa blessure saignait abondamment. J’ai eu un coup de poing au visage; mon autre fille et son mari ont été également bousculés”, relate Marie-Claude Gopaul.
Devant la gravité des blessures de sa fille et de peur qu’elle ne soit tabassée davantage, Marie-Claude l’a agrippée et les deux se sont enfuies en traversant le champ de canne : “En regagnant la route, nous avons vu une voiture mais le chauffeur a refusé de nous emmener à l’hôpital sous prétexte qu’il se rendait loin. C’est regrettable qu’à Maurice, on refuse de porter secours à une personne en danger”. Les deux femmes ont poursuivi leur route et sont finalement arrivées sur la route Royale de Quinze Cantons. “Quelqu’un que nous connaissons nous a reconnues. Pendant que je lui racontais l’agression dont nous avions été victimes, la bande de jeunes, qui était dans un véhicule, s’est arrêtée à notre hauteur. L’un d’eux a mis son sabre sous la gorge de ma fille tandis que le groupe s’en est pris à l’homme qui nous parlait. Je ne sais d’où j’ai puisé le courage; j’ai tiré ma fille par la main et nous nous sommes à nouveau enfuies”, raconte-t-elle. La mère et la fille parvinrent à gagner le domicile de leur frère et oncle à Quinze Cantons d’où Marie-Claude a appelé les services de secours.
Entre-temps, mandée sur les lieux de l’agression à Hollyrood, la police s’est pointée. “Malheureusement, le groupe d’agresseurs avait déjà pris la fuite”, nous dit Jean Gopaul. À jeudi dernier, à l’heure où nous mettions sous presse, les présumés agresseurs étaient toujours recherchés par la police. Se remettant difficilement de cette agression, Marie-Claude Gopaul demande aux mères des suspects de “toujours interroger leurs enfants quand elles les voient partir avec une arme entre les mains. Un crime aurait bien pu être commis devant ma porte ce jour-là. J’espère que ceux qui nous ont agressés ont pris conscience du tort qu’ils nous ont causé”.