“Nous pourrions aller très loin dans les sanctions s’il le faut”, dit Ashok Radhakissoon, président de l’IBA.
Le Premier ministre, Paul Bérenger, a été clair dans sa déclaration lors de sa conférence de presse hier : “Les dérapages en direct sur les radios privées sont dangereux et inacceptables.” Le président de l’IBA a tenu les mêmes propos envers les responsables des radios privées hier matin. Au point, a dit le PM, où au Conseil des ministres, la question a été évoquée : “Nous nous sommes demandé si nous n’étions pas arrivés à un moment où il fallait “ban” (bannir) les émissions en direct sur les radios privées. La chose est dans le domaine du possible si les radios n’arrêtent pas avec leurs dérapages”. La veille vendredi, au cours du conseil des ministres, le PM avait pris la décision de rencontrer bientôt les responsables des radios en compagnie des membres de l’IBA et du vice-Premier ministre.
Trois heures plus tôt, c’était au conseil d’administration de l’IBA de rencontrer les responsables des radios privées et un responsable de la MBC. Une rencontre qui a pris l’allure d’une mise en garde, à en croire la déclaration que nous a faite le président de l’IBA Ashok Radhakissoon : “Nous avons tenu à rencontrer les responsables des radios car nous sommes consternés par certaines émissions en direct. Nous leur avons fait plusieurs propositions, surtout par rapport à certains dérapages sur les radios privées. Nous avons évoqué les couvertures de certains sujets sensibles car nous ne voulons pas arriver à une situation sociale intenable sur fond de haine raciale.” Les menaces cette fois sont précises. “À l’IBA, nous sommes disposés à agir. Nous pourrions aller très loin avec des sanctions s’il le fallait. Nous proposons dans un premier temps d’arrêter momentanément des émissions en direct jusqu’à ce qu’on arrive à trouver une solution. Nous avons fait aussi d’autres propositions comme l’achat d’un équipement, le ‘broadcast delay’, qui permet d’avoir un recul entre 8 et 20 secondes s’agissant des émissions en direct. Les responsables des radios ont eu une approche responsable”, affirme Ashok Radhakissoon qui revoit les responsables des radios privées demain, au siège de l’ICTA cette fois, pour écouter leurs propositions.
Réactions :
Finlay Salesse (Radio One) : “Il est inacceptable que l’IBA interdise les émissions en direct qui sont la respiration même d’une radio privée. À moins d’empêcher celle-ci d’avoir une vocation de service public. Certaines radios ont certainement des dispositions à prendre pour éviter tout dérapage. À Radio One, nos auditeurs ont le sens de la responsabilité. Il appartient aux journalistes-animateurs d’imposer les paramètres pour éviter des dérapages à l’antenne. Nous avons toujours dit à Radio One que la liberté de parole ne suppose pas la liberté de dire n’importe quoi et nos auditeurs responsables l’ont compris depuis très longtemps. Au-delà d’une solidarité ou d’un esprit corporatiste, il est utile de préciser que Radio One est hostile à toute censure mais que ceux qui sont coupables de dérapages doivent être sanctionnés.”
Harold Essoo (MBC) : “Les discussions de concernent moins la MBC que les radios privées s’agissant des dérapages.”
Eshan Khodarbux : “Nous avons écouté l’IBA. Maintenant, nous allons consulter nos hommes de loi. À la réunion du lundi à l’IBA, nous comptons faire des contre-propositions. Il ne faut pas que la liberté d’expression soit victime de cette situation de division et de subdivision de notre société créée par les hommes politiques eux-mêmes à travers le communalisme scientifique. Le débat démocratique doit continuer. Il ne faut pas détourner l’attention sur des sujets d’importance comme la répartition de la richesse économique, par exemple”.
Nous notons que depuis quelque temps déjà, M. Bérenger conditionne l’opinion contre les radios privées, les éditorialistes et des caricaturistes. Lorsqu’on sait qu’il y a une loi restrictive en préparation, permettons-nous d’être méfiants à l’égard de la démarche du PM.
Kris Caunhye (Top FM): “Il est tout à fait normal que chaque radio assume ses responsabilités selon le cahier des charges de l’IBA Act. C’est vrai qu’il est très difficile de savoir ce qui peut sortir d’une conversation lors d’une émission en direct. Il incombe au responsable d’une radio de prendre des mesures nécessaires, surtout en ce qu’il s’agit des sujets qui peuvent toucher à la religion. Notre société est quand même fragile. Des sujets qui touchent à la stabilité de notre nation ne devraient pas faire l’objet d’émissions en direct. Au niveau de Top FM, nous avons pris les dispositions necessaires à travers un sytème qui permet de passer les appels en léger différé. Je comprends la réaction du Premier ministre qui réagit fermement lorsqu’il y a des atteintes quand on traite des sujets sensibles.”