Le speech budgétaire. Voilà un exercice qu’appréhendent beaucoup de Mauriciens chaque année. Car ces derniers, tout en espérant qu’il soulagera leur fardeau, ne s’attendent pas vraiment à voir ce vœu qu’ils appellent de tout leur être devenir réalité. Cette année encore, le fatalisme reste de mise. Y’a qu’à voir les réactions dans notre rubrique «Mot à dire» pour se faire une idée. «Je m’attends au pire», lance Manan. «Les budgets ont toujours annoncé des augmentations et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer», renchérit Suresh. Ce ne sont que des exemples de l’état d’esprit dans lequel se trouvent les Mauriciens à l’approche de la présentation du budget 2013, le 9 novembre.
Car les gens ne croient pas que celui-ci améliorera leurs conditions de vie d’une quelconque façon, qu’il rehaussera leur pouvoir d’achat profondément miné par les vagues, voire les tsunamis d’augmentations semaine après semaine. Certains espèrent, certes. Après tout, se disent-ils, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Ces personnes à peu près optimistes – car il est difficile de l’être totalement – espèrent donc que le nouveau budget annoncera une baisse des prix des denrées alimentaires, celles de base surtout, ainsi que des mesures pour contrer le taux de chômage qui, à l’instar des prix, ne cesse de grimper.
Bien évidemment, la principale préoccupation des Mauriciens est de pouvoir gagner assez pour se payer de quoi manger, se vêtir, se loger, se détendre… bref, vivre un tant soit peu convenablement. Donc, pour cela, il faut qu’ils aient un travail avec un salaire décent. Mais il est un fait qu’à Maurice, beaucoup ne touchent pas un salaire décent ou, du moins, qui suffirait à couvrir tous leurs besoins basiques, alors que d’autres n’ont pas de salaire du tout car pas de travail. Quand à la compensation salariale annuelle, il fait plus rire jaune que se réjouir car étant bien en deçà de la perte du pouvoir d’achat.
Mais bon, comme tous les ans, parmi les priorités du budget, il y aura sans doute la protection sociale, le combat contre le chômage à travers la création d’emplois et le combat contre la pauvreté. Chaque gouvernement semble avoir à cœur le bien-être de ses citoyens et celui en place aujourd’hui ne fait pas exception. Mais les Mauriciens, surtout ceux au bas de l’échelle, ont besoin de voir du concret, du solide, du rapide ; des mesures qui les touchent dans leur quotidien, qui rendent leur vie un peu moins morose.
Qu’est-ce que le peuple peut donc attendre du speech de Xavier-Luc Duval ? Pas grand-chose serait-on tenté de répondre, d’autant qu’avec la conjoncture économique difficile, il a déjà prévenu : «La préparation du budget 2013 est compliquée, en raison de la situation qui prévaut sur la scène internationale et sur le plan local (…) Nous espérons que la population sera compréhensive.» Mais il ne faut pas oublier que nous sommes à la veille d’événements politiques importants : les villageoises mais, surtout, les municipales.
Peut-être le gouvernement sera-t-il tenté de faire quelques fleurs aux Mauriciens pour grappiller plus facilement des votes ici et là ? Sait-on jamais… Car les élections dans les villes sont loin d’être gagnées pour l’un ou l’autre camp et il faudra trouver des stratégies de part et d’autre pour remporter la victoire. Reste à attendre pour voir dans cette suite de chiffres et de mesures économiques pas toujours compréhensibles pour le quidam, quelles mesures toucheront le peuple, surtout les «ti dimounes», au cœur de sa vie.