Un macadam de plus dans les relations entre les deux partenaires de l’alliance gouvernementale avec des sujets empoisonnants que sont la proportionnelle et l’éducation?
Déjà, le MSM avait fait du foin quand Paul Bérenger avait balancé - lors d’une réunion à laquelle assistaient des notables musulmans en pleine campagne pour la partielle au No 7 - qu’il existait une possibilité que la loi divine qu’est la Muslim Personal Law (MPL) fût réintroduite. Le MSM est constant dans son approche : comment réintroduire une loi que ce parti a lui-même abrogée il y a dix-sept ans ?
Le deuxième contentieux demeure le rapport Collendavelloo. Le secrétaire général du MMM a été mandaté par l’Assemblée nationale, donc par le MSM forcément, pour pondre un rapport sur l’introduction d’une dose de proportionnelle dans notre système électoral selon les recommandations d’Albie Sachs. Toutefois, loin de faire l’unanimité, ce rapport vient refroidir les relations déjà frileuses entre les deux partenaires du régime. Dans l’interview en pages 8 et 9, Ivan Collendavelloo cloue au pilori les membres récalcitrants du MSM qui voient dans son rapport une façon déguisée du MMM de se préparer à aller seul aux prochaines élections. Le SG du MMM argue que les réfractaires à son rapport ne peuvent utiliser le prétexte commode de l’ignorance, puisque le MSM avait unanimement donné sa bénédiction à l’Assemblée nationale pour que le Select Committee Collendavelloo rédigeât une ébauche d’un projet de loi pour donner force de loi aux recommandations Sachs. Ivan Collendavelloo n’en a cure, dit-il, des “états d’âme” de certains au sein du MSM et rappelle à ceux-là un principe de base de notre démocratie, à savoir la solidarité ministérielle. En outre, il se déclare contre tout “free vote” sur la proportionnelle qui doit être, selon lui, le bébé du MMM autant que celui du MSM. Joli coup !
On saura, vendredi prochain au Cabinet, si Paul Bérenger a la trempe d’un Premier ministre pour imposer le rapport Collendavelloo ou s’il optera pour un énième compromis - fait auquel il nous a habitués - en cherchant à apaiser les ardeurs de quelques fortes têtes du MSM en proposant, par exemple, un autre Select Committee pour se pencher sur les recommandations du Select Committee Collendavelloo. D’autant que le MSM ne fait pas un secret de sa position par rapport à l’adoption à l’Assemblée nationale de la formule que préconise le rapport Collendavelloo.
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Au moment même où le Premier ministre lançait un appel à l’apaisement verbal, vendredi dernier, le père Henri Souchon, aux côtés des dirigeants de la FAPEC à Cité Vallijee, tenait un langage on ne peut plus hostile à l’égard de nos gouvernants, tout en demandant, sous un tonnerre d’applaudissements, que les écoles catholiques contrôlent désormais “100% de ses admissions et non seulement les 50%” (voir plus loin). Pour démontrer que les langues orientales n’ont presque aucun ancrage dans notre société, l’abbé Souchon s’est évertué à citer des statistiques selon lesquelles seuls 25 000 Mauriciens, sur une population de plus d’un million d’âmes, parlent ces langues à la maison. Et selon sa petite enquête, dit-il, l’État débourse Rs 200 millions annuellement pour les 2 000 enseignants de ces langues “alors que les créoles doivent se cotiser pour s’acheter les livres de catéchisme”. De quoi exacerber les passions de l’assistance essentiellement créole, venue là avec des idées préconçues.
La comptabilisation des points des langues orientales aux examens du CPE est un sujet sur lequel surfent allègrement Clifford Maniacara et son équipe de la FAPEC. Le meneur de ce front fait actuellement la tournée des régions à forte concentration créole pour exiger que l’État offre une alternative : c’est-à-dire une sixième matière à ceux qui ne prennent pas les langues orientales ou la non prise en compte des points des langues orientales. M. Maniacara vocifère, interpelle, menace. Il mélange avec volupté les thèmes chauds du moment pour faire mousser sa campagne avant de saisir la Cour pour réclamer justice. Le silence de Steven Obeegadoo sur le sujet n’arrange pas les choses pour le gouvernement, si ce n’est que d’apporter de l’eau au moulin des résistants aux langues orientales. Au plus grand bonheur de Maniacara et de sa clique.
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