Il paraît que ce sont deux hommes crédibles. L’un, Suttyhudeo Tengur, s’est montré tenace en challenger de l’Église, au nom des enfants mauriciens (son leitmotiv), allant jusqu’au Privy Council pour faire triompher ce qu’il appelle la justice.
L’autre, Clifford Maniacara, président de la FAPEC (primaire), se positionne en porte-parole des parents des enfants catholiques, donne de la voix, à la manière des politiciens, choisissant sciemment les régions à forte concentration créole pour crier à l’injustice à l’égard des non-hindous. Deux hommes, deux Mauriciens, qui - on aurait tort d’en douter - croient profondément en leurs convictions, en leurs combats respectifs, justes ou pas, ça c’est un autre débat.
Deux hommes pour qui on pouvait prétendre avoir un certain respect jusqu’à mercredi dernier. Car il aura fallu une seule minute pour que les Mauriciens comprennent à qui ils avaient affaire. Dès le début de l’émission, c’est un Suttyhudeo Tengur provocant qu’on a entendu sur les ondes de Radio Plus à travers ‘Le grand journal’ de l’après-midi. En traitant Clifford Maniacara de ‘batchiara’, (dans sa langue maternelle, dirait l’autre), M. Tengur n’ignorait pas que ce terme avait une connotation insultante. D’ailleurs, pourquoi l’aurait-il utilisé ? Fallait-il connaître la signification exacte - comme il l’a demandé à la fin de l’émission au journaliste Nawaz Noorbux - pour savoir ce qu’à Maurice on comprend par le terme ‘batchiara’? Comme pour bien faire comprendre qu’il avait parfaitement raison, S. Tengur (dans une déclaration à 5-Plus en page 11) maintient ce qu’il avait dit expliquant, cette fois, que c’est un mot qu’on entend souvent à l’Assemblée nationale.
De son côté, Clifford Maniacara s’est montré, pour dire le moins, à la même hauteur que M. Tengur. Le président de la FAPEC, prenant la parole, n’a trouvé rien de moins comme argument que les images des divinités tamoules des manuels scolaires traumatisent les enfants, ajoutant plus loin que certains croient dans la résurrection et d’autres dans la réincarnation. Ainsi donc, ce serait pour cette raison - les enfants de foi catholique seraient traumatisés en voyant des images de divinités tamoules - que leurs parents devraient leur refuser une langue orientale. On croit rêver tellement que les propos tenus - censés être le reflet de deux écoles de pensées - sont révoltants et surréalistes. Le père Souchon et son langage radical, d’un côté, les dérapages de Clifford Maniacara, de l’autre. Il est temps que l’Église catholique (après le rappel à l’ordre du BEC), réfléchisse sur les déclarations de ses brebis égarées.
Car à Maurice, fonctionnant comme à son habitude, faut-il maintenant s’étonner de la conférence de presse de la ‘Mauritius Tamil Temples Federation’ (page 14) qui a condamné les propos de Clifford Maniacara. C’est pendant cette même conférence de presse que Rajen Narsinghen a donné une idée du sentiment qui prévaut dans le pays. “ Il y a deux éléphants, les créoles et les hindous, qui sont en guerre et il ne faut pas que les tamouls soient écrasés.” Sans commentaire..
mseblin@5plusltd.com