Le petit Daniel Agathe, 8 ans, a des origines chinoises. Il est le premier de sa classe en hindi
Ce sont des enfants âgés de 8 ans. Ils sont camarades de classe, habitent le même village et fréquentent la même école. Ils s’appellent Daniel, Ovani et Daisy. Ils sont tous trois élèves de la Doogachurn Hurry Government School à Goodlands; ils sont catholiques et ont tous le même désir, celui d’apprendre une langue orientale: l’hindi.
“Non, non, nous ne sommes pas au courant des contestations qu’il y a autour des langues orientales en ce moment”, nous répond unanimement la classe de 3ème ‘Green’ de l’école Doogachurn Hurry à Goodlands. La classe est constituée d’une trentaine d’élèves, toutes communautés confondues, qui ont tous quelque chose en commun: leur innocence. Toute cette polémique au sujet de la comptabilisation des points des langues orientales aux examens du Certificate of Primary Education (CPE) les laisse indifférents. Pour eux, l’hindi est “une langue comme les autres, une matière à étudier et qui peut figurer aux examens”. Le petit Daniel Agathe, un enfant de Verger Road à Goodlands, ne nous dira pas le contraire. Né d’une mère d’origine chinoise et d’un père “créole”, il est un bel exemple de l’île Maurice pluriculturelle.
“J’aime cette langue”, dit Daniel
Ce garçonnet pas plus haut que trois pommes a choisi, en accord avec ses parents, et ce depuis trois ans , d’étudier la langue hindi. “Je fais l’hindi, parce que j’aime cette langue. Tout doucement, j’apprends à me familiariser avec, les mots et les phrases qui vont me permettre de parler, de comprendre et de communiquer en hindi”, nous dit Daniel, sûr et fier de lui. Fier de lui, il a toutes les raisons de l’être. Le maître d’école, Kumar Panchoo, ne manque pas de nous faire savoir que le jeune Daniel, est le premier de sa classe en hindi. Quand nous l’interrogeons sur sa réussite, timide, Daniel ne nous répond pas. “Je veux simplement apprendre à lire et à écrire cette langue. Après le créole, le français et l’anglais, la langue hindi est la quatrième langue que je pourrai bientôt, j’espère, maîtriser parfaitement”, dit-il avec un large sourire. Daniel, tout comme ses autres petits amis ‘non-hindous’ de la classe, suit aussi les cours de catéchèse. “Les cours de catéchèse et d’hindi n’ont pas lieu simultanément. Les élèves qui font la catéchèse peuvent aussi faire l’hindi car l’emploi du temps leur permet de suivre ces classes à des moments différents”, nous dit Kumar Panchoo.
Selon les parents de Daniel, ce dernier s’applique à bien maîtriser la langue. “Il utilise souvent des mots ‘indiens’ et de bribes de phrases pour nous parler à la maison. Si jamais on ne le comprend pas, il n’hésite pas à rire”, nous dit sa grand-mère Madeleine. Mary-Joyce, sa mère, est, elle aussi, admirative devant le sérieux dont fait preuve son fils à apprendre cette langue. “Quand je lui dis d’aller réviser, c’est son livre d’hindi qu’il prend en premier”, nous dit Mary-Joyce. “Lorsqu’on a décidé, son père et moi, de le faire étudier une langue orientale, il n’y avait pas tous ces on-dit autour des langues orientales, qui font accroire que certains élèves vont être favorisés aux dépens d’autres. Si nous avons souhaité que Daniel fasse une langue orientale, c’est pour lui permettre de se familiariser avec une langue étrangère”, nous dit-elle.
Ils découvrent cette langue
Nombreux sont les autres amis de Daniel qui, comme lui, découvrent cette langue qu’ils veulent au plus vite maîtriser. “Ce sera bien pour nous de savoir parler et comprendre l’hindi”, nous dit Ovani Opéra, également âgée de 8 ans. “J’aime la langue hindi car c’est une jolie langue. Depuis que je me suis mise à l’hindi, je peux regarder les films indiens et comprendre ce qui se dit dans ces films”, nous dit Ovani. N’ayant pas la langue dans sa poche, Ovani ajoute: “J’aime bien l’actrice indienne Kareena Kapoor et les films dans lesquels elle joue”. Sa voisine de classe, Daisy Cango, moins bavarde, nous dira pour sa part : “Les cours d’hindi sont pour moi l’occasion d’apprendre une langue que je pourrai, par la suite, comprendre, parler et écrire”. Pour les élèves de foi hindoue, le fait que leurs amis d’une autre communauté apprennent l’hindi est quelque chose de normal. “Comme ça, on apprend tous la même chose”, nous dit Niveeksha Puranj.
Les professeurs de langues orientales de l’école du gouvernement Doorgachurn Hurry ont aussi voulu partager avec nous leurs sentiments à l’heure où il y a beaucoup de contestations autour de ces langues. “C’est triste et décourageant de voir ce qui se passe au sujet des langues orientales. C’est triste de voir les adultes discuter d’un sujet qui concerne nos enfants”, nous disent Vadnee et Naighee, deux enseignantes de langues orientales.