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Un recensement de tous les bateaux de plaisance bientôt

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Adip Foolman, l’une des deux
victimes de la noyade

Afin d’assurer une plus grande sécurité des plaisanciers, pique-niqueurs et autres touristes qui font des sorties en mer pour se rendre sur les îlots autour de notre île, le ministre du Tourisme et des Loisirs, Anil Gayan, a annoncé que procédures pour l’octroi de permis de ‘Pleasure Craft’ (PCO) seront revues. Un recensement de tous les bateaux de plaisance sera aussi effectué.

Ces décisions surviennent une semaine après le décès tragique d’Ashwin Dindoyal et de son ami, Adip Foolman, morts noyés alors qu’un groupe de douze jeunes, à bord d’une pirogue se rendait à l’île d’Ambre. “Nous allons revoir les procédures pour l’octroi de permis aux bateaux de plaisance, que ce soit ceux qui sont utilisés par leurs propriétaires pour leur plaisir personnel ou ceux utilisés pour des besoins professionnels. Quoi qu’il en soit, il y a des normes de sécurité à respecter. Il faut qu’on soit très vigilant”, a déclaré le ministre du Tourisme. Pour ce faire, il y aura un recensement de tous les bateaux de plaisance et les procédures pour l’octroi de permis à ces bateaux seront redéfinies. “S’il faut introduire de nouvelles normes de sécurité à bord, nous le ferons. Puis, s’il faut augmenter la ‘Pleasure Craft Act’ pour rendre les amendements aux infractions plus sévères, nous le ferons”, ajoute-t-il.
Les rescapés racontent

Se remettant difficilement de la perte de son jeune frère, Ashwin, 21 ans, et de son ami, Adip Foolman, 37 ans, Arvin Dindoyal, chauffeur de taxi qui était aussi parmi les passagers de la pirogue, avoue qu’à aucun moment le groupe de douze jeunes n’avait songé à se soucier de la sécurité à bord de l’embarcation lors de leur sortie en mer ce jour-là. “À plusieurs reprises, nous avons pris la pirogue, appartenant à notre ami Vishal Dauhoo, pour nous rendre sur les îles proches de Poudre d’Or et nous n’avons jamais eu de problèmes. À aucun moment, en prenant la mer samedi dernier (21 février dernier, ndlr), nous avons soupçonné qu’un tel malheur allait s’abattre sur nous. Nous n’avions qu’une seule idée en tête ce jour-là : nous rendre sur l’île d’Ambre pour nous amuser”, confie-t-il.


La pirogue prend eau
Les douze jeunes, tous des habitants de Poudre d’Or, avaient tout prévu ce samedi-là pour passer un week-end sur l’île d’Ambre. Les prélarts pour s’abriter, le conteneur d’eau potable, les bougies, les produits alimentaires, les vêtements de rechange, la caisse de bière, les cigarettes, et sans oublier les portables, tout avait été embarqué sur la pirogue. Celle-ci, communément appelée ‘la coque pistache’ par les pêcheurs, était équipée d’un moteur. “Cette sortie était prévue depuis quelques semaines déjà”, raconte Arvind Dindoyal. Tout était fin prêt mais l’imprévu a tout gâché.

Vers 17h00, la pirogue quitte le débarcadère de Poudre d’Or. Direction : l’île d’Ambre distance d’environ deux kilomètres de la côte. “À environ 1,5 kilomètre de l’île, le temps a commencé à se détériorer. Une première vague s’est écrasée contre notre pirogue et l’a remplie d’eau. Une deuxième vague l’a renversée et elle a coulé”, poursuit Vishal Haressingh, 27 ans, laboureur.  Ils sont alors à l’endroit connu comme ‘Capitaine Jeté’. Les douze hommes se retrouvent à la mer: “Chacun a essayé de nager, de sauver sa vie. J’ai vu mon frère Ahwin qui s’était appuyé à moitié sur des feuilles de carton pour nager. Après deux ou trois minutes, la pirogue a refait surface. Nous nous y sommes agrippés. Il n’y avait que dix personnes. Il manquait Ashwin et Adip”. Au même moment, quatre pêcheurs de Grand-Gaube, revenant d’une partie de pêche aux alentours de l’île d’Ambre, portent secours aux rescapés qui regagnent la terre ferme. Arrivés à terre, Arvin et ses amis préviennent les secours. “Quinze minutes après, je suis reparti avec les gardes-côtes pour aller à la recherche de mon frère et son ami”, relate-t-il.

Ce n’est que le lendemain, soit dimanche, que les corps ont été repêchés. L’autopsie a conclu que les deux victimes sont mortes asphyxiées. Toujours selon Arvin, tout le monde (y compris les deux victimes) à bord du bateau savait nager. “Mon frère et l’autre noyé savaient nager. Je ne comprends pas comment un tel drame a pu se produire?”, se demande-t-il. Interrogée, Pratima Sangkar, la soeur d’Adip Foolman, affirme que son frère ne savait pas nager : “Mon frère ne savait pas nager. Le jour du drame, il est parti avec une torche en main sans me dire où il se rendait. Ce n’est que dans la soirée que j’ai appris la mauvaise nouvelle”.

Par ailleurs, Vikash Dauhoo, 22 ans, le propriétaire de la pirogue qui ne détenait aucune licence, comme le contrairement à ce que stipule la ‘Pleasure Craft Act’ (voir hors-texte plus loin), a été arrêté pour homicide involontaire. Toutefois, la pirogue était enregistrée auprès du ministère de la Pêche. Vikash Dauhoo a été libéré après avoir fourni une caution de Rs 5000. Nous avons tenté d’avoir sa version des faits sur cette accident en mer mais sans succès. Bien que nous lui ayons laissé nos coordonnées, il ne nous a pas contacté. Pour ce qui est des poursuites éventuelles contre Vikash Dauhoo, les familles des victimes disent qu’elles n’en feront rien. “Vikash était le meilleur ami d’Arvin. Un malheur est arrivé et nous n’allons pas le poursuivre”, précise Arvin Dindoyal.






La sécurité : une recommandation à prendre au sérieux
Il y a quelques années de cela, au large de Coin de Mire, quatre jeunes se sont noyés alors qu’ils se rendaient sur cette île pour camper. Selon la police, il n’y a pas de dispositions légales qui obligent un citoyen à informer la ‘National Coast Guard’ (NCG) de toutes sorties et autres activités en mer. Dans le cas des noyés de Poudre d’Or, cette unité de la police n’a pas été avertie. Cependant, la NCG recommande certaines précautions à prendre comme le prévoit la ‘Pleasure Craft Act’ (PCA). D’après les recommandations de la ‘Pleasure Craft Act’, il ne faut pas excéder le nombre de personnes autorisé pour chaque type de bateau. Chaque passager du bateau doit être équipé d’un gilet de sauvetage et le skipper qui accompagne les passagers doit savoir nager. Une attention spéciale doit être accordée aux enfants. Au cas où le temps se déteriore, il vaut mieux ne pas continuer le voyage et retourner à terre. Fanfan Meunier, tour-opérateur à Pereybère depuis 27 ans déjà, demande que les passes (passage étroit à la navigation) soient balisées : “Le plus grand danger vient des passes”.


En moins de deux ans
Vingt-trois personnes sont mortes noyées
Selon quelques pêcheurs rencontrés sur la plage de Poudre d’Or, avant le drame qui a coûté la vie à Ashwin Dindoyal et à son ami Adip Foolman, un pêcheur s’était noyé deux ans de cela au même endroit en allant récupérer ses casiers. Commentant le drame qui a frappé les familles Dindoyal et Foolman, un des pêcheurs, Henri, affirme : “Ces jeunes n’auraient pas dû s’aventurer sur une pirogue à douze en sus  de leur effets personnels”. Mamjee, un autre pêcheur, d’ajouter : “Ils auraient dû prévenir les gardes-côtes qu’ils allaient sur cette île”.


De plus, selon les statistiques officielles, depuis l’année 2003, 23 personnes sont mortes noyées à ce jour dans les rivières et la mer. Toujours pour la même période, huit personnes ont été rapportées disparues en mer et leurs corps n’ont jamais été retrouvés. Par ailleurs, 136 personnes ont été secourues en mer par les gardes-côtes du ‘National Coast Guard’ (NCG).

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