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Les entreprises à risques dans les zones résidentielles seront délocalisées

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L’incendie du Chantier de Plaisance a complètement détruit l’entrepôt de bois. À 19h15, à l’arrivée des pompiers, le dépôt était déjà devenu un brasier. Ce véhicule a été sauvé de justesse des flammes

Environ quatre maisons ont été sérieusement endommagées suite à l’incendie qui a dévasté le Chantier de Plaisance, un dépôt de bois sis à l’angle des rues Mosqué et Hugnin, Rose-Hill. Pour éviter qu’une telle catastrophe ne se reproduise à l’avenir, le ministre de l’Administration locale et de Rodrigues, Prithviraj Putten, commanditera un recensement des compagnies et usines à risques opérant dans des zones résidentielles et un rapport.

À la lumière de ce rapport, la loi sera amendée et ces compagnies seront délocalisées. C’est ce que nous a déclaré le ministre Prithviraj Putten que nous avons rencontré sur les lieux de l’incendie du chantier de Plaisance lundi dernier : “Une équipe d’experts français sera à Maurice dans deux semaines pour mener cette étude. Après le recensement et les recommandations du rapport, nous amenderons les lois pour les moderniser afin de pouvoir délocaliser les entreprises à risques qui sont situées dans les zones habitées”. Comment le ministre s’y prendra-t-il et quelles sont ces entreprises à risques? À cette question, Prithviraj Putten dit qu’il attendra d’abord les résultats du rapport avant de se prononcer.

Patrice Duval, maire de Beau-Bassin/Rose-Hill, avance que le permis d’opération de cette compagnie, connue auparavant comme le chantier ‘Rié’, n’aurait jamais dû être renouvelé à cause du danger que l’entreprise représente. De plus, dit le maire, il  mettra sur pied un comité pour dénombrer les entreprises dans les zones habitées qui traîtent des produits inflammables : “Le comité fera une étude de toutes ces entreprises  (les dicothèques comprises, ndlr). Ensuite, nous verrons si leurs permis d’opération sont en règle, si les normes de sécurité sont observées. Dans le cas contraire, elles cesseront leurs activités”.

À 73 ans, Amanula Hossenbaccus doit recommencer sa vie à zéro. La mine décontenancée, il achève de transporter la vaisselle et les autres objets abandonnés lors de l’incendie qui a ravagé le Chantier de Plaisance situé à côté de sa maison. Bilan : quatre maisons, dont l’une en tôle et en bois, endommagées. Maîtrisant à peine ses émotions, le vieil homme à la barbe grisonnante explique que le feu a éclaté aux environs de 19h15. “Je venais de terminer la prière du soir. Shehzana, ma petite-fille âgée de 11 ans, qui habite à l’étage de ma maison, a vu par la fenêtre une épaisse fumée se dégager de l’entrepôt de bois. Elle nous en a avertis et nous avons couru pour informer le gardien du chantier. Heureusement que nous sommes allés le voir : il dormait et  aurait pu mourir carbonisé dans son sommeil”, raconte Amanula Hossenbaccus, les larmes aux yeux. Le bâtiment en dur de trois étages qui abrite sa maison a été fragilisé par la chaleur dégagée par les flammes. “Il y a des fissures partout. D’un moment à l’autre, la maison peut s’écrouler”, lance-t-il avec une note d’amertume dans la voix. Michael Savreemootoo, dont la maison se trouve à droite du chantier, ne peut que faire un constat dramatique : “Les murs  de ma maison se sont fissurés avec cette forte chaleur. Ce que je déplore le plus, c’est que le ministre Samouillah Lauthan est venu rendre une visite de sympathie  aux victimes de l’incendie (voir hors-texte plus loin) mais il n’est pas venu chez moi”, souligne-t-il.


Opération : sauver les maisons
Mandés sur les lieux, les pompiers de Coromandel et la police sont arrivés quelques instants après le déclenchement de l’alerte. Devant l’ampleur des flammes, les pompiers de Quatre-Bornes, Port-Louis, Curepipe, Saint Aubin, Mahebourg ont été appelés en renfort sur le terrain. Tout en tentant de circonscrire l’incendie à l’intérieur du chantier, les soldats du feu avaient pour autre consigne d’évacuer les occupants des maisons avoisinantes et d’arroser celles jouxtant l’entrepôt de bois qui existe depuis un demi-siècle. “En moins de quinze minutes, nous avons évacué les membres de notre famille qui occupaient quatre maisons. Ensuite, nous avons pris des tuyaux d’arrosage pour asperger nos maisons d’eau”, dit Amanula Hossenbaccus.
Avec une pointe d’humour dans ses propos, Saida Fareedhun, la soixantaine, soeur et voisine d’Amanula Hossenbaccus, qui vit dans une maison en partie en tôle, en bois et en dur, explique qu’elle verra désormais le lever du soleil de sa chambre après plus de cinquante ans : “En 1950, mon père donna son accord au propriétaire d’alors pour construire une petite scierie mais, au fil du temps, la scierie a changé de propriétaire et elle a évolué pour devenir un entrepôt de bois ”. Outre l’eau qui s’est introduite dans la maison, les Fareedhun déplorent les dommages que l’incendie a causés aux poutres de leur demeure. Cela fait quelque temps déjà que cette famille a fait part de son inquiétude aux propriétaires de l’entrepôt, les Wong Chin, face au danger qu’il représente. Elle a même demandé sa délocalisation. L’organisation des Verts-Fraternels a même organisé une marche de protestation en ce sens dans les années 90 (voir hors texte plus loin). “Mais à chaque fois, les propriétaires nous répondaient que le chantier allait bouger dans un mois pour être relocalisé à Grande Rivière. Depuis deux ans, nous n’entendions que cette réponse à nos multiples requêtes”, déplore-t-elle. Et son époux, Ahmad, d’ajouter : “Nous tenons à remercier tous les voisins et autres volontaires qui nous ont aidés à sauver nos effets personnels; nous remercions particulièrement  un motard de la police dont nous ignorons à ce jour le nom. Nous tenons à le retrouver pour le remercier de vive voix”.
D’une source policière, nous avons appris que le montant des dommages causés par les dégâts est estimé à environ Rs 3 millions. Le Chantier de Plaisance était assuré à Good Harvest Insurance pour une somme de Rs 2,5 millions. À jeudi dernier, la cause du sinistre était encore inconnue mais les propriétaires ont laissé entendre aux pompiers qu’ils soupçonnaient un court-circuit. “Cependant, l’ampleur des flammes et la vitesse avec laquelle l’incendie s’est propagé nous laisse perplèxes même si c’est du bois qui a brûlé. Le chantier était déjà un brasier quand nous sommes arrivés”, confie un pompier.  Les quatre familles dont les maisons ont été endommagées n’ont pas encore étudié l’éventualité d’entamer des poursuites judiciaires contre les propriétaires. Contactés pour une déclaration, ces derniers ne nous ont pas retourné nos multiples appels.






La manifestation des Verts/OF
En 1993, à l’époque où Sylvio Michel, membre de l’Organisation des Verts Fraternels (Verts/OF), était conseiller à la municipalité des villes soeurs, il fut contacté par les habitants résidant aux alentours du Chantier de Plaisance pour intervenir en leur faveur; ils réclamaient la fermeture de l’entreprise. “Les propriétaires avaient importé une machine  pour fabriquer des Topboards qui faisait un bruit insupportable et beaucoup de poussière émanait de la machine et incommodait les voisins”, explique Elie Michel, membre de ce parti. Et Sylvio Michel de poursuivre : “Le chantier opérait sans permis à cette époque”. Pour faire entendre leur voix, les Verts/OF prirent la décision d’organiser une manifestation avec douze personnes : “À deux reprises, nous avons demandé une autorisation au Commissaire de police pour organiser une manifestation d’envergure, mais il a refusé. Nous avons persisté et nous avons été arrêtés”. Les manifestants ont été incarcérés à la prison d’Alcatraz. “Nous sommes alors devenus des victimes de notre lutte. Jugeant illégale notre incarcération, nous avons entré une affaire en Cour et avons gagné notre procès. Puis, nous avons poursuivi le Commissaire de police pour nous avoir emprisonnés à Alcatraz mais nous avons perdu notre procès qui a duré cinq ans”, déclare le ministre Sylvio Michel. Depuis, selon Elie Michel, le Chantier de Plaisance a cessé d’utiliser cette machine.






Le ministre Lauthan promet une aide financière aux victimes
Dès le lendemain du sinistre  le ministre Samouillah Lauthan a envoyé ses officiers pour rédiger un rapport préliminaire sur la situation des familles victimes de cet incendie. Une décision a été prise pour aider financièrement ces familles. “Nous ferons également une proposition au fond de solidarité pour une aide additionnelle”, a-t-il déclaré lors d’une visite aux  familles Hossenbaccus et Fareedhun.  La municipalité de BB/RH offrira Rs 4000 à chacune de ces familles.


Une ‘Fire Investigator Unit’ réclamée au sein des services luttant contre les incendies
L’incendie du Chantier de Plaisance est le deuxième le plus conséquent répertorié en trois semaines après celui de la rue La Corderie qui a détruit plusieurs magasins. Contrairement au cas précédant où ils avaient fait l’objet de critiques, les pompiers se sont rattrapés, ayant très bien coordonné les opérations lors de l’incendie de l’entrepôt. “Le but principal  de cette opération à Plaisance était de sécuriser les bâtiments résidentiels avoisinant l’entrepôt. Nous avons pu mener à bien notre mission cette fois-ci parce qu’il y avait une bonne coordination et nous avons eu de l’eau en abondance”, nous dit un pompier qui a tenu à garder l’anonymat. En sus de manque de  formation adéquate, les pompiers dénoncent l’absence d’une unité d’investigation au sein de leur département : “Dans tous les pays du monde, ce département est pourvu d’une unité qui enquête sur les incendies. Nous avons à maintes reprises fait des recommandations en ce sens mais rien jusqu’à l’heure ”. Outre cela, les pompiers réclament le statut de sapeur-pompier : “Nous sommes appelés à secourir les vies humaines mais nous ne sommes pas couverts par la loi”.


Les propriétaires de l’entrepôt ne retournent pas nos appels
Dans un souci d’avoir une déclaration des Wong Chin, les propriétaires du Chantier de Plaisance, face au sinistre qui a touché leur entreprise, nous avons tenté d’avoir une déclaration de leur part mais sans succès. Le soir de l’incendie, les propriétaires étaient injoignables sur le terrain. Le lendemain, soit mardi dernier, vers 11h00 et 15h30 nous avons téléphoné au Chantier de Plaisance sis à la montée S à Grande Rivière mais nos appels sont restés sans réponse. Étant donné que mercredi dernier était jour férié, nous avons de nouveau contacté les Wong Chin à 11h15 jeudi dernier à l’entrepôt de Grande Rivière mais la réceptionniste nous a déclaré qu’ils étaient sortis. Nous avons laissé nos coordonnées mais ils ne nous ont pas retourné nos appels. À 15h30, nous avons essayé à nouveau mais la réceptionniste nous a fait comprendre qu’ils n’étaient pas encore de retour.

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