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L'inflation de l'an 2004

Comprendre le phénomène d’inflation, c’est comme vouloir faire apprendre le swahili à un Japonais. Le phénomène a le don d’ubiquité. Il vit en nous tous, peuples du monde, tel un virus qui, des fois, nous laisse en paix mais qui, des fois, explose et nous ronge le pouvoir d’achat, parfois jusqu’aux os. Quand les prix flambent et que les salaires ne suivent pas, imaginez ce que cela nous fait quand nous allons chaque matin chez le boulanger et l’épicier.

Mais l’inflation, le virus, n’a jamais été une fatalité. Produit de l’homme qui comprend mal ses responsabilités et ses obligations face à l’utilisation des ressources économiques rares, l’inflation déploie ses tentacules quand on croit que l’on peut tout revendiquer, tout accaparer sans l’effort au travail. Même l’Allemagne de la période 1920 - 1930 croyait qu’elle pouvait faire la guerre sans demander à la population de travailler. L’Allemand payait chaque matin son pain quotidien au prix de quelques millions de deutchmarks qu’il imprimait lui-même pour payer ses achats.


 On est très loin de la situation de l’hyper-inflation dont souffrait l’Allemagne même si plus près de nous, les pays de l’Amérique latine, à l’instar de la Bolivie, accusaient, il y a encore vingt ans, des taux d’inflation de 1000%, voire 24 000%. Depuis, les Sud-Américains ont bien mieux compris les enjeux économiques; ils ont réalisé qu’il fallait bien commencer par travailler plutôt que de faire la révolution. Aujourd’hui, les juntes militaires ont été remplacées par des gouvernements démocratiques dont la politique économique est fondée sur la production et l’exportation de biens de consommation que veulent bien acheter les Américains à des prix concurrentiels ! La lutte contre l’inflation avait déjà commencé à partir du moment où les Sud-Américains exportaient leurs premiers produits industriels vers le monde démocratique. Aujourd’hui, la plupart des pays de l’Amérique latine sont en passe d’acquérir le statut de pays nouvellement industrialisés, avec, pour toile de fond, une inflation ramenée à des justes proportions. Au Chili, en 2003, le taux d’inflation n’était que de 2,3%; en Argentine, il était de 3,7%. Comparez ces taux à celui de Maurice, même si les autorités prévoient une baisse à 3,9% en 2004 ! Le miracle économique des Sud-Américains est bien celui de l’inflation vaincue par la culture du travail retrouvée.


À Maurice, la hausse du prix de la farine, du pain et du ciment va sans doute mettre en péril l’objectif des autorités de maintenir l’inflation de 2004 au-dessous de 4%. Au cours des prochaines semaines, on peut déjà prévoir les hausses successives des produits à base de farine ainsi que l’inflation des coûts de construction, sans compter l’éternelle dispute que cela va encore une nouvelle fois susciter un peu plus tard à la table des négociations tripartites. Quand donc mettra-t-on un frein à cette culture de division de notre société et à la démagogie politique et syndicale ? Quand arrivera-t-on enfin à comprendre que le pouvoir d’achat du peuple ne s’améliorera jamais à la table des tripartites mais bien à partir de l’éducation accélérée et la formation tous azimuts des gens moins aisés de notre société ? Les tripartites ne font que perpétuer le cercle vicieux des revendications salariales et de la hausse des prix.


Pourtant, l’inflation dans le monde n’a jamais été aussi basse. Les États-Unis, le fer de lance du rythme de la croissance économique mondiale, ont un taux d’inflation oscillant entre 1 et 1,7% alors que celui de l’ensemble des pays de l’Ouest tourne autour des 2%. Au Japon, à Hong Kong et à Singapour, l’inflation a pratiquement disparu; le taux tourne autour de 0% depuis plusieurs années déjà au Japon. La recette de la réussite dans la lutte contre l’inflation ? Une discipline sans faille en ce qui concerne la hausse de la productivité au travail.


Ici, à Maurice, le concept de la productivité est tabou. Qui aurait le courage d’en parler à la table des tripartites lors des prochaines discussions prébudgétaires ? En haussant le ton et en proférant quelques menaces par-ci et par-là, on gagnerait peut-être 0,2 ou 0,3% de plus sur les salaires dits les plus bas. Dans un an ou deux, on peut parier que le prix du pain maison passera à Re 1.50 et celui de la farine à Rs 3.25 le demi-kilo. Cela s’appelle toujours courir derrière l’inflation que l’on ne rattrape jamais!

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